Magazine Le Mensuel

Nº 2885 du vendredi 22 février 2013

Le Saviez-Vous

Loi électorale. Ce que les Libanais préfèrent

L’enjeu de la loi électorale est tel que les communautés cherchent à faire voter une loi qui préserve leurs acquis ou même leur présence. Si les chrétiens sont pour le projet de loi de la Rencontre orthodoxe, les sunnites préfèrent les petites circonscriptions, les chiites optent pour le système proportionnel et les druzes sont pour la loi des années soixante. Statistics Lebanon a établi une étude sur les préférences des Libanais.

L’étude de Statistics Lebanon sur la loi électorale prend en considération l’appartenance politique et communautaire. Selon l’étude, plus de 65,25% des Libanais ne sont pas satisfaits du tour pris par les débats autour de la formule électorale. La plus grande contestation est celle des druzes qui ont affirmé, à plus de 70%, que les discussions autour de la loi électorale ne sont pas satisfaisantes. Les autres communautés suivent.
Si plus de 75% des Libanais ont affirmé qu’ils participeront aux élections législatives de cette année, dans moins de trois mois et demi, il s’est avéré que la majorité d’entre eux ne sont pas d’accord sur la forme que prend la nouvelle loi électorale. Leur choix porte, selon les communautés, sur celle qui assure le mieux la représentativité de leur communauté.
Ainsi, le projet de loi de la «Rencontre orthodoxe» rallie une majorité de 46,39% des voix chrétiennes, la loi basée sur les petites circonscriptions a eu 28,10% des voix sunnites, alors que la loi des années soixante est approuvée par 79,17% des druzes.
Toujours selon cette étude, la plupart des Libanais ne connaissent pas exactement les conséquences réelles de telle ou telle loi. Plus de 68,25% des Libanais sont au courant du projet de la «Rencontre orthodoxe», 52,13% ne savent rien du système proportionnel présenté par le gouvernement, plus de 59% ignorent les points du projet favorisant les petites circonscriptions présenté par les Kataëb et les Forces libanaises, plus de 70% n’ont aucune idée du système du «One man one vote» et environ 80% ne savent rien du projet de loi présenté par l’ancien ministre Naji Boustani, basé sur un système mixte de scrutins majoritaire et proportionnel. En revanche, environ 70% des Libanais connaissent bien les termes de la loi des années soixante.

Le projet orthodoxe en tête
Une majorité de 34,38% des Libanais considèrent que le projet de loi de la Rencontre orthodoxe leur assure la meilleure représentativité dans les prochaines élections, alors que seuls 18,13% ont choisi la loi qui préconise le système proportionnel. Les autres choix varient entre 16% et 3%.
L’étude révèle que 46,25% des Libanais préfèrent le système proportionnel, sans prendre en considération la dimension des circonscriptions prévues. Elle montre aussi à quel point les Libanais sont influencés par la politique dans le choix de leur loi électorale.
La sous-Commission parlementaire, chargée de réfléchir sur les deux aspects fondamentaux d’une nouvelle loi électorale, découpage des circonscriptions et mode de scrutin, n’a pas pu conclure ses travaux sur une note positive. Le projet de loi orthodoxe est le seul à avoir remporté une majorité de voix au sein de la Commission, mais l’étude d’un projet de loi combinant les deux modes de scrutin majoritaire et proportionnel s’est arrêtée net.
Pour les analystes, si l’objectif d’une loi électorale est d’assurer une juste représentation du peuple libanais, elle doit permettre aux électeurs de se prononcer librement en partant d’un éventail plus large de candidats et de s’affranchir des contraintes traditionnelles. La nécessité se fait pressante de concevoir une nouvelle loi électorale susceptible d’aider à sortir du cadre confessionnel, familial et héréditaire. Ceci n’est pas pourtant pris en compte dans les discussions en cours.

Arlette Kassas

Circonscriptions et modes de scrutin
Circonscriptions et modes de scrutin sont liés. Le scrutin majoritaire est pratiqué dans les circonscriptions uninominales. Si on adopte les grandes circonscriptions (mohafazat) ou les moyennes (caza), on a le choix entre le mode de scrutin majoritaire, proportionnel ou mixte et la Commission Boutros avait opté pour un mode mixte.

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