Magazine Le Mensuel

Nº 2892 du vendredi 12 avril 2013

Associations

Les Petits Soleils. Une incrimination contre une discrimination

Fondée par le Dr Noha Baz, en 1997, Les Petits Soleils est une association caritative libanaise, dont l’objectif est d’apporter des soins médicaux aux enfants. C’est ainsi que, dans le cadre d’un déjeuner de charité organisé au Musée des minéraux de Salim Eddé (non encore ouvert au public), le Dr Baz a profité de cette occasion pour remercier les femmes des différents diplomates pour leurs donations. A noter que l’association Les Petits Soleils a reçu la Palme d’or pour ses différentes œuvres caritatives. Magazine a rencontré la fondatrice de l’association.

Pouvez-vous, en quelques mots, nous raconter votre parcours?
L’association Les Petits Soleils est née dans le but d’éliminer tout acte discriminatoire et injuste qui s’exerce tous les jours dans les hôpitaux à l’égard des enfants. Elle est née pour mettre fin à cette pensée inhumaine qui consiste à considérer que les enfants pauvres et/ou étrangers «viennent polluer les consultations des médecins». Elle est née aussi afin de secourir tout enfant défavorisé indépendamment de son appartenance religieuse, ethnique, politique ou sociale.

Comment et pourquoi vous est venue l’idée de créer une telle association?
C’était en mai 1983, lorsque je fus témoin de l’acte le plus odieux et le plus ignoble qu’on puisse jamais voir. J’étais interne en médecine aux urgences d’un grand hôpital de Beyrouth, lorsqu’un père a vu son enfant de huit ans s’éteindre aux portes de ce bâtiment, parce qu’il ne disposait pas des moyens financiers pour couvrir les frais hospitaliers. Je pris la décision à ce moment-là de créer une association qui prendrait en charge des cas pareils une fois que j’aurais fini mes études.

L’un des défis premiers de tout Etat est de créer des infrastructures de recherche et d’enseignement dans le domaine de la santé, d’intervenir en cas d’épidémies, d’assurer la salubrité et d’agir de manière égalitaire vis-à-vis de tous les citoyens. Au Liban, le système de santé va mal, notamment parce que la prise en charge publique des soins est en recul.
Sans la société civile, l’Etat ne fonctionnerait pas. Il s’agit de mettre le point sur un fait essentiel: nous ne sommes pas ici pour remplacer l’Etat, mais pour l’épauler. Nous ne sommes pas conscients des situations ahurissantes qui nous entourent et qui frappent beaucoup d’entre nous. L’Etat devrait réellement s’en rendre compte et agir, parce que parier sur l’enfance c’est parier sur l’avenir d’un pays. Il est primordial de refaire les institutions étatiques, de revoir le principe de citoyenneté et de transmettre l’éducation sanitaire. La responsabilité civique commence avec chaque citoyen.  

Les inégalités d’accès aux soins se produisent dans un contexte marqué par des inégalités sociales de santé. En d’autres termes, ce sont les plus pauvres qui sont davantage malades. Qu’en pensez-vous? Quelles solutions apportez-vous?
Il est vrai que le manque de confort et qu’un état de pauvreté persistant ont des conséquences néfastes sur la santé de tout enfant. Nous nous devons, en tant que citoyens du monde, de lutter contre toute exclusion sociale, mais aussi contre l’insalubrité qui touche certaines régions du Liban. Le lien direct entre le niveau socioéconomique et la santé est très étroit. Gardons-nous de le préserver de toute atteinte.

Propos recueillis par Natasha Metni
 


 

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