Magazine Le Mensuel

Nº 2923 du vendredi 15 novembre 2013

Affaire Déclassée

Les crashs de la Mea. Terrorisme ou pannes, la série noire

Plusieurs crashs d’avions ont eu lieu depuis le lancement des transports aériens au Liban. Rares sont ceux d’origine criminelle. Pourtant, la Middle East Airlines (Mea) devait en connaître un qui a entraîné la mort de plus de quatre-vingts personnes.
 

Le 1er janvier 1976, un avion de la compagnie d’aviation libanaise desservant la ligne Beyrouth-Mascate se pose à l’aéroport international de Beyrouth (AIB), avec trente et un passagers à bord. Trente-six personnes ont embarqué à l’escale. A l’aéroport, une défaillance technique cloue l’avion au sol pendant quelques heures. Aussitôt les ennuis techniques réglés, l’avion reprend son trajet, accusant quelques heures de retard. Mais l’appareil explose en plein vol au-dessus de l’Arabie saoudite. Les soixante-sept passagers, parmi lesquels deux enfants, et les quinze membres d’équipage trouvent la mort. Brisé en deux, l’appareil tombe dans l’une des régions les plus désertiques du royaume.
Des années auparavant, le gouvernement avait créé une commission permanente d’enquête sur d’éventuels accidents aériens. Ses travaux ont établi qu’un passager arabe avait placé une bombe dans sa valise, enregistrée à l’escale beyrouthine. Selon le plan du terroriste, elle devait exploser peu de temps après l’arrivée à Mascate. C’est du moins le calcul qu’il avait fait. Mais les ennuis techniques de l’avion avant le décollage de l’AIB brouillent les cartes. Le passager ne pouvait plus récupérer sa valise, il a dû la laisser à bord de l’avion et avait quitté l’aéroport aussitôt.
L’enquête a révélé que le passager était un terroriste affilié à une organisation extrémiste liée aux rebelles du Dhofar en lutte avec le sultan Qaboos Ben Saïd d’Oman. Il était censé récupérer sa valise après l’atterrissage et la déposer à l’aéroport de Mascate, où elle devait exploser. Ses calculs sont faussés par le retard inattendu provoqué par les ennuis techniques et la bombe a explosé en plein vol. Malgré les recherches menées par les autorités libanaises, le terroriste n’a jamais été arrêté.
Dans les victimes de la catastrophe, on compte quarante Libanais parmi les passagers et l’équipage. C’était la première explosion d’origine criminelle qui touchait la Mea.
Le 18 avril 1964, un avion de type Caravelle appartenant à Meal (après fusion de la Mea et d’Air Liban) s’abîme dans le Golfe arabo-persique. Les conditions météorologiques étant mauvaises, l’avion a été pris dans une tempête de sable. Il a été impossible à l’équipage de maîtriser l’avion. Les quarante-neuf passagers et membres de l’équipage trouvent la mort, parmi lesquels neuf Libanais, dont quatre passagers et cinq membres d’équipage. Entre autres victimes de l’accident: Zeina Nadim el-Khoury, nièce de l’ancien chef de l’Etat Béchara el-Khoury. Elle remplaçait au pied levé une hôtesse malade.
Le 24 juillet 1950, un avion d’Air Liban, reliant Jérusalem à Beyrouth, est la cible d’une agression perpétrée par un avion de chasse israélien. Bilan: deux tués et huit blessés, dont une fillette de huit ans. L’affaire est classée par la commission mixte d’armistice, qui a conclu que l’avion libanais a pu survoler des zones interdites sans le savoir.

Arlette Kassas

Raid israélien sur l’AIB
La Middle East Airlines (Mea) est créée le 31 mai 1945, quand Saëb Salam et Faouzi Hoss obtiennent, par décret présidentiel, 
l’autorisation de fonder une compagnie de transport civil aérien, portant d’abord le label de société d’aviation libanaise. Elle effectue les premiers vols d’essai le 14 décembre 1945, et entame ses liaisons régulières à partir du Liban le 1er janvier 1946. Ses pilotes sont des étrangers. Le 9 décembre 1947, la compagnie décide d’envoyer onze Libanais apprendre le pilotage à l’étranger. Le 7 juin 1963, suite à la fusion avec Air Liban, la Mea ajoute des vols à destination de l’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Ouest à son programme international. En 1967, l’aviation israélienne bombarde l’aéroport de Beyrouth et détruit la flotte de la Mea et de la Lia (compagnie jordanienne d’aviation).  

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