Magazine Le Mensuel

Nº 2925 du vendredi 29 novembre 2013

Presse étrangère

Une question d’identité

L’attentat contre l’ambassade d’Iran a ravivé les grandes peurs de ceux qui observent le Liban. Face à l’enlisement des crises sécuritaires et politiques, est plus que jamais posée la question de la sacro-sainte formule libanaise.

Liberation
Pays: France.
Genre: quotidien national.
Diffusion: 125 000 exemplaires par jour.
6e journal du pays, derrière Le Parisien, Le Figaro, Le Monde, L’Equipe et Les Echos.

Le quotidien français de gauche, qui a consacré de nombreux articles cette semaine sur le pays, dresse un tableau inquiétant de la situation des réfugiés syriens qui y ont élu domicile.
Des familles syriennes réfugiées au Liban s’enfoncent dans l’endettement et dans la pauvreté, ce qui affecte l’éducation de leurs enfants et leur dignité, prévient l’agence internationale d’aide Oxfam. «Les réfugiés syriens sont confrontés à une lutte quotidienne pour survivre dans un pays où les emplois et les logements abordables sont rares. La quête perpétuelle d’un travail anéantit leurs espoirs», a déclaré Nigel Timmins, qui dirige depuis Beyrouth l’action d’Oxfam en Syrie. L’agence s’appuie sur les résultats d’une étude qu’elle a commandée à un institut de recherche libanais sur 1 500 familles réfugiées au Liban.
Cette étude «montre que les gens dépensent plus de deux fois plus qu’ils ne gagnent: les revenus mensuels des familles réfugiées sont d’environ 250 $, mais les dépenses moyennes sont d’environ 520 $», quasiment uniquement pour la nourriture (225 $) et le logement (275 $), relève Oxfam. En moyenne, les familles arrivent avec 370 $ d’économies, qui fondent vite au Liban, où le coût de la vie est plus élevé qu’en Syrie.
Surtout, «l’étude révèle que seulement 25% des enfants sont scolarisés, ce qui laisse entrevoir une génération d’enfants syriens privés d’une éducation nécessaire», s’inquiète l’ONG. Les écoles publiques sont gratuites au Liban, mais de nombreux parents ne peuvent payer les frais annexes comme le transport.

Gulf news
Pays: Emirats arabes unis.
Langue: anglais.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 109 000 exemplaires.

Dans la même veine, le journal anglophone de Dubaï appelle à un changement de la nation libanaise.
Il est devenu inutile de se lamenter sur la détérioration de la sécurité au Liban et de condamner les complots et les attentats. En effet, à mesure que les voix s’élèvent pour réclamer le calme et la stabilité, la quantité d’explosifs découverts augmente. On pourrait passer des années à débattre de l’identité des exécutants et des commanditaires, comme on l’a fait pendant des décennies. Pendant ce temps, le système fragile du pays, où tout le monde se considère comme un simple instrument dans les grands changements qui s’opèrent dans la région, part à vau-l’eau.
La crise au Liban ne concerne plus l’obstination des politiques à supprimer toute possibilité de former un gouvernement, ni le spectre du vide institutionnel au moment du renouvellement du mandat du Parlement, encore moins l’incapacité du pays à s’en choisir un nouveau. La crise concerne maintenant la conviction de plus en plus apparente chez une partie des Libanais que le consensus avec l’autre camp n’est plus nécessaire pour la coexistence.
Cette nouvelle approche, visible depuis l’entrée en scène de plusieurs parties libanaises sur le conflit syrien, n’est pas le résultat de conflits politiques locaux. Elle traduit la conviction d’une grande partie de la population qui estime que la nation, l’Etat et ses institutions constitutionnelles sont des obstacles.

Le figaro
Pays: France.
Genre: quotidien de droite
Diffusion: 330 000 exemplaires.

Le quotidien publie un portrait de Carlos Ghosn, P.-D.G. de Nissan-Renault, dont les ressorts ont beaucoup à voir avec ses origines libanaises.
Cet homme est un patchwork culturel, pour qui l’influence française n’est qu’une parmi beaucoup d’autres, se confondant parfois avec «l’influence de la mère, Française et grande admiratrice de la France». Ses racines les plus profondes sont enfouies au Liban, où il vécut de six à dix-sept ans, faisant ses études chez les jésuites à Beyrouth. Il y a investi plusieurs millions de dollars dans la vigne, sur les coteaux du Mont-Liban. «Il trouvait que le vin pouvait être un très bon ambassadeur du Liban», où il retourne chaque année, explique Etienne Débanné, directeur général d’Ixsir, la société viticole en question. Et d’ajouter: «Ici, il a plein d’amis d’enfance. C’est la coqueluche, on se l’arrache. Par rapport à l’image que l’on peut avoir de lui, il est extrêmement affable, sympathique, disponible, très sociable». Défenseur de la francophonie, il est aussi au conseil d’administration de l’Université de Beyrouth. C’est peut-être dans son enfance au Liban qu’il faut chercher pourquoi il s’inflige une vie aussi compliquée.
Dans la construction personnelle du patron de Renault, il y a aussi la figure de son grand-père, Béchara Ghosn, Libanais maronite, presque illettré et sans argent, qui s’installa à Porto Velho, en Amazonie, où son petit-fils verra le jour. Débrouillard, ce pionnier créera plusieurs sociétés, dont une dans le transport aérien, que reprendra son fils.

Next city
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Thème: urbanisme.

Justin Salhani consacre un long article sur la couverture électrique du Liban.
A Beyrouth, les coupures de courant durent 3 heures par jour sur une rotation horaire de quatre jours. Avec la chaleur d’été et l’utilisation accrue de la climatisation, qui provoque une réelle tension sur le réseau électrique et qui produit encore plus de coupures d’électricité, Beyrouth fait mieux que le reste du pays, où les résidants peuvent bénéficier de 18 heures de courant par jour. Samir Daher, conseiller financier du Premier ministre Najib Mikati, a déclaré que le problème de l’électricité au Liban pouvait être résolu dans un an et demi, mais les querelles politiques empêchent cela de se produire.
Même si la stratégie de Gebran Bassil devait être mise en œuvre, il y a la question des opérateurs de générateurs qui se font de grosses commissions, en l’absence de l’Etat. Une grande partie du pays vit grâce aux générateurs, surtout à l’extérieur de Beyrouth. A Bab el-Tebbané, par exemple, 76% des habitants gagnent moins de 500 $ par mois et ils doivent payer 75 $ pour les générateurs.

Alhayat
Pays: Arabie saoudite.
Ville: Londres.
Périodicité: quotidien.
Diffusion: 130 000 exemplaires.

Le quotidien panarabe décrivait le Liban comme «l’Etat fédéral du Levant».
70 ans après son indépendance, il semble que le Liban ait perdu sa raison d’être en tant qu’Etat souverain. Son histoire n’est qu’une interminable série de crises, avec quelques périodes de calme et de cessez-le-feu. La crise du pays s’intensifie autour de l’identité, de l’entité et de la définition du monde arabe et en particulier du Levant. Des voix appelant à un changement radical commencent à se faire entendre. Ces appels vont dans deux directions: soit la séparation sur des bases ethnico-religieuses, soit une fédération au sein des frontières du territoire libanais, comme celle dessinée par l’accord de Sykes-Picot. Les deux alternatives ne feront que renouveler les crises et ouvrir la porte à des conflits et à l’incapacité de construire une économie prospère.
A une époque où les Etats-nations, construits au XIXe siècle, s’effondrent et où les projets impériaux deviennent une menace face à la cohésion interne qui vacille dans les Etats arabes, de nouveaux cadres doivent être considérés pour limiter au strict minimum les frottements ethniques, sectaires et régionaux.

La Libre belgique
Genre: quotidien.
Langue: français.
Diffusion: 43 000 exemplaires.

Le journal belge s’intéresse au foisonnement des applications smartphones au Liban.
Quand nos proches sont en danger, c’est à ce moment-là qu’on réalise que la vie ne tient qu’à un fil. Mohammad Taha en a fait l’expérience l’année dernière lorsque sa femme et son fils se sont retrouvés au cœur d’une fusillade à Beyrouth. Le développeur et son entreprise LarochSoft ont créé une application communautaire gratuite pour smartphones baptisée Happin. Le but de cette application est d’échanger des informations, en temps réel, sur divers incidents: manifestations, barrages routiers, situations dangereuses et simples embouteillages.
Une application comme Shazam, spécialisée dans les coups de feu, va voir le jour grâce à Firas Wazné. Cet ancien étudiant en télécoms et réseaux, à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, peaufine son projet, Way To Safety. L’application pourra identifier le type d’arme utilisé grâce au bruit des balles.

Julien Abi Ramia

Related

La sonnette d’alarme

Le Liban toujours en suspens

Destins croisés

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.