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Nº 2892 du vendredi 12 avril 2013

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Ali Awad el-Assiri, ambassadeur d’Arabie saoudite. La stabilité ramènera les touristes saoudiens

Ali Awad el-Assiri est un diplomate qui prend son rôle très au sérieux. Il fait preuve d’une grande retenue en commentant les questions libanaises. Prudent, il estime que le retour de la stabilité au Liban ramènera les touristes saoudiens. Tour d’horizon avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite.

On remarque que vous redoublez d’activité. Quelle impression vous a laissée votre tournée sur les divers responsables?
J’ai, en effet, rencontré dernièrement un grand nombre de responsables dont le président de la République, le général Michel Sleiman, le chef de l’Assemblée, le président Nabih Berry, le Premier ministre, Najib Mikati, le cardinal maronite Béchara Raï. J’ai aussi présenté mes vœux au président désigné, Tammam Salam. Par ailleurs, j’ai pris contact avec plusieurs personnalités politiques de tendances diverses. Ce que je peux dire c’est que tout le monde est attaché à l’intérêt supérieur du Liban et œuvre à instaurer un climat pacifique à tous les niveaux. J’ai également perçu de bonnes intentions de la part de tous pour ce qui est de la consolidation de l’unité nationale et de la conduite du Liban vers une nouvelle étape à la mesure des espoirs de tous les Libanais.

Depuis le règne du regretté roi Abdel-Aziz Al Saoud, le royaume accorde un intérêt particulier au Liban. Quelle en est la raison?
Cet intérêt est lié en premier lieu à la nature des relations libano-saoudiennes. Celles-ci sont à caractère humain plus que diplomatique ou protocolaire. Il existe une osmose entre les deux peuples à travers les mariages mixtes, l’afflux des citoyens saoudiens pour passer l’été au Liban, sans oublier les centaines de milliers de nos frères libanais résidents au royaume pour y travailler ou y investir. Tous ces éléments consolident les liens libano-saoudiens confirmés par les autorités des deux pays à plus d’une occasion. Du côté saoudien, j’aimerais m’arrêter sur les accords de Taëf, l’aide au développement et à la reconstruction à la fin de la guerre et les aides apportées par l’Arabie au Liban après l’agression israélienne de 2006.

Quel regard porte l’Arabie saoudite sur la désignation du président Tammam Salam à la tête du prochain gouvernement?
L’Arabie apprécie tous les leaders libanais et encourage tout ce qui favorise l’intérêt national et l’unité du peuple libanais. Le communiqué publié par le Conseil des ministres saoudiens, il y a quelques jours, traduit bien l’espoir que l’Arabie met dans la stabilité et la prospérité du Liban, après la nomination du président Tammam Salam suite à la démission du précédent gouvernement. Le Conseil a également souligné l’attachement de l’Arabie au développement de ses relations privilégiées avec la République libanaise.

Selon vos prévisions, le Liban réussira-t-il à mettre sur pied un nouveau cabinet à l’ombre des profondes divergences politiques?
Il est certain que les divisions politiques ne sont pas dans l’intérêt du Liban, ni dans celui de l’un des camps. Tout ce qui porte préjudice à la nation, se répercute sur tous ses fils. En parallèle, tout ce qui consolide son unité nationale influe sur toutes ses composantes. Il pourrait y avoir des divergences sur certains sujets entre les divers bords libanais, ce qui est légitime, chacun ayant une lecture différente de la conjoncture et des données, mais que le fossé continue à se creuser est dangereux et pourrait avoir des répercussions négatives sur la situation générale dans le pays. Mais, les bonnes intentions que j’ai perçues et les déclarations positives exprimées par les diverses forces, nous encouragent à dire que l’entente est une priorité pour tous.

Quelle forme prendra ce nouveau gouvernement? S’agira-t-il d’une équipe neutre ou d’un gouvernement d’union nationale ou encore d’un gouvernement de salut composé des principaux pôles?
La forme du futur gouvernement et tous les détails techniques concernant sa composition sont du seul ressort des Libanais. Le principe avancé par le président Salam est éloquent: un gouvernement d’intérêt national. L’impulsion que connaît la scène politique et la volonté de toutes les parties de faciliter la mission du nouveau gouvernement vont, inch’allah, mener à une phase meilleure.

Comment évaluez-vous la politique libanaise vis-à-vis de l’Arabie saoudite?
La politique adoptée par le Liban vis-à-vis du royaume est une politique équilibrée parrainée par le président Michel Sleiman et tous les responsables officiels. Elle est basée sur les relations fraternelles historiques qui lient les deux pays.

Les élections législatives sont au cœur de l’actualité et les Libanais n’ont pas réussi à s’entendre sur une loi équitable et équilibrée. Pensez-vous que les élections puissent avoir lieu dans les délais prévus?
Les consultations restent ouvertes, et nous entendons dire que plusieurs étapes ont été franchies pour parvenir à une entente sur un projet mixte qui satisferait tout le monde. Notre espoir est qu’une loi assurant la bonne représentativité de tous les bords fasse l’unanimité et que les législatives qui représentent la base de la démocratie libanaise puissent se dérouler.

On a récemment remarqué une vague de ventes des propriétés des Saoudiens au Liban, comme le Mövenpick Hotel, le Four Seasons et autres. Comment expliquez-vous cela?
Je crois que les données sont exagérées. En fait, les investisseurs recherchent surtout la stabilité sécuritaire et politique. Si ces deux éléments basculent, cela peut entraîner certaines appréhensions.

Le gouvernement saoudien a recommandé à ses ressortissants d’éviter de venir au Liban. Est-ce à cause des difficultés à les rapatrier en cas de détérioration de la situation ou parce que le Liban n’est pas capable d’assurer leur protection?
J’ai précisé, à plus d’une reprise, que la décision saoudienne n’a pas atteint le stade de l’interdiction. Il s’agissait d’une mise en garde à la lumière des événements qui ont eu lieu: blocage de routes, enlèvements etc… A aucun moment, l’Arabie n’a sciemment voulu nuire à l’économie libanaise. Au contraire, le royaume cherche à apporter son aide pour que l’économie libanaise prospère. Je pense que, une fois l’accalmie politique et la stabilité sécuritaire retrouvées, et que les motifs de la déstabilisation sont éliminés, les touristes reprendront le chemin du Liban, les Saoudiens en particulier.

Etes-vous parmi les optimistes qui croient à un été prometteur au Liban?
L’Arabie saoudite – autorités, gouvernement et peuple – est très attachée à la prospérité et au développement de l’économie libanaise et à la réactivation du secteur touristique. Nous souhaitons la renaissance du tourisme, nous voulons que le Liban retrouve son caractère attractif pour les touristes arabes et étrangers, Saoudiens en tête. Mais cela nécessite, de la part des forces politiques libanaises, la diffusion d’un climat de confiance et de tranquillité à travers l’aboutissement à des règlements politiques et, en particulier, à travers le contrôle de la situation sécuritaire en éliminant les raisons qui ont entravé et entravent le retour des touristes.
A cet égard, j’espère que tous les camps s’accordent rapidement sur la formation du nouveau gouvernement présidé par Tammam Salam et lui apportent le soutien nécessaire pour qu’il mène à bien sa mission. Cela représentera une issue à une décrispation sur la scène locale et prouvera que le Liban est sur la bonne voie qui le mène à plus de stabilité et de pacification.

Votre avis sur les agressions quasi-quotidiennes de l’armée syrienne sur les villages frontaliers au Nord?
Je crois que l’Etat libanais constitue une bonne référence en la matière, puisque c’est un sujet qui touche à sa souveraineté. Il dispose seul du droit d’adopter la position qui lui semble la plus adéquate à cet égard.

Propos recueillis par Elias Maalouf

 

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