La galerie Jacques Ouaiss expose, du 18 jusqu’au 26 avril, les œuvres de trois jeunes talents libanais, Carla Baz, Salim Attieh et Nayla Gabriel, dans le cadre d’Artistes à découvrir, à l’initiative de Lorraine Ouaiss. Meubles design, tableaux et sculptures inscrits dans l’air du temps.
«Lancer des jeunes talents libanais», telle est l’idée qui a poussé Lorraine Ouaiss à organiser cette exposition Artistes à découvrir, dont le vernissage a eu lieu le jeudi 18 avril et qui se poursuit, aujourd’hui encore, vendredi 26, à la galerie Jacques Ouaiss. Chacun des trois artistes, Carla Baz, Salim Attieh et Nayla Gabriel, a son domaine artistique, son mode d’expression et tout un univers suggestif et particulier qui se dégage de chaque pièce.
Pour les meubles design de Carla Baz, c’est en même temps la noblesse des matériaux, la pureté des lignes, l’élégance de la pièce. Banc traversé au milieu par un large vase transparent, table en bois au centre de laquelle repose un large plat comme une entité même de la pièce, une série de bancs et tables de couleur rouge et noir en bois mat et laqué où se reflète l’environnement comme dans un effet miroir… Carla Baz privilégie le design épuré, la qualité intemporelle pour créer des pièces à multi-usages, ayant chacune son identité propre, mais pouvant s’incorporer dans n’importe quel contexte. Avec cette vingtaine de pièces, l’artiste signe sa première collection de meubles design, six mois seulement après son retour au Liban. C’est à Paris d’abord qu’elle a effectué des études d’architecture intérieure à l’Esag Penninghen, suivies d’un mastère en design produit pour l’industrie de luxe à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne où elle a eu l’opportunité de travailler sous la direction de plusieurs designers internationaux comme Ronan Bouroullec, Marti Guixé, Umberto et Fernando Campana… Ses stages auprès de Burberry, Vivienne Westwood et Zaha Hadid lui ont permis d’explorer plusieurs domaines professionnels, avant de se décider à retourner au pays natal, pour exposer sa première collection. Une collection née essentiellement d’un désir profond de revisiter les techniques artisanales. C’est que Carla Baz croit profondément que le design est une affaire de tandem avant tout, de collaboration entre le designer et l’artisan. Et le travail des artisans libanais, contrairement à une idée répandue, est parmi les plus aboutis. Preuve en est: la subtile et fine exécution de ses meubles, de ses pièces élégantes et modernes.
Modernité également pour Salim Attieh, diplômé en illustration et graphic design de la Saint Martin School à Londres et en animation 2D et 3D à l’Escape Studios. Ses tableaux «mixed media» sur toile, sur tôle ou plexiglas, attirent le regard par leur foisonnement de formes, de couleurs et d’images. Des tacots-taxis, des panneaux signalétiques, des plaques d’immatriculation, une femme vamp… des détails glanés çà et là au fil de ses pérégrinations de Dubaï, à Londres jusqu’en Arabie saoudite et récemment au Liban, son pays dont «il n’aimait pas la mentalité des gens… dit-il. Pourtant, depuis que je suis de nouveau au Liban, mon impression change peu à peu. Finalement ce pays m’intrigue». Et ses œuvres reflètent ce côté intriguant, ces mille et une curiosités décelables dans chaque toile, dans chaque détail qui réveille une multitude de sensations tout à la fois.
Plongée dans un tout autre univers à la contemplation des sculptures de Nayla Gabriel. Des sculptures sous forme d’arbres miniatures protégés dans des boîtiers en plexiglas. Poésie, subtilité et sensations à fleur de peau… l’arbre a fasciné cette jeune artiste polyvalente, qui a effectué des études d’économie, de sciences politiques et une formation artistique chez Christie’s. Ses arbres, finement créés à partir de fils métalliques, laissent pendre leurs branchages de façons différentes, décorés au bout par de petites perles, des cristaux, des bouts de papier en forme de main, de drapeaux libanais, des araignées, des papillons, des libellules… Un travail minutieux et fascinant qui ouvre bien grandes les portes de l’imaginaire et de la sensation.
Il vous reste aujourd’hui encore à découvrir le talent de ces jeunes artistes, à la galerie Jacques Ouaiss, rue Salim Bustros.
Nayla Rached