Le gouvernement en gestation portera le numéro six dans la liste des cabinets formés depuis 2005, date de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, et du retrait syrien du Liban. Les événements qui se sont succédé ont pesé sur les désignations des Premiers ministres et sur la formation des cabinets.
L’explosion qui a coûté la vie à Rafic Hariri a provoqué un tel bouleversement sur la scène intérieure qu’il a été urgent de faire appel à une équipe capable d’organiser et de superviser les élections législatives qui devaient avoir lieu quelques mois plus tard. C’est ainsi qu’a vu le jour le premier cabinet de Najib Mikati.
Cinq gouvernements ont suivi depuis cette époque comptant 128 ministres, dont dix-neuf ministres d’Etat. Certains partis ont conservé les mêmes maroquins dans tous les gouvernements. D’autres sont passés d’un camp à l’autre, et d’autres enfin ont créé un conflit suivi d’une crise ministérielle retardant de plusieurs mois la formation du cabinet. La Déclaration ministérielle est une autre cause des retards dans la formation des gouvernements. Chaque mot était étudié et discuté, ainsi que chaque tournure de phrases, histoire de définir les priorités.
Certains partis n’ont pas participé à tous les gouvernements depuis cette période, tel le Courant patriotique libre (CPL), qui n’était pas représenté dans le premier cabinet Mikati, ni dans celui de Fouad Siniora. Il s’est néanmoins rattrapé dans les gouvernements qui ont suivi avec dix-neuf ministres. Le Courant du futur était représenté dans quatre des cinq gouvernements, mais ne l’a pas été dans le dernier cabinet Mikati. Il a compté dix-huit ministres dans ces quatre gouvernements.
Les Forces libanaises et le parti Kataëb ont eu des parts limitées à cinq ministres pour les premières, et trois pour le second, et n’ont pas siégé dans le cabinet démissionnaire de Mikati.
D’autres partis ont obtenu des maroquins dans les cinq gouvernements. Amal a eu droit à treize ministres dans des cabinets successifs. Le Parti socialiste progressiste (PSP) en a compté douze et le Hezbollah huit seulement.
L’attribution des portefeuilles est l’un des principaux problèmes dans la formation de tous les gouvernements. Cependant, certains furent des constantes pour certains partis. Les ministères des Affaires étrangères et de la Santé publique étaient réservés à la communauté chiite. Ils ont été occupés par des ministres du mouvement Amal. Les Finances et l’Education nationale sont le privilège de la communauté sunnite. Le président de la République, depuis son élection, a réclamé le portefeuille de l’Intérieur pour un maronite proche de la présidence, alors que la communauté orthodoxe se voyait attribuer le portefeuille de la Défense. Le PSP a occupé le ministère des Déplacés depuis 2005 et celui des Travaux publics dans quatre des cinq gouvernements.
Le portefeuille des Télécoms, objet de conflit actuellement, est passé des mains du 14 mars, avec le ministre Marwan Hamadé, à celles du 8 mars, avec les ministres Gebran Bassil puis Nicolas Sehnaoui. Le ministère du Travail a été le plus souvent le lot d’un ministre du 8 mars, sauf quand il a été octroyé au ministre Boutros Harb. Le ministère de l’Energie est demeuré entre les mains du 8 mars, alors que le 14 mars conservait celui de la Justice dans quatre gouvernements. Dans le second cabinet Mikati, où le 14 mars n’était pas représenté, il est revenu au Courant patriotique libre. Les autres portefeuilles ont passé de main en fonction des partis représentés au sein du cabinet.
Depuis 2005, le problème de la formation des gouvernements est de plus en plus crucial. Les communautés et les partis se disputent les portefeuilles des ministères souverainistes et de services publics. Arriverons-nous à nous en sortir?
Arlette Kassas