Magazine Le Mensuel

Nº 2889 du vendredi 22 mars 2013

Presse étrangère

La tournée africaine de Sleiman

Du 13 au 20 mars, à la tête d’une délégation officielle de 86 personnes, le chef de l’Etat Michel Sleiman est allé à la rencontre de la diaspora libanaise fortement implantée autour du golfe de Guinée. Une tournée relayée par les grands titres de la presse africaine.

Vanguard
Quatrième et dernière escale du président Sleiman, le Nigeria où résident près de 20000 Libanais. L’occasion pour avoir des nouvelles des otages libanais enlevés le 16 février dernier. Le quotidien nigérian Vanguard revient sur cette affaire.
Le président Goodluck Jonathan a annoncé que son gouvernement œuvre résolument pour obtenir les restes des otages étrangers qui auraient été tués par Ansaru, l’aile dissidente du groupe terroriste Boko Haram. Jonathan a également affirmé que les otages pourraient être encore en vie et a affirmé qu’à cause du terrain rocailleux où ils étaient retenus, certains d’entre eux sont probablement décédés suite à des problèmes de santé ou ont été directement abattus par les terroristes.
La déclaration du président Jonathan faite dans une conférence de presse conjointe avec le président Sleiman, selon laquelle certains des otages auraient été tués, se démarque nettement de la position officielle du gouvernement annoncée la semaine dernière, lorsque le ministre des Affaires étrangères, Olugbenga Ashiru, affirmait que le Nigeria ne pouvait pas confirmer la mort des otages.
Le président Jonathan a affirmé que l’analyse des informations publiées à travers les réseaux sociaux ne permet d’avancer aucune position concluante sur l’état des otages.
Il a ensuite révélé que ce qui a retardé l’opération de sauvetage était la décision des services de sécurité d’adopter une approche prudente afin de ne pas offrir aux terroristes une occasion de deviner ce qui se tramait contre eux, ce qui les pousserait à les éliminer comme ce fut le cas dans le passé.

 

Le Courrier d’Algérie
La tournée du président Sleiman a débuté en Algérie où il s’est arrêté quelques heures, le temps de rencontrer son homologue Abdel-Aziz Bouteflika. Le quotidien Le Courrier d’Algérie relate cette entrevue.
«Le Liban est fier du président algérien pour son rôle historique au sein de la Ligue arabe et en Algérie, plus particulièrement, où il a enclenché un processus de réformes constitutionnelles et législatives à travers notamment les lois électorale et sur les partis». Dans une déclaration à la presse, le président libanais a expliqué que le taux de représentation des femmes aux Assemblées élues en Algérie «constitue une importante avancée». Grâce à ces réformes, «le président Bouteflika a ouvert la participation à toutes les franges de la société», a-t-il ajouté. «L’Algérie est parvenue à rembourser sa dette grâce à une excellente gestion des recettes des hydrocarbures», a estimé le président libanais, ajoutant qu’une telle démarche était «un exemple à méditer pour le Liban qui pourrait s’imprégner de la sagesse et de la clairvoyance du président Bouteflika pour la gestion de ses ressources potentielles en pétrole et en gaz pour offrir un avenir meilleur à ses enfants».

Sud Quotidien
Première escale de la délégation libanaise, le Sénégal, où résident près de 25000 Libanais qui contrôlent 50% du tissu économique local. Au menu de cette visite, rencontre avec le président Macky Sall, une délégation d’ambassadeurs arabes, des décideurs économiques et la communauté libanaise. Une visite de 48 heures suivie, minute par minute, par le quotidien sénégalais Sud Quotidien qui relaie la fierté des Libanais du Sénégal.
Les Sénégalais d’origine libanaise sont fiers de la visite du président Sleiman à Dakar. Pour la plupart d’entre eux, cette visite lui permettra de constater la belle intégration de la communauté libanaise au Sénégal. Elle contribuera également à consolider les relations entre Dakar et Beyrouth. Les Libanais sont très actifs dans le négoce et dans l’industrie. Certains d’entre eux, rencontrés au centre-ville, livrent leurs opinions sur cette visite du président de leur pays d’origine.
M. Khalil est commerçant sur l’avenue Blaise Diagne. Il pense que cette visite du président libanais est une bonne chose. «Cette visite contribuera à conforter les relations déjà solides entre le Sénégal et le Liban», a-t-il dit, avant de poursuivre: «C’est un pays où il existe une forte concentration de Libano-Sénégalais, et cette présence ne date pas d’aujourd’hui. Moi qui vous parle, j’ai aujourd’hui plus de 60 ans et je suis né au Sénégal». Pour Khalil, le Sénégal est devenu sa patrie, même s’il est d’origine libanaise. A quelques mètres de chez lui, dans la même avenue, Assane tient sa cantine. Il vend des tapis et des moquettes. Le vieux Libano-Sénégalais se dit ravi de cette visite. «Le Sénégal et le Liban sont deux pays frères. Moi, je suis né au Sénégal et parle le wolof comme toi ou même mieux que toi», a-t-il taquiné avec un brin de sourire.
D’autres titres sont plus circonspects. «Officiellement, le chef d’Etat libanais est venu à Dakar pour ‘renforcer la coopération’ nouée entre nos deux pays, cependant Dakaractu tient de bonne source, qu’à côté de cette version officielle, diplomatique, il existerait une raison plus cruciale, tenant à la survie économique même de la forte communauté libanaise installée au Sénégal.
«En effet, nous ne dévoilerons pas un secret en disant qu’avec l’arrivée des Chinois, le secteur du commerce naguère bien tenu par les Libano-Syriens, est en train de changer de mains. Qui plus est, avec le déclenchement de la traque des biens mal acquis, certains membres de la communauté libanaise pourraient être impliqués, sans oublier la dernière en date où un Sénégalais d’origine libanaise, Oussama Ayad, serait compromis dans un scandale de blanchiment d’argent et de trafic de devises».

Jeune Afrique
Deuxième escale, la Côte-d’Ivoire où résident 60000 Libanais (des sources officielles vont jusqu’à 100000), la plus importante communauté libanaise du continent. L’occasion, pour Jeune Afrique, «pour son homologue ivoirien Alassane Ouattara de dérouler le tapis rouge… et de parler affaires».
«Les Abidjanais sont unanimes: rarement un tel accueil aura été réservé à un chef d’Etat étranger dans leur pays. Arrivé le 14 mars, peu après 13h, en terre ivoirienne, le président libanais Michel Sleiman – et sa forte délégation de 90 personnes – a été chaleureusement salué par des dizaines de milliers d’Ivoiriens et de Libanais massés tout au long du chemin qui mène de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny au quartier d’affaires du Plateau.
Aux abords de l’aéroport, les vigiles et membres du protocole, débordés, ont dû jouer des coudes et repousser une foule pressée de passer le portail de sécurité. Il faut dire que les autorités ivoiriennes et la communauté libanaise du pays, qui a mis la main à la poche, avaient tout prévu: distribution de drapeaux libanais, affiches géantes des présidents ivoirien et libanais accrochées un peu partout dans les rues du Plateau, sur les ponts, ou encore sur les façades d’immeubles…
La Côte-d’Ivoire est en effet le quatrième pays d’accueil de la communauté libanaise, après le Brésil, le Canada et la Colombie. «La contribution de la communauté libanaise à l’économie ivoirienne connaît une évolution remarquable», a déclaré le président ivoirien. Avec «3000 entreprises», présentes dans tous les secteurs d’activités et «300000 emplois créés», l’apport fiscal de cette forte communauté est estimé à «350 milliards de FCFA», soit «15% des recettes fiscales» de la Côte- d’Ivoire».

L’Intelligent
L’Intelligent d’Abidjan donne une autre interprétation à cette visite.
«La visite du président libanais ne laisse pas indifférents les Ivoiriens. Les réactions se font selon les obédiences politiques et avec humour. Pour les citoyens non partisans, il s’agit d’une visite classique et sans aucun agenda caché. Selon cette façon de voir, le président Sleiman, qui dans six mois, pourrait céder son fauteuil à un autre, vient à Abidjan pour enrichir son bilan diplomatique, soutenir ses compatriotes dans leur engagement pour la Côte-d’Ivoire, tout en leur disant de ne pas oublier le Liban, puisque celui-ci ne les a pas oubliés, en témoigne cette visite. Il s’agit également d’accompagner la relance économique et le repositionnement diplomatique entamé par le président Ouattara.
Un peu porté par l’humour, d’autres citoyens ont choisi de croire que le chef de l’Etat libanais (présenté comme le président de Marcory par des internautes) vient plaider la cause de ses compatriotes, qui aiment ruser avec les impôts, la douane. Selon cette lecture, cette frange de Libanais aurait appelé au secours, Michel Sleiman. Cette lecture humoristique, qu’on peut attribuer à quelques pro-Ouattara, rencontre peu d’échos chez des pro-Gbagbo, qui en rajoutent forcément. Selon ceux-ci, les Libanais auraient voté en majorité le candidat Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2000. Pour cette raison, ils seraient dans le collimateur des nouvelles autorités ivoiriennes, prêtes à leur faire payer leur choix, avec des impôts et des expulsions. Afin d’éviter un tel scénario catastrophique, le président libanais aurait donc répondu à l’appel au secours de ses concitoyens».

Daily Graphic
Troisième escale, le Ghana, pour une visite plus sobre. Le plus grand quotidien du pays, Daily Graphic, en relate les principaux points.
Le président ghanéen John Dramani Mahama a rencontré le président libanais Michel Sleiman samedi à Accra pour discuter de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient. A cette occasion, le président ghanéen a promis qu’il s’efforcerait d’aider à élaborer une nouvelle proposition pour résoudre les différends entre la Palestine et Israël. Le président Mahama a souligné l’importance d’un Moyen-Orient pacifique pour le reste du monde. C’est pourquoi les soldats ghanéens travaillent dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’Onu dans le sud du Liban depuis plus de trente ans, a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président libanais a exprimé la gratitude de son pays à l’égard du Ghana pour ses troupes déployées dans le sud du Liban en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu. A cette occasion, le chef de l’Etat libanais a rendu hommage à deux généraux ghanéens à la retraite, récompensés pour services rendus au sein de la Finul.
Par ailleurs, les autorités libanaises ont signé plusieurs accords avec les responsables ghanéens dans les secteurs industriel et bancaire, ainsi que dans les domaines de la culture, du tourisme et de l’agriculture, entre autres.

 

Julien Abi-Ramia

Percée islamiste agressive
The New York Times s’inquiète de «la percée du langage islamiste agressif au sein de la communauté sunnite libanaise, de plus en plus impliquée dans les événements en Syrie». Le quotidien émirati The National analyse la projection utopique de l’ambassadeur britannique au Liban, Tom Fletcher qui, sur son blog, imagine un Liban pacifié, dynamique et prospère à l’horizon 2020.
Le quotidien montréalais La Presse s’est intéressé au cas d’Abdul-Hamid Sinno, un Libanais qui vit au Québec, dont la femme Sawssane est décédée d’un cancer du pancréas, trop tardivement diagnostiqué par un médecin libanais qui s’étonne qu’aucun spécialiste au Canada n’ait décelé la maladie.

Related

L’engrenage infernal

Les sentiers de la guerre… et du succès

Alerte rouge au Liban

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.