Un an après l’effondrement d’un immeuble à Fassouh, la situation n’a pas beaucoup changé. La catastrophe avait provoqué la mort de plus de 27 personnes et fait plusieurs blessés. Des aides ont été octroyées, mais le dossier est toujours ouvert.
Le 14 Janvier 2012, un immeuble résidentiel de sept étages, dans la rue Al-Motran Atallah, quartier Fassouh, à Achrafié, s’effondre. Les occupants de l’immeuble, trente personnes, dont des Libanais, des Soudanais et des Egyptiens, restent coincés à l’intérieur et sous les décombres pendant des jours.
Les raisons de l’effondrement n’ont toujours pas été éclaircies. L’immeuble, construit dans les années 40-50, était dans un triste état de délabrement, vraisemblablement aggravé par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Liban dans les premiers mois de 2012. Selon des habitants de l’immeuble, le propriétaire leur avait conseillé de quitter leurs appartements quelques minutes avant la catastrophe.
Par le truchement du Haut Comité des secours, le gouvernement décide d’accorder une aide d’urgence de 30 millions de livres à toutes les familles sinistrées, aussi bien libanaises qu’étrangères. Des logements de fortune sont également mis à la disposition des familles ayant perdu le leur et de celles de l’immeuble voisin qui a dû être évacué. L’Etat alloue 9000 dollars à chaque famille pour lui permettre de trouver à se loger durant un an. Le terrain appartenant au propriétaire de l’immeuble est saisi en garantie pour une valeur d’un million de dollars. Somme qui doit revenir à l’Etat aussitôt le terrain vendu.
A l’initiative du député de Beyrouth, Nadim Gemayel, une campagne d’appel de fonds est lancée. Elle réunit quelque 450000 dollars distribués aux victimes de ce drame.
Une enquête sur les causes de l’effondrement est ouverte à la demande du parquet général près la cour d’appel de Beyrouth. Deux commissions d’experts sont mises en place respectivement par le Premier ministre et le ministre des Travaux publics. Elles sont chargées de déterminer les causes directes de l’effondrement du bâtiment et de faire des propositions valables pour tous les anciens édifices.
Conjonctions de facteurs
Le ministre des Travaux publics, Ghazi Aridi, a demandé, en outre, à la Direction générale de l’urbanisme de préparer un rapport circonstancié sur l’immeuble effondré indiquant la date de construction, les matériaux utilisés et les étages ajoutés.
Quelques semaines plus tard, les experts concluent que la cause principale de l’effondrement est l’ancienneté du bâtiment. D’autres facteurs entrent indirectement en jeu. Il s’agit de la démolition d’un mur en pierre sablonneuse, de l’effondrement partiel d’un pilier de l’immeuble et de la construction d’un nouveau bâtiment collé à l’ancien, et également de récentes fondations creusées, ainsi que de la déstabilisation de la nappe phréatique.
Le comité d’experts présente également un projet de loi relatif à la surveillance de vieux bâtiments, dans le but de prévenir leur effondrement et d’éviter les catastrophes similaires à celle du bâtiment de Fassouh.
Des mandats d’arrêt sont émis à l’encontre des propriétaires de l’immeuble effondré, Claude et Michel Saadé, conformément à l’article 18 du droit de la construction, de l’ingénierie et des infrastructures. Selon cet article, les propriétaires de l’immeuble sont tenus pour responsables de tout incident du même type.
Le 29 novembre 2012, émane l’acte d’accusation concernant cette affaire. Il requiert une peine d’emprisonnement jusqu’à trois ans pour le propriétaire de l’immeuble et son frère, Claude et Michel Saadé, pour avoir causé la mort des habitants de l’immeuble.
Arlette Kassas
Pierres sablonneuses
Le comité d’experts chargé de définir les causes de l’effondrement du bâtiment a indiqué que de la première partie du bâtiment, seuls le rez-de-chaussée et le premier étage avaient été construits en 1940. Cinq autres étages ont été bâtis entre 1940 et 1967. Les murs du rez-de-chaussée étaient construits en pierre sablonneuse et soutenaient les autres étages.