La Jamaa cherche un rôle et une place
La tendance chez la Jamaa Islamya est à l’alliance avec le Moustaqbal et la coalition du 14 mars aux législatives de 2013. Objectif: décrocher plus d’un siège parlementaire. Bien que la Jamaa n’a pas encore pris de position claire sur les projets de loi électorale proposés, elle pourrait s’aligner sur le 14 mars, sachant qu’en principe elle est favorable à la proportionnelle. Par ailleurs, à l’approche des élections internes qui vont aboutir à l’accession au secrétariat général d’un successeur à Ibrahim Masri, la compétition bat son plein au sein du mouvement considéré comme la branche libanaise des Frères musulmans. Une ambiance qui pourrait encourager certains candidats à opter pour la radicalisation afin de gagner un plus fort appui populaire. Le courant extrémiste de la Jamaa se renforce au détriment des voix modérées qui préfèrent ne pas se ranger derrière un camp.
Communiqué ambigu
Des observateurs qui ont scruté le dernier communiqué du secrétariat général du 14 mars y ont décelé un rectificatif d’ordre politique. Le texte a rendu hommage au président Michel Sleiman et à ses «prises de position souverainistes», affirmant que le 14 mars répondra à l’invitation au dialogue bilatéral avec le chef de l’Etat mais ne s’attablera pas à la conférence avec «un gouvernement qui protège les assassins».
Ces louanges au chef de l’Etat ont été exprimées à la suite de l’appel au boycott du dialogue lancé par la coalition de l’opposition, un appel ambigu, perçu comme dirigé à la fois contre le président de la République et le chef du gouvernement. Le président Sleiman n’était pas satisfait de la teneur du communiqué paru le 30 octobre après la réunion du 14 mars. Il a remarqué le langage agressif utilisé et aussi les conditions inapplicables qui y sont énumérées, confient les milieux de Baabda. Sleiman a aussi été surpris par le ton belliqueux du président Fouad Siniora.
Berry boycotte Baabda… en silence
Voilà quelque temps que le chef du Législatif, Nabih Berry, pour des raisons sécuritaires, ne se rend plus au palais de Baabda pour la rencontre hebdomadaire avec le chef de l’Etat. Le président Berry était aussi aux abonnés absents lors des consultations menées par le président de la République en vue de relancer la conférence du dialogue. D’après certains observateurs, le chef de l’Assemblée n’aurait pas digéré la mise à l’écart du ministre Adnane Mansour aux pourparlers express Hollande-Sleiman qui ont eu lieu à Baabda. Cependant, des sources diplomatiques révèlent que le président français a tenu à voir le président libanais seul afin de transmettre un message sans équivoque d’appui à la politique centriste et consensuelle prônée par le chef de l’Etat libanais. Berry, disent certains, boycotte Baabda sans le proclamer, surtout qu’il s’est abstenu de s’y rendre après la fête de l’armée.
Organisons nos divergences!
Le ministre Ghazi Aridi, abordant les relations entre le Parti progressiste et le Hezbollah aurait déclaré, faisant allusion à la situation en Syrie: «Nous ne sommes toujours pas d’accord, mais nous avons organisé nos divergences». Cependant, une source socialiste a précisé que les différends avec le parti chiite de Sayyed Nasrallah ne se limitent pas au seul dossier syrien, ils concernent aussi la loi électorale, tout comme la grille des salaires et des grades, et portent aussi sur des questions relatives à la situation sur le terrain, comme à Choueifat où les incidents se multiplient sur l’axe côtier du Chouf.
Dans les secrets d’Obama!
A un journaliste qui l’interrogeait sur ses prévisions concernant le dossier syrien après la réélection du président Obama, un pôle important du Moustaqbal a répondu: «Les Etats-Unis ne sont pas disposés à intervenir dans ce conflit, surtout que la bataille actuelle en Syrie s’est transformée en quelque sorte en une vraie guerre dont le règlement n’est pas aisé». Le leader prévoit par contre: 1- L’intensification de l’appui moral et matériel indirect à l’opposition. 2- L’intensification des contacts avec la Russie et les pays de la région en vue de parvenir à une transition pacifique mettant fin au régime, car la poursuite de la guerre en Syrie constitue une menace pour les intérêts des Etats-Unis.
Les plans du Hezbollah
Un Libanais, en visites fréquentes aux Etats-Unis, révèle que les Américains craignent que le Hezbollah ne mette la main sur le pays et le transforme en centre d’appui au régime syrien en cas de chute du gouvernement Mikati. Le Hezb pourrait aussi déstabiliser le front du Sud, ébranlant le statu quo imposé depuis six ans par la résolution 1701. Si le gouvernement disparaît, cela mettrait en danger la 1701 et engendrerait une situation aux conséquences d’une gravité certaine.
Des canons pour les Gazelle
Le Premier ministre Najib Mikati respectera ses engagements extérieurs. C’est ce que confirment des sources informées du Sérail pour démentir les rumeurs selon lesquelles, après l’assassinat du général Hassan, le numéro 3 de la République n’honorera pas les engagements pris à l’étranger. Le président Mikati se rend à Paris le 19 du mois à la tête d’une délégation formée de cinq ministres et d’un groupe d’hommes d’affaires libanais. L’Italie, l’Espagne, ainsi que d’autres pays européens sont par ailleurs inscrits sur l’agenda du Premier ministre. Au programme de ses visites: la signature d’accords bilatéraux, notamment à Paris où le dossier de l’armement sera prioritaire suite à la décision française d’équiper de canons les hélicoptères Gazelle de l’Armée libanaise. Un équipement qui était prohibé à la troupe auparavant.
Corruption: Mikati retrousse les manches
La Commission de lutte contre la corruption s’est réunie sous la présidence du président du Conseil, Najib Mikati, pour mettre au point une législation adéquate. Un des ministres présents a fait assumer aux partis politiques qui protègent les corrompus la responsabilité du pourrissement dans les institutions officielles. Nul ne peut, a ajouté le ministre, entreprendre de telles infractions s’il ne se sent pas couvert et par conséquent intouchable. Il s’est avéré que le problème ne réside pas dans des lacunes au niveau des textes de loi, mais plutôt dans le comportement des politiques et des partis. Les lois existent. Encore faut-il les appliquer!
Cabinet: les inconvénients du facteur temps
Une haute instance parlementaire ne serait pas contre la formation d’un gouvernement d’union nationale, comme elle le dit à ses proches. «Mais, ajoute-t-elle, la coalition de l’opposition n’est pas consciente de l’obstacle-temps qui presse. La mise sur pied d’une nouvelle équipe se heurte généralement à des difficultés réelles. Depuis l’assassinat du président Rafic Hariri en 2005, aucun gouvernement n’a pu être formé en moins de trois mois». Cette personnalité craint que certaines fractions de l’opposition ne cherchent à paralyser le pays sur le double plan politique et législatif, de façon à faire passer le temps jusqu’aux élections prévues en mai. «Ce délai qui ne dépasse pas les six mois est trop court, poursuit-elle, les divers courants ne disposent, en fait, que de trois mois, en cas d’accord entre majorité et opposition, pour produire un cabinet, avaliser une nouvelle loi électorale, rédiger une déclaration ministérielle… parce que le Parlement actuel suspendra ses activités trois mois avant les législatives afin que les députés puissent mener campagne dans leurs circonscriptions respectives. Mais, conclut la source, pas de législatives sur la base de la loi de 1960 et, si jamais celles-ci n’ont pas lieu, cela nous mènera à un vide politico-constitutionnel et à une révision totale du régime confessionnel».
Réconciliation à Talkalakh
La conjoncture politico-sécuritaire à la frontière nord est en perpétuel mouvement, selon un député proche de Damas, après que la réconciliation nationale syrienne eut atteint le Rif de Homs et plus précisément le village de Talkalakh frontalier. Le député, citant le président du comité de réconciliation nationale dans le mohafazat de Homs, le cheikh Ahmad Chaar, indique que «le flot de combattants et d’armes à travers la frontière libanaise a transformé les bourgades syriennes limitrophes, comme Talkalakh et Kousair, en sources principales de problèmes sécuritaires dans la ville de Homs». Le cheikh, confie la source parlementaire libanaise, assure que le Moustaqbal continue à assurer une aide financière et logistique aux insurgés via la frontière, mais il signale, par ailleurs, qu’un groupe de jeunes rebelles syriens se sont livrés au comité de réconciliation à Homs et sont passés aux aveux dénonçant leur fournisseur en armes. Après interrogatoire, ils auraient repris leur vie normale.
Alliance Mikati-Karamé à Tripoli
La réunion qui a regroupé le Premier ministre Najib Mikati et le ministre Fayçal Karamé a activé les efforts déployés pour composer la liste électorale de la majorité à Tripoli. Les deux pôles sunnites ont insisté pour que le ministre Mohammad Safadi pose sa candidature aux prochaines législatives, tous deux étant conscients que cette alliance tripartite est une affaire de vie ou de mort politiques. Surtout depuis que le Moustaqbal tente de faire assumer au président Mikati la responsabilité de l’assassinat du général Wissam el-Hassan. Des sources de la capitale du Nord précisent que la rencontre Karamé-Mikati a élaboré une «feuille de route tripolitaine» focalisée sur les questions de développement, de sécurité et d’action politique. Les deux alliés ont également décidé de régulariser les conseils d’administration de plusieurs institutions publiques présentes dans la ville comme le stade d’exposition, le port, la raffinerie… dans le but de relancer l’économie locale. D’ailleurs, la conjoncture sécuritaire dans la ville s’est nettement améliorée depuis que le commandant en chef de l’armée s’y est rendu. Ce qui a cependant interpelé les sources, c’est que la rencontre n’a pris aucune décision en ce qui concerne le sit-in organisé devant le domicile de Mikati et les demeures des autres ministres, par respect pour la liberté d’expression. Le communiqué commun a indiqué que les deux responsables ont abordé durant cette réunion «les affaires tripolitaines et le plan de développement de la ville…».
Erreur d’appréciation
La visite à Beyrouth du ministre égyptien des Affaires étrangères a surpris certaines instances politiques, en ce sens qu’elle n’a pas atténué l’ampleur des divisions internes, comme prévu. C’est ce qu’avance une source diplomatique arabe qui ajoute: l’itinéraire libanais de Mohammad Kamel Amro démontre que son gouvernement n’a pas adopté une politique extérieure indépendante, libérée des tiraillements régionaux et internationaux. Par ailleurs, les contacts effectués par de hauts responsables libanais avec Le Caire, avant l’arrivée du ministre Amro à Beyrouth, avaient donné l’impression que la partie égyptienne est prête à régler quelques dossiers politiques en suspens depuis le mandat du président déchu Hosni Moubarak. Mais le chef de la diplomatie égyptienne n’a pas concrétisé cette impression, essayant de se dissimuler derrière «des raisons d’ordre protocolaire et sécuritaire», bien que les Affaires étrangères du Caire connaissent bien la délicatesse des équilibres communautaires libanais. Pourtant, des rumeurs avaient fait état d’un entretien entre le commandement du Hezbollah et le ministre Amro. Mais la rencontre n’a pas eu lieu. Ce qui, conclut la source diplomatique, prouve que la diplomatie égyptienne est encore sous l’influence de certains pays du Golfe.
Conscient de cette erreur, l’ambassadeur d’Egypte à Beyrouth a rendu visite en début de semaine au responsable des relations arabes du Hezbollah, Hassan Ezzeddine.
Roumié sous contrôle
Le chantier de réhabilitation de la prison de Roumié a été entamé suite aux consignes données par le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel qui veut accélérer les réparations et faire en sorte que le contrôle de la situation à l’intérieur des murs de l’institution carcérale, soit dorénavant strict et sans faille.
Requête rejetée
Après l’attentat qui a coûté la vie au général Wissam el-Hassan, plusieurs députés du 14 mars ont réclamé que les effectifs des FSI chargés de leur protection soient doublés. Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a dû rejeter la demande en raison du manque d’éléments. Il a demandé l’enrôlement rapide de nouvelles recrues.
La loi de 1960 modifiée?
Le président Michel Sleiman aurait dit devant ses visiteurs, qu’en l’absence d’une entente sur un nouveau projet de loi électorale, les législatives se dérouleront conformément à la loi de 1960 à laquelle seront apportées quelques modifications. Tel est l’avis du président de la Commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, Robert Ghanem.