Alors que les habitants de Tcheliabinsk, ville industrielle de plus d’un million d’habitants, reprennent leurs esprits après la grosse frayeur causée par la chute de la météorite, les autorités dressent le bilan de la catastrophe.
C’est la première fois dans l’Histoire de la Russie moderne qu’un événement semblable se produit dans le pays. En 1908, une boule de feu avait survolé la région de Krasnoïarsk avant de se désintégrer brûlant sur son passage 2000 kilomètres carrés de forêts.
Vendredi 15 février, vers neuf heures vingt locale, une pluie de météorites s’est abattue sur la ville industrielle de Tcheliabinsk située dans l’Oural. Le phénomène a été immortalisé par de nombreuses photos et vidéos réalisées par des témoins à l’aide de téléphones portables et de caméras installées sur les voitures et destinées habituellement à photographier les accidents de la circulation afin d’établir précisément les responsabilités des conducteurs (en Russie les constats à l’amiable n’existent pas…).
La fin du monde…
La chute de l’objet céleste qui, selon la Nasa, était trente fois plus puissante que la bombe d’Hiroshima a causé un vent de panique parmi les habitants qui ont imaginé toutes les explications possibles: «J’étais dans ma voiture, tout à coup une lumière blanche très vive est apparue dans le ciel, ensuite des éclairs incandescents suivis d’une longue traînée de fumée d’abord blanche puis gris-bleu, elle était accompagnée d’explosions, finalement une pluie constituée de particules grises est tombée sur la ville alors que, dans le même temps, le reste de la météorite s’abîmait dans le lac formant un immense cratère sur la pellicule de glace», raconte Youri Panov joint par le journal Kommersant. Et d’ajouter: «J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait d’un crash aérien, du début d’une nouvelle guerre ou de la fin du monde». «J’étais chez moi, tout à coup l’appartement s’est mis à trembler, les vitres ont été pulvérisées, les tableaux sont tombés, j’ai essayé de téléphoner, toutes les communications étaient coupées. Je me suis précipité vers l’école pour chercher les enfants, dans la rue et malgré le froid, des hommes torse nu couraient dans toutes les directions», rapporte Evgueni Gorchkov.
Bilan impressionnant
Plus de mille personnes dont quatre cents enfants ont été blessées à cause de l’onde de choc, la plupart légèrement par des éclats de verre. Une quarantaine de personnes sont encore hospitalisées dont une femme qui s’est fracturé la colonne vertébrale en tombant dans un escalier et qui est actuellement soignée à Moscou. Trois cents bâtiments ont été endommagés: 93 hôpitaux, de nombreuses écoles, centres de jeunes, hospices de vieillards, ont eu leurs fenêtres soufflées. Par miracle, les centres industriels et militaires sensibles, très nombreux dans la région, n’ont pas été touchés, seuls les murs d’une usine de zinc se sont effondrés. Selon le gouverneur, Mikhaïl Yourevitch, qui compte sur l’aide des autorités fédérales, le coût des réparations se monte à 22 millions d’euros.
Après la panique, les Russes, qui conservent le sens de l’humour et des affaires en toutes circonstances, se sont mis à rechercher les fragments de la météorite afin de les proposer sur la Toile contre des espèces sonnantes et trébuchantes. D’autres publiaient des caricatures dont une montrant Vladimir Poutine torse nu à califourchon sur la météorite a fait le tour du monde.
Un avertissement du ciel
Reste à se demander quelle est la nature exacte de ce corps céleste dont aucun observatoire n’avait décelé l’arrivée. Alors que les savants russes et américains se perdent en conjectures, non seulement la population mais des personnalités cherchent des explications irrationnelles. Vladimir Jirinovski, président du Parti national démocrate, qui ne craint pas le ridicule, a déclaré avec le plus grand sérieux du monde à la Douma qu’il n’y avait pas eu de météorite. «La chute de la météorite n’est pas un phénomène naturel, il s’agit de l’essai d’une nouvelle arme conçue par les Américains». Théophane, le métropolite de Tcheliabinsk, estime que «cet accident stellaire est un signe de Dieu qui nous rappelle que nous vivons dans un monde fragile et imprévisible» et conseille aux croyants de «s’interroger sur leur foi et de remercier le Tout-Puissant de leur avoir épargné un tremblement de terre dont les conséquences auraient été encore plus dévastatrices».
Nathalie Ouvaroff, Moscou