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Nº 2874 du vendredi 7 décembre 2012

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Santé

Les troubles psychiques. Des facteurs essentiels de la criminalité

Un colloque portant sur la psychiatrie et la criminalité a été organisé par la Société libanaise de psychiatrie à l’occasion de la Journée de la santé mentale. Les résultats des études menées par les experts en psychiatrie ont montré que la majorité des criminels souffraient de troubles mentaux ou psychiques.
 

Le lien entre les troubles psychiques et la criminalité est très étroit, puisque la majorité des détenus seraient atteints de troubles psychiques. Et les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir ces troubles, puisque 60% des femmes incarcérées ont des problèmes psychiatriques. Celles-ci ont souvent un historique d’abus sexuels, physiques et émotionnels durant l’enfance, fortement reliés à leurs problèmes psychiques à l’âge adulte, et en particulier la dépression, le stress post-traumatique, la panique et les troubles alimentaires. D’autres données indiquent que 33% des criminels ont entre 18 et 23 ans. La plupart des crimes sont commis par des personnes souffrant de troubles psychiatriques, par désir de vengeance, pour défendre son honneur ou pour des raisons matérielles. Pour ce qui est des délits sexuels, une étude menée en 2009 indique que 4% des détenus l’ont été pour des affaires de mœurs dont des agressions sexuelles, 20% de ces agressions sont conjugales. 50% des femmes sont tuées par leurs partenaires et 75% de ces crimes passionnels sont précédés de violences domestiques. Près de la moitié des cas de crimes passionnels sont commis par des criminels qui ont déjà consulté un professionnel de la santé mentale avant que l’homicide ait lieu. Ils sont, d’après les spécialistes, majoritaires à souffrir de troubles de la personnalité. Un tiers de ces personnes se suicideront après avoir tué leur partenaire. En définitive, 13 à 33% de ces criminels souffriraient de troubles mentaux. On estime par ailleurs que 60 à 70% des arrestations sont liées directement ou indirectement à la consommation de drogues. Et 65% des hommes en prison ont une personnalité pathologique dont 47% souffrent de personnalité antisociale. Plusieurs facteurs, dont des abus durant l’enfance, la négligence des parents, la surprotection, les lésions au cerveau ou encore des facteurs génétiques, peuvent affecter le cerveau. Tous les dommages qui affectent le cerveau mènent à des troubles de comportement dont des crimes. D’où la nécessité d’une prise en charge médicale pour aider les personnes souffrant de troubles psychiques et prévenir ainsi la criminalité.

NADA JUREIDINI

 


Trois questions au Dr Charles Baddoura, président du colloque
Quel est le message à véhiculer?
Le principal message est que certains textes de lois concernant la responsabilité pénale des personnes ayant des troubles mentaux au Liban, doivent être modifiés. En France, le criminel atteint d’un trouble mental est partiellement responsable alors qu’au Liban, il l’est ou il ne l’est pas. C’est noir ou blanc. De nos jours, les personnes ayant un trouble psychique sont pratiquement jugées quelques années après avoir subi leur traitement. Et même un schizophrène est aujourd’hui condamné. Certains détenus schizophrènes sont pris en charge en prison. L’idée est que les parents des victimes ne tolèrent plus l’impunité. J’ajouterai également que la capacité criminelle de la personne n’est pas liée à sa maladie mentale. Certains malades mentaux ne passent pas à l’acte et vice versa.

 

Quels sont les principaux sujets évoqués lors du colloque?
Le colloque était une occasion d’aborder, entre autres, la victimologie qui est l’étude du profil de la victime. Pendant longtemps on se concentrait sur l’acte et l’auteur des infractions. Puis les chercheurs ont commencé à se focaliser sur la victime par l’étude des conséquences du crime, mais également par la possibilité d’aide aux victimes. La victimologie est l’étude du profil de la victime, son statut psychosocial, sa relation avec l’agresseur ou sa simple qualité de cible.

 

Y a-t-il d’autres nouveautés?
Nous avons également abordé les délits sexuels qui sont aujourd’hui courants comme la pédophilie ou la cybercriminalité. Mais aussi les crimes passionnels, l’évolution de l’irresponsabilité pénale psychiatrique, les conduites addictives et leur lien avec la criminalité.

Propos recueillis par N.J.

 

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