Magazine Le Mensuel

Nº 2892 du vendredi 12 avril 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Joumblatt se réfugie chez Arslan
La visite du député Walid Joumblatt à la demeure du député Talal Arslan à Khaldé a été qualifiée «d’asile politique» par un observateur, après que le seigneur de Moukhtara eut désigné Tammam Salam comme candidat à la présidence du Conseil en renonçant au président Najib Mikati qu’il s’était engagé à appuyer, de concert avec les présidents Michel Sleiman et Nabih Berry. Mais il a fini par se rétracter après l’intervention de l’Arabie saoudite dans ce dossier. Une démarche qui s’est répercutée sur les relations du Bey avec le Hezbollah qui, lui, souhaitait le retour du président Mikati. Joumblatt a ainsi voulu ressouder les rangs druzes pour faire face à toute éventualité après les derniers événements sécuritaires qui ont eu lieu dans la montagne et qu’il considère comme dirigés contre lui.

 

Berry lorgne le perchoir
A ce stade, le chef du Législatif, Nabih Berry, a entamé les préparatifs pour assurer sa reconduction à la tête du Parlement, comme l’avancent des sources politiques. Dans cette perspective, il donne la priorité aux bonnes relations sunnites-chiites pour étouffer toute éventuelle fitna et protéger le pays contre les incidences de la crise syrienne. Pour atteindre cet objectif, il doit œuvrer pour un rapprochement entre le Moustaqbal et l’ex-Premier ministre, Saad Hariri d’une part, et le Hezbollah de l’autre. Il souhaiterait relancer le dialogue entre les deux parties et créer un climat favorable au retour de Saad Hariri au Liban pour réhabiliter l’option «du sunnisme modéré» face à l’extrémisme.

 

Mikati n’est pas une «victime»
«Je vais rentrer à Tripoli, ma ville, et poursuivre mes contacts au niveau national pour consolider l’option centriste qui a prouvé son mérite, sa capacité à briser les alignements antagonistes et à promouvoir un projet salutaire pour le Liban». C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre démissionnaire Najib Mikati à la question que lui posait un journaliste. Mikati a refusé, par ailleurs, l’étiquette de «seule victime» de la démission du gouvernement, qu’on cherche à lui coller. «Ceci n’est pas vrai. Et si c’était vrai, servir le Liban vaut tous les sacrifices. J’espère que la porte qui s’est ouverte mènera le Liban vers une sortie du tunnel dans lequel ses ennemis tentent de le fourvoyer», a-t-il conclu.

 

Légitimité du Conseil constitutionnel
Les composantes du 8 mars, notamment le Courant patriotique libre (CPL), attendent que le président de la République, Michel Sleiman, transfère une quelconque loi électorale adoptée par l’Assemblée devant le Conseil constitutionnel pour remettre en question la légitimité de ce conseil qui n’a pas effectué le tirage au sort qui doit mettre un terme au mandat de cinq de ses membres. Un ex-ministre indique cependant qu’un amendement apporté au règlement interne du conseil a suspendu la formule du tirage au sort. Il estime que l’attitude du 8 mars est foncièrement politique et n’a pas sa raison d’être constitutionnelle après la validation de l’annulation du tirage avec effet rétroactif.

Exploitation électorale
Exploitation politique et électorale par le ministre de l’Energie Gebran Bassil de l’inauguration du barrage de Janné dans la région centrale de Jbeil, événement auquel il avait invité le général Michel Aoun et les députés du CPL. Selon des notables de la région, dont un maire, c’est le président Michel Sleiman qui est derrière l’exécution du projet, c’est lui qui avait œuvré pour assurer son financement. Il avait promis à une délégation de maires qui s’était rendue à Baabda qu’il veillera à ce que le barrage soit terminé avant la fin de son mandat.

Adwan consulte
Maintenant que la polémique sur le projet de loi orthodoxe a cédé la place à la formule mixte, le député des Forces libanaises, Georges Adwan, a initié une consultation à ce sujet auprès d’un ex-ministre de la Justice, expert en droit constitutionnel. Celui-ci a été surpris par cette requête surtout qu’elle provient d’un député avocat. Le spécialiste juge que la loi mixte est anticonstitutionnelle et illégale. Toute loi devrait être basée sur l’égalité entre tous les Libanais et sur l’esprit du Pacte national, rappelant à cet effet la décision du Conseil d’Etat adoptée en 1996. Celle-ci souligne la nécessité de l’élaboration d’une loi qui s’appliquerait uniformément à tous les citoyens. Interrogé à ce sujet par un député, le président Nabih Berry, chantre de la loi mixte, a reconnu la pertinence de l’analyse faite par l’expert et indiqué qu’un recours en invalidation devant le Conseil d’Etat pourrait la bloquer.

Un neutre aux Affaires étrangères
Le portefeuille des Affaires étrangères devrait être confié à une personnalité non partisane, estiment certains acteurs politiques, parce que le ministre en charge doit exprimer le point de vue de l’Etat et non celui du parti qu’il représente, comme ce fut le cas pour Adnan Mansour. Le ministre démissionnaire des Affaires étrangères avait mis la tribune du palais Bustros au service de l’ambassadeur syrien, Ali Abdel-Karim Ali. Il s’était aussi abstenu de lui remettre une lettre de protestation adressée aux autorités syriennes lorsque Damas a mené ses agressions sur le Liban-Nord. Les visiteurs de Baabda indiquent que le président Michel Sleiman est mécontent de la façon dont le ministre Mansour a géré sa fonction. De plus, il a carrément négligé la diaspora libanaise pendant son mandat.

Sleiman, un bon lecteur
Certains membres du secrétariat général du 14 mars ont critiqué le président Michel Sleiman pour avoir laissé passer une clause incluse dans le communiqué final du sommet de Doha concernant «l’appui au Liban, à son gouvernement, à son peuple et à son droit à résister pour libérer le reste de son territoire occupé». Le député Marwan Hamadé a, en revanche, fait l’éloge du chef de l’Etat: «Il a défendu, lors du sommet, les intérêts et les sentiments du peuple libanais et exprimé une position nouvelle en concordance avec l’évolution de la situation. Il a bien décrypté la nouvelle carte politique de la conjoncture arabe».

 

Trafic d’organes et d’enfants
Les souffrances des réfugiés syriens s’intensifient avec les trafics humains de toute espèce dont ils sont victimes. Des travailleurs sociaux ne cachent pas leur inquiétude quant aux informations qui circulent à ce sujet. Des témoins oculaires venus de la région d’Alep, d’un village d’Aazaz, racontent l’histoire de cet homme transporté à l’hôpital hors des frontières suite à une blessure à la jambe, qui a été remis aux siens par la suite sans vie et vidé de ses organes. Ou encore de cette femme enceinte admise à l’hôpital pour accoucher et qui n’a pas réussi à voir son bébé, mort-né d’après les responsables de l’établissement. Dans le même registre, des déplacés syriens auraient reçu des offres pour l’achat de leur rein à un prix attrayant incluant une prise en charge totale de l’intervention chirurgicale et des soins postopératoires. Il existe une mafia régionale active, semble-t-il, qui exploite la misère des familles déplacées en s’adonnant au trafic d’organes humains et d’enfants. La dernière enquête internationale effectuée au sujet de ce type de commerce criminel a eu lieu au Kosovo, des fonctionnaires onusiens et des chefs de milices y avaient été impliqués.

Le ravisseur est un trafiquant
Le ravisseur des huit ouvriers syriens alaouites à Wadi Khaled s’appelle Hussein Fahd el-Ahmad. Il les avait enlevés le 1er avril, non loin du passage de Jisr Kamar, pour réclamer en contrepartie la libération de son neveu, Mohammad el-Ahmad, arrêté en Syrie. La source locale qui rapporte cette information révèle que le ravisseur est le frère de Sleiman Fahd el-Ahmad qui avait réussi à faire fortune grâce à toutes sortes de trafic à travers la frontière au cours des années passées avec la complicité d’un général des Renseignements syriens, nommé Moustafa Tager. Sleiman avait transféré son commerce en Egypte après la détérioration de la situation en Syrie, tout en conservant ses liens avec Tager, via son neveu Mohammad, qui a été appréhendé depuis un an en Syrie pour avoir importé et distribué des pilules de Captagon (un psychostimulant). L’homme avait auparavant été arrêté par la police dans l’un des pays du Golfe où il avait été également accusé d’avoir introduit ce genre de pilules. Il aurait été relaxé plus tard sur intervention, dit-on, de l’ex-Premier ministre, Saad Hariri. Le ravisseur des ouvriers syriens est actuellement le gérant des affaires de son frère Sleiman au Liban, il aurait transporté les otages vers une région montagneuse située entre Haïché à Wadi Khaled et les montagnes d’Akroum.

La fête de Pâques à Dahié
Les manifestations festives qui ont eu lieu dans certains quartiers de la banlieue sud à l’occasion de la célébration de Pâques ont interpellé les observateurs. Des banderoles portant l’inscription «Al Massih Kam, Hakan Kam» (Le Christ est ressuscité) ont été hissées dans les rues principales à Haret Hreik et Mrayjé où des images du Christ et des symboles religieux chrétiens ont fait leur apparition. Toutes ces expressions, malgré leur importance, ne suffisent pas à refléter le climat de tolérance et surtout la solidité de l’alliance politique entre chrétiens et chiites. Le document d’entente entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) aura contribué à la réduction du fanatisme et au renforcement de la paix civile et de l’unité nationale, malgré l’ambiance régionale bouillonnante.

Le passage stratégique vers Homs
Le bombardement d’un point proche de la frontière avec Ersal par l’armée syrienne, le 3 avril, constituait une mise en garde adressée aux éléments armés libanais et syriens de s’abstenir de se diriger vers le passage frontalier au niveau des projets de Qaa-Joussé sur la route de Baalbeck-Homs. Là où se déroulent des combats déterminants entre les soldats syriens et les groupes armés à Homs et Koussayr, proches du village de Hermel. La source politique, qui suit le va-et-vient à la frontière, révèle l’existence de deux points de passage pour le trafic d’armes et l’infiltration des combattants vers l’intérieur syrien: celui de Joura-Joussé et celui de Ersal dans les montagnes des chaînes est. Le premier passage est le plus facile à traverser et ne nécessite que quelques kilomètres de marche, contrairement à celui de Ersal plus éloigné de Homs et exigeant, pour y accéder, la traversée de dizaines de kilomètres. C’est pourquoi les combattants libanais et syriens en provenance de Ersal cherchent à contrôler la région de Joura dans les projets de Kah, de Tell el-Hanash et Joussé Kharaba en Syrie parce que ce sont des passages stratégiques vers Homs et Koussayr.

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