Magazine Le Mensuel

Nº 2884 du vendredi 15 février 2013

Reportage

[Copy of] AgeOptimum. Parce qu’ils le valent bien

Depuis plus d’un mois, un nouveau-né s’est glissé parmi les institutions spécialisées pour les personnes âgées, le centre gériatrique AgeOptimum. Un nouvel arrivant qui risque fort de faire parler de lui dans les chaumières… et tant mieux. Car son approche inédite au Liban dans la prise en charge médicalisée de nos aînés ne manque pas de mettre en lumière le retard pris par tout le secteur gériatrique libanais.  

Dans une petite rue de Hadath, l’ancienne école de Notre-Dame de la Délivrance a été récemment rénovée et transformée en centre médicalisé pour les personnes âgées, un centre gériatrique d’un nouveau genre, le premier de cette génération, dit-on, innovant par son offre, inexistante jusqu’alors au Liban.
D’ailleurs, d’après le directeur du centre, Issam Khalaf, le bilan semble simple. «Il n’y a pas de maison de retraite médicalisée au Liban, assure-t-il. Les pensions qui existent sont gérées par des associations à but non lucratif et ne prennent pas en charge les personnes âgées de façon appropriée, médicalement parlant. Je les assimilerais plutôt à des asiles», assène-t-il.
Même son de cloche du côté de la directrice médicale de l’institution, la gériatre Patricia Fadel, considérant que sa propre spécialité reste aux abonnées absentes au Liban. La gériatrie, cette science médicale boudée semble-t-il au Pays du Cèdre, n’est autre que la médecine des personnes âgées. Ces dernières, plus fragiles que le reste de leur progéniture, souffrent souvent de poly pathologie et doivent faire l’objet d’une prise en charge interdisciplinaire, trop souvent oubliée dans les soins à domicile, où le patient est parfois «suivi» uniquement par ses proches.
Dans le centre AgeOptimum, flambant neuf, les couloirs sentent ce parfum de projet abouti. Un projet bien léché où chaque détail a son explication, de l’ascenseur sécurisé aux chambres médicalisées dernier cri en passant par le petit jardin doté de plantes aromatiques.
L’institution étant calée sur des critères et calibres gériatriques européens, la greffe dans la société libanaise pourrait néanmoins se passer tout en douceur, sans provoquer de réaction allergique. «Je ne doute pas que la meilleure qualité de vie pour nos aînés est chez eux, reprend Issam Khalaf. Mais si ce n’est plus le cas, il faut la trouver ailleurs et à ce niveau, il y a un manque au Liban».
Un manque qui ne risque pas d’être comblé de sitôt, au regard des propos tenus par l’équipe d’AgeOptimum. Selon eux, il n’existerait ni de centre d’accueil de jour pour les seniors dans le pays, ni par exemple de «consultation mémoire» pour diagnostiquer à la racine, toutes sortes de démence à l’instar de la maladie d’Alzheimer. «Les consultations mémoires, pourtant très développées en France, n’existent pas dans les pays arabes, notamment par manque de validation de tests neuropsychologiques, certifie le Dr Fadel. En attendant, nous suivons les recommandations internationales sur le sujet. La population libanaise n’est pas sensibilisée au diagnostic de la démence. Il y a de plus, une sorte de déni de la part de la famille qui décide de ne pas intervenir. Pourtant, l’efficacité de cette consultation peut trancher et éviter de faire des diagnostics à des stades sévères de la maladie».

L’approche du centre se veut transversale et pluridisciplinaire. Elle est mise en œuvre par une armée de gériatres, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues, ergothérapeutes ou encore psychomotriciens, histoire d’offrir à chaque patient un plan personnalisé à travers plusieurs formules.
Adieu concept de «maison de retraite» pur et dur. Le centre s’est doté de cinq flèches à son arc. «Inédit» au Liban, il propose un accueil de jour thérapeutique pour les personnes atteintes d’Alzheimer ou de maladies apparentées et des personnes souffrant d’autres handicaps ou pathologies. Une sorte de garderie ou centre de vacances médicalisé pour nos aînés. Du matin jusqu’en fin d’après-midi, ils sont pris en charge par l’équipe soignante, profitant également de différentes activités, proposées par des animateurs formés par des spécialistes français: atelier mémoire, peinture, cuisine, jardinage, gymnastique, dessin, lecture, massage, esthétique ou encore promenade.
Une formule long séjour existe ainsi que des prises en charge de moyen terme, notamment pour des soins de rééducation. «Quand une personne âgée quitte l’hôpital après un accident, explique Issam Khalaf, elle a besoin de pouvoir se rétablir et sa famille n’est pas préparée à faire une rééducation. Le patient a besoin de physiothérapie et de psychothérapie». Un service de soin à domicile est également disponible ainsi que la fameuse consultation mémoire. «Notre but, explique le directeur, n’est pas de laisser les personnes âgées dans leurs lits toute la journée. Nous voulons augmenter leur niveau de vie par une prise en charge appropriée et médicalisée et maintenir le lien social entre eux et leur entourage».
Il reste que le prix d’une telle prise en charge est loin d’être accessible au plus grand nombre. Pour soigner vos aînés dans ce centre nouvelle génération, il faudra s’acquitter d’un montant de 3000 $ par mois (1500 $/mois en moyenne pour les autres institutions non médicalisées). Mais d’après le Dr Fadel, «si vous faites une estimation de ce que coûterait une prise en charge médicalisée permanente à domicile, le calcul est assez rapide à faire».

Delphine Darmency

Pour plus amples informations:
(05) 464697 – (71) 464697.
www.ageoptimum.com

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