Magazine Le Mensuel

Nº 2876 du vendredi 21 décembre 2012

Economie & Finances

Petites sociétés de change. Contentieux réglé avec les banques

En acceptant d’amender la circulaire du 17 mai 2012, la Banque du Liban a fait d’une pierre deux coups. Elle a non seulement prorogé le délai pour le relèvement du capital de toutes les sociétés de change (catégories A et B) de six mois, soit jusqu’au 30 juin 2013, mais elle a en même temps réglé le problème qu’avaient les petites sociétés de change avec le secteur bancaire local.
Rappelons que les banques commerciales ont fermé tous les comptes et suspendu par conséquent l’ensemble des transactions financières avec les petites sociétés de change (catégorie B), au lendemain de l’affaire de la Lebanese Canadian Bank et des pressions américaines qui ont suivi et ont été exercées sur les différents agents financiers au Liban. La fermeture de ces comptes a donc créé auprès des changeurs (B) des difficultés d’ordre technique, portant sur le procédé à suivre pour l’augmentation de leur capital à 250 millions de livres. Ainsi la Banque du Liban a accepté que l’augmentation de capital des sociétés de change (B) soit effective par un transfert du montant auprès d’elle. Ce montant sera retourné à ces compagnies par un chèque tiré sur la BDL. Ce mécanisme a été mis en œuvre pour contourner le fait que les changeurs (B) ne disposant plus de comptes chèques auprès des banques commerciales, ne sont plus en mesure d’obtenir des chèques bancaires tirés sur la Banque centrale. Le président de l’Association des changeurs au Liban, Ramez Mecattaf, qui s’est félicité de ce subterfuge tout à fait légal, a réaffirmé le soutien total de l’Association aux efforts du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, visant à parfaire l’organisation du métier de changeur en définissant un cadre réglementaire pour son fonctionnement en toute transparence.           

 

Echelle des salaires
Réuni par Kassar, le patronat hausse le ton

Si Adnan Kassar est depuis des décennies président des organismes économiques et pendant 33 ans d’affilée président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth (CCIAB), ce n’est ni le fruit du hasard ni un cadeau gratuit de la communauté des affaires. Celle-ci, par définition, est une communauté keynésienne. Adnan Kassar a remis les pendules à l’heure à la suite du dérapage qui a marqué la réaction des organismes économiques au lendemain de l’assassinat du général Wissam el-Hassan. Une réaction exprimée dans le cadre d’un communiqué boudé par un certain nombre de ténors des secteurs économiques productifs. Le communiqué, qui a fait date dans les annales des organismes économiques, avait une connotation politique par excellence, alors que le leitmotiv de la communauté des affaires a constamment été «la dissociation du politique de l’économique». Le texte a été publié en l’absence de la voix de la modération qu’a toujours représentée l’ancien ministre de l’Economie.
Le dimanche 9 décembre, Adnan Kassar a prouvé être «un rassembleur», puisqu’il a convié à son domicile tous les représentants des organismes économiques, ainsi qu’un nombre important d’hommes d’affaires pour discuter avec raison et discrétion des derniers développements de la conjoncture locale. Au lendemain de cette rencontre élargie, une conférence de presse a eu lieu et les différents intervenants, dont notamment Adnan Kassar et Mohammad Choucair, ont avancé des arguments cartésiens pour soutenir le refus par les organismes économiques de l’approbation de la grille des salaires. Aucune mention d’ordre politique portant, par exemple, sur la démission ou non du gouvernement n’a été faite. Le président de la Fédération des Chambres arabes de commerce, d’industrie et d’agriculture s’est contenté de souligner que «si le gouvernement maintient la grille des salaires, ceci signifie qu’il pousse sciemment l’économie du pays vers le chaos». Mohammad Choucair a, de son côté, estimé que «la décision du vote d’un tel projet s’inscrit dans le cadre d’une enchère politique». Aucun des responsables politiques et économiques ne dénie le droit des fonctionnaires à un réajustement de l’échelle des salaires, qui aurait dû intervenir dès 1996. Mais l’heure est à l’austérité qui devrait être appliquée par toutes les composantes de la hiérarchie sociale. Malheureusement, les responsables ne donnent pas jusqu’à nouvel ordre le bon exemple, les ministres se ruant vers l’aéroport pour prendre l’avion pour diverses raisons tantôt valables tantôt non suffisamment justifiées. Parallèlement, la dernière mouture des moyens de financement avancée par le gouvernement ne représente pas ce qu’il y a de mieux. La taxation des tarifs de l’électricité, notamment les tranches supérieures, ne tient pas la route. Ainsi faudrait-il commencer par supprimer la subvention des tarifs du courant électrique, sachant que celui-ci est calculé sur base d’un baril de pétrole à 27 ou 28 dollars, alors que le coût tourne aujourd’hui autour de 100 dollars. Cette distorsion entre le coût réel de l’électricité et le coût facturé a déjà grevé les finances de l’Etat de 18 milliards de dollars, soit les pertes cumulées du Trésor entre 2002 et 2012. Pour ce qui est du relèvement facultatif du coefficient d’exploitation, que la presse a convenu d’appeler «l’étage Mikati», il s’agit d’une expérience pas tout à fait ancienne et non convaincante, celle de «l’étage Murr» ayant prouvé son inefficience. D’abord, elle a pavé la voie à toutes sortes de pots-de-vin au sein de l’administration publique sans donner les résultats escomptés sur le plan du renflouement des caisses de l’Etat.
Faire preuve de patience, de discrétion et d’austérité pourrait s’avérer une solution palliative à des jours meilleurs afin d’éviter une réédition du paysage économique de 1987 lorsqu’une augmentation hâtive des salaires avait provoqué une inflation sans précédent dans le pays et une dévaluation de la valeur de la livre.

Beyrouth
Le port en bonne santé

Dans un contexte de morosité générale, à part la moyenne de consommation domestique des ménages qui a affiché une certaine résilience due aux opérations soutenues de transfert de fonds des expatriés, le port de Beyrouth a enregistré une progression de ses revenus grâce à l’activité de cargo. Dans les chiffres, les revenus du port de la capitale ont progressé au cours des onze premiers mois de 2012 de 8,9% sur un an, enregistrant un montant total de 158 millions de dollars à fin novembre de l’année en cours, contre 145 millions de dollars sur la même période de 2011. Les recettes du port ont été tirées à la hausse grâce à une augmentation de l’activité de fret maritime de 7,99%, à 6579 tonnes de marchandises, contre 6092 tonnes transportées de janvier à novembre 2011.

Liliane Mokbel

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