Rien ne va plus entre Paris et Doha
Les relations entre Paris et Doha étaient au beau fixe sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui n’avait pas hésité à déployer tous les moyens pour soutenir la candidature du Qatar à la Coupe du monde de football. Mais les temps ont changé et, désormais, l’Elysée ne voit plus du même œil les ambitions qataries qui dépassent de loin l’influence dont la petite principauté devrait jouir. Premier signe: le veto opposé par le président François Hollande à l’acquisition par le Qatar d’une part de la compagnie française Vivendi Afrique sur le marché marocain des télécommunications. Paris, en effet, n’a pas apprécié le rôle du prince Hamad dans le conflit malien, et l’assistance financière et logistique apportée par l’Etat du Golfe à Aqmi, aussi bien avant que durant cette guerre.
Opposition sans chef
Depuis l’éclatement du Printemps arabe, les forces jordaniennes d’opposition tentent sans succès de renverser le régime du roi Abdallah Ibn el-Hussein. A la tête des protestataires se trouve l’organisation des Frères musulmans qui avait boycotté les dernières élections. A la surprise générale, seuls les Ikhwan ne s’étaient pas rendus aux bureaux de vote et la participation aux élections a dépassé les 50%. Des analystes à Amman ont noté que la raison principale de cet échec était que la confrérie manquait de leader charismatique capable de mobiliser les foules. Mais il ne faut pas le dire à Hammam Saeed, l’observateur général du mouvement, qui refuse de céder sa place depuis plusieurs années.
Abdel Rahman el-Bar membre du Conseil de la Choura des Frères musulmans égyptiens, longtemps considéré le futur mufti du pays, vient d’être battu à plate couture par le candidat modéré Chawki Abdel-Karim. Le professeur en hadith (Traditions du prophète), connu pour ses fatwas très controversées, ne s’attendait pas à ce renversement de situation, puisqu’il avait préparé son discours de victoire à l’avance. Mais c’était sans compter avec la volonté des oulémas d’al-Azhar de conserver leur indépendance à l’égard des partis politiques. Douche froide pour les Ikhwan qui, après avoir conquis la présidence de la République, le gouvernement, le Parlement et le Conseil de la Choura, pensaient en faire de même avec al-Azhar.
Ahmad Seif Hached député yéménite de 49 ans, représente sans aucun doute l’une des figures politiques les plus respectées au pays du qat. Ce parlementaire, élu en 2003, qui n’a pas eu peur de descendre dans la rue pour s’opposer au régime dictatorial de Ali Abdallah Saleh, doit tout au peuple. Ahmad Seif Hached n’appartient à aucun parti politique et se vante de devoir son poste au soutien populaire dont il jouit. C’est certainement l’une des raisons qui ont poussé ses détracteurs à tenter de l’éliminer à plusieurs reprises, mais sans succès. Malgré cela, le gouvernement en place refuse toujours de lui accorder une protection policière, bien qu’il soit considéré l’une des personnalités les plus menacées du Yémen. Est-ce un signe?
Les réformateurs sous pression
Le régime iranien, qui maintient le leader principal de l’opposition Mir-Hossein Mousavi sous assignation à domicile depuis plus de trois ans, n’a pas apprécié l’appel qu’il a lancé à ses compatriotes de manifester pour exprimer leur soutien au Printemps arabe. Résultat, Téhéran n’a pas hésité à convoquer séparément le fils de Mousavi, Hossein, ainsi que ses deux filles, Narjiss et Zahra, aux commissariats de police pour les intimider et les forcer à désavouer publiquement leur père. La police secrète avait même détenu Narjiss, et sa fille de quatre ans, pendant plus de dix heures avant de les relâcher au milieu de la nuit, ce qui a traumatisé l’enfant qui a vu sa mère brutalisée physiquement et moralement par ses interrogateurs.
En pointillé…
La rue irakienne est en révolte depuis plusieurs semaines contre le gouvernement du Premier ministre Nouri el-Maliki qui, aux dires des protestataires, se comporterait en despote. Cette grogne s’est notamment manifestée dans les provinces sunnites qui se considèrent délaissées, voire opprimées, par le pouvoir central. Ces développements ont été l’occasion pour les leaders du parti Baath de reprendre l’avant-plan de la scène politique et d’appeler au renversement du régime actuel dominé, selon eux, par les chiites. D’ailleurs, l’ancien numéro deux de Saddam Hussein, Ezzat el-Douri, en fuite depuis 2003, et qui se serait réfugié discrètement chez le voisin turc, n’a pas hésité à appeler les manifestants à marcher sur Bagdad afin de reprendre le pouvoir, même si cela devait se faire par la force.
Agha change sa version des faits
Mohammad Ali Agha, citoyen turc, qui avait tenté en 1981 d’assassiner le pape Jean Paul II, et qui avait prétendu au début avoir agi tout seul, a changé encore une fois sa version des faits. Le criminel avait prétendu, au milieu des années 80, avoir été recruté par les services de renseignements bulgares et par le KGB russe pour éliminer le pape d’origine polonaise. Ce dernier était connu pour son combat contre les régimes communistes. Gracié par l’Eglise, il avait été relâché en 2010 et n’avait plus donné signe de vie depuis. Agha vient cependant de refaire surface avec un livre autobiographique On m’a promis le paradis, dans lequel il dit avoir agi sur ordre direct de l’ayatollah Khomeiny. Un livre choc qui fera sûrement couler beaucoup d’encre même si l’auteur manque de crédibilité.
L’Algérie négocie avec les Touaregs
Le conflit malien, qui avait éclaté à la suite de la révolte du Mouvement pour l’indépendance de l’Azawad, et qui avait conduit à la prise du pouvoir par les mouvements salafistes, semble avoir tourné au profit des Touaregs. De fait, Paris avait préféré s’allier aux indépendantistes pour combattre Aqmi, bien que les Touaregs n’aient pas caché leur sympathie pour les terroristes du désert. Dernier épisode en date, l’Algérie, pays voisin du Mali, vient de demander au mouvement Azawad de l’aider à contrôler ses frontières communes et à empêcher toute avancée de l’Aqmi. Drôle de dénouement, les nomades du désert étant eux-mêmes impliqués dans les enlèvements de ressortissants étrangers et vivant de trafics illicites en tout genre. Stupeur à Bamako. Les responsables maliens ne comprennent pas pourquoi Paris et Alger s’obstinent à protéger et privilégier les Touaregs en dépit de leur passé peu reluisant.
Erdogan président!
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a jamais caché son ambition personnelle et son désir d’être élu président de la République. Le chef du parti Justice et Développement souhaite réformer la Constitution turque pour mettre fin au système parlementaire et instaurer un régime présidentiel dans le pays, même si cela déplaît fortement à son allié, l’actuel président Abdullah Gül. Résultat, Erdogan a précisé qu’au cas où les parlementaires ne soutenaient pas ses réformes, il organiserait un référendum sur la question pour que la population turque tranche.
Face à ce plan, l’opposition laïque reste divisée sur la méthode à adopter pour contrer un Premier ministre dont l’ambition n’a pas de limites et qui gouverne son pays d’une main de fer depuis 2003.
Le Hamas cherche midi à 14h
Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, est pointé du doigt, ses dirigeants faisant tout pour entraver la réconciliation nationale. Au cours de la dernière réunion de l’Organisation pour la libération de la Palestine, tenue au Caire, le chef du bureau politique du mouvement, Khaled Mechaal a tenté par tous les moyens de faire échouer la séance. Alors que tous les participants avaient apporté leur soutien à la loi électorale présentée par le Fateh, Mechaal a insisté pour que les élections à Gaza soient organisées sur la base d’une autre loi. Du jamais vu! Nayef Hawatmeh, ancien allié du Hamas, est monté au créneau pour dénoncer «l’attitude inacceptable de Mechaal qui refuse tout compromis». Malgré toutes ces protestations, les islamistes ne semblent pas prêts à modifier leur position, puisqu’un de leurs principaux dirigeants, Khalil el-Hayya, vient de déclarer que le processus de réconciliation ne pouvait être mené à terme tant que les libertés politiques en Cisjordanie sont inexistantes. Qu’en est-il des libertés à Gaza?
100000 tonnes de blé devraient être fournies par la République islamique d’Iran à la Syrie en 2013, afin de subvenir aux besoins du pays. Téhéran qui, depuis le début de la révolte syrienne, n’a pas caché son soutien politique et financier à Bachar el-Assad, franchit ainsi un nouveau cap malgré les protestations internationales. En échange, Damas devrait fournir l’Iran en coton, huile d’olive et agrumes. Ce troc semble pourtant impossible à réaliser, puisque les régions agricoles syriennes sont délaissées et ravagées par les combats acharnés entre opposition et soldats loyalistes. La Syrie était pourtant un pays exportateur de blé jusqu’en 2011. Les temps ont, cependant, bien changé depuis et l’Etat peine à approvisionner en produits alimentaires les régions toujours sous son contrôle. Les observateurs notent aussi que ce n’est que grâce au soutien financier iranien que le président Assad parvient à payer les salaires des centaines de milliers de soldats et de fonctionnaires de l’Etat.
600 millions de livres égyptiennes, c’est le montant des pertes de la compagnie aérienne de l’Etat, Egyptair, en 2012. La raison principale de cette déroute est que la compagnie nationale ne traite qu’en livre égyptienne, sachant que cette monnaie a perdu plus de 25% de sa valeur l’année dernière. Or, en 2010, Egyptair était considérée comme l’une des compagnies les plus performantes au Pays des Pharaons, avec des bénéfices qui provoquaient la jalousie des compagnies aériennes internationales. Mais depuis la chute de Hosni Moubarak et la prise du pouvoir par les islamistes, l’économie est en chute libre. Le gouvernement du Premier ministre Hicham Kandil ne réussit pas à mettre en marche un nouveau plan de relance économique. Face à ces résultats catastrophiques, le régime en place peine à obtenir une aide financière internationale puisque la Banque mondiale et le Fonds monétaire international exigent plus de transparence et de libertés politiques.