L’année 2012 a été difficile pour l’économie libanaise. Les raisons en sont multiples et les résultats négatifs sur tous les secteurs. Si la saison touristique a été la plus touchée, plusieurs autres branches qui y sont liées en ont pâti.
Les décisions prises au cours des derniers mois par les pays arabes d’interdire à leurs citoyens de se rendre au Liban, pour des raisons de sécurité ou politiques, dictées par la position du Liban dans la crise syrienne différente de la quasi-unanimité arabe, ont eu des effets néfastes.
Le secteur du tourisme, les investissements et l’immobilier ont payé cher l’absence des Arabes. Toute l’économie libanaise s’en est ressentie. La moyenne générale du mouvement économique a baissé de 20%, selon l’Association des commerçants de Beyrouth. Entre 2011 et 2012, les chiffres ont considérablement changé. Les bénéfices enregistrés en 2011 ne sont plus que des pertes en 2012.
Pour faire face aux pertes des derniers mois, les commerçants se sont trouvés devant de dures options: réduire le nombre d’employés, diminuer leurs salaires ou tout simplement vendre le commerce.
Le secteur des hôtels et restaurants est celui qui a le plus ressenti les effets de cette situation négative de l’économie. Plusieurs hôtels ont dû remercier un nombre important de leurs employés, entraînant une hausse du taux de chômage. Plus de 32 restaurants ont mis carrément la clef sous la porte faute de pouvoir continuer à assumer leurs responsabilités. Cette situation aura des répercussions très négatives en 2013, d’autant que la crise syrienne n’est pas près d’être résolue et que la position des pays arabes à l’égard du Liban n’a pas changé et n’a pas évolué positivement malgré les contacts et les visites des responsables en vue de convaincre les Etats du Golfe de ne pas sanctionner le Liban pour ce dont il n’est pas responsable et qu’il ne peut pas changer.
Le quotidien anNahar avait publié récemment une liste de 35 noms de restaurants qui auraient fermé leurs portes à Zaitouné Bay, à Achrafié, à Gemmayzé, au centre-ville, ainsi que trois restaurants à Tripoli, un à Tyr et un à Jbeil.
Le président du syndicat des propriétaires de restaurants, Paul Ariss, a confirmé à Magazine la mauvaise situation des restaurants. Il reconnaît que 32 et non 35 restaurants ont fermé leurs portes. Cependant, il insiste sur le fait que 230 demandes de licences pour ouvrir de nouveaux restaurants ont été déposées au ministère du Tourisme.
Pour Paul Ariss, les raisons de cette situation sont politiques et la conjoncture ne pourra être redressée en l’absence de touristes. La décision des ressortissants arabes de boycotter le Liban a été catastrophique. Le mouvement interne n’est pas suffisant pour faire fonctionner le secteur et il est indispensable de trouver la solution politique. Ariss appelle à un plan d’urgence et à des mesures radicales pour sauver la situation économique avant qu’il ne soit trop tard.
L’année 2013 s’annonce dure. Plusieurs défis sont à relever dans les quelques mois qui viennent et ceci ne promet pas un déblocage de la situation politique. Ainsi, outre l’attente des développements en Syrie, le Tribunal spécial pour le Liban chargé de juger l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, entamera son procès en mars et la perspective des législatives fixées, en principe, à juin prochain compliquent la situation. L’économie en subit les conséquences, d’autant que la situation sécuritaire n’est pas sans provoquer quelques inquiétudes. Des incidents séparés n’encouragent pas les touristes arabes à revenir au Liban pour le moment. Le secteur bancaire est le seul à faire pencher positivement la balance. Que peut donc apporter 2013 sur le plan économique?
Arlette Kassas
Quelques chiffres
Selon les statistiques, le mouvement touristique a baissé de 35% en 2011 et de 60% en 2012. Les touristes arabes forment à eux seuls 70% des touristes qui viennent au Liban chaque année. Les événements en Syrie ont réduit de 75% le nombre de touristes au Liban.