Avec le recul, on en rigolerait presque. Dans la série Les Barbus, le dernier opus en date Les Barbus font du ski a marché du feu de Dieu. Ahmad el-Assir et son acolyte Fadel Chaker ont flairé le bon coup. La provocation aura au moins eu ce mérite-là.
Lorsqu’on affrète un grand nombre de bus, on donne l’illusion du nombre. Lorsque l’on prévient les services de sécurité quatre jours à l’avance, on se sait attendu et lorsque l’on convoque la presse, on parfait une opération de communication savamment orchestrée. Assir est avant tout un communicant hors pair qui a vu l’opportunité à saisir. Il sait qui il est, qui le suit, qui le hait et où il va.
L’événement en soi aurait pu tourner court si certains n’étaient pas tombés dans le piège, la tête la première. «La position des manifestants contre cheikh el-Assir protège la dignité des chrétiens», dixit Farid Haykal el-Khazen. Grandiloquent, non? A croire que les gardiens du cocon hivernal des biens nantis ne pouvaient pas laisser ces barbus portant sur leur visage leur projet hégémonique souiller leur territoire immaculé. Voilà où l’on en est. Pathétique et désespérant. Elle est belle, la pluralité de l’identité libanaise…
Julien Abi Ramia