En 2012, Sons of the Prophet, sa pièce de théâtre, a été sélectionnée comme l’une des finalistes du prestigieux prix Pulitzer. Que ce soit dans l’écriture de cette pièce ou à d’autres occasions, Stephen Karam n’hésite pas à puiser dans ses origines libanaises. Son talent est aujourd’hui bien connu outre-Atlantique.
Qu’est-ce qui lie Stephen Karam qui a grandi à Scranton, en Pennsylvanie, autant au Liban? Pour quelles raisons cet auteur est-il passionné par Gibran Khalil Gibran?
L’homosexualité sans tabou
Pour comprendre sa relation à notre pays, il faut plonger dans les origines de Karam. Son grand-père et son oncle sont nés au Liban. Ils ont émigré de Zghorta quand ils avaient presque vingt ans. En Pennsylvanie, Stephen Karam a été élevé dans la foi de ses grands-parents et assistait à une messe maronite dans l’ouest de Scranton. Pas surprenant alors que dans Sons of the Prophet plusieurs points évoquent ses racines. La pièce relate l’histoire de deux frères Joseph Douaihy, 29 ans, et Charles, 18 ans, qui vivent dans un quartier délabré de Nazareth, en Pennsylvanie. La famille Douaihy a émigré du Liban et sont des parents éloignés de Gibran Khalil Gibran. Joseph et Charles demeurent seuls après la mort de leur père dans un accident. Cet accident est causé par une star locale de football, Vin, envoyé à un centre de détention pour mineurs en guise de punition.
Après la mort de leur père, les frères sont obligés, non seulement de prendre soin d’eux-mêmes, mais aussi de leur oncle Bill qui a des douleurs mystérieuses. Pour payer l’assurance de son oncle, Joseph va travailler pour Gloria, éditrice. Cette dernière va tenter de le convaincre d’écrire un livre sur sa famille. Joseph, qui est homosexuel, commence une histoire d’amour avec un journaliste.
Dans cette pièce, Stephen Karam se révèle beaucoup. Dans une interview, il explique que, comme Joseph, il est lui-même homosexuel. Il relate aussi que le nom de famille Douaihy lui est bien familier. Jeune, il a grandi à quelques blocs de cette famille à Scranton. Le père d’origine libanaise avait deux filles qui étaient un peu plus âgées que Stephen. Elles fréquentaient la même école secondaire publique que lui. «Elles étaient non seulement des compatriotes libanaises maronites, mais également homosexuelles. Oui, deux sœurs, deux lesbiennes fabuleuses. Les deux m’ont beaucoup inspiré». Ce qui a inspiré aussi Stephen Karam c’est la visite qu’il a effectuée au Liban. Il a découvert alors non seulement le pays mais aussi le peuple libanais. Il a visité le Nord, les montagnes et il est passé par Zghorta (d’où sa famille est originaire), mais également Ehden, Bécharré, la ville natale de Gibran. Karam explique: «Le Liban possède sa propre part de douleur chronique. Pendant des siècles, il a souffert de tous les côtés. C’est aussi un pays qui a résisté à l’effondrement, qui a pu sans cesse se reconstruire. Les Libanais sont incroyablement inspirants. Malgré leur histoire difficile, ils ont toujours eu une forte capacité de résistance». Un bel hommage à un pays qui ne doit pas tarder à découvrir Stephen Karam.
Pauline Mouhanna, Illinois, Etats-Unis.
Une pièce à succès
Outre le fait qu’elle soit finaliste du prix Pulitzer en 2010, c’est grâce à Sons of the Prophet que Stephen Karam est vainqueur du prix Drama Critics Circle, Outer Critics Circle et du prix Lucille Lortel. La presse a également salué le talent de Stephen Karam. Le New York Times parle d’une pièce exceptionnelle écrite avec perspicacité et compassion. Pour le Variety Reviewer, Karam, qui a déjà fait ses preuves dans le passé, démontre que son talent est transgénérationnel.