Sur fond de conflits politiques internes sans fin, tant le pouvoir exécutif que le pouvoir législatif négligent d’une manière révoltante le volet des filets sociaux susceptibles de préserver un minima de sécurité sociale aux salariés qui ont fait valoir leur droit à la retraite à l’âge de 64 ans. En l’absence de statistiques officielles, il a suffi de se référer aux chiffres publiés par les différentes agences des Nations unies pour tirer la sonnette d’alarme. D’après cette source, la population libanaise deviendrait progressivement vieillissante vu la durée de vie. Les personnes âgées de plus de 65 ans, qui représentaient en 1970 moins de 12% du total du nombre des enfants de moins de 15 ans, sont aujourd’hui de l’ordre de 35%. Ce phénomène prendrait davantage de l’ampleur avec la régression de la natalité.
Une autre approche de l’analyse des chiffres montre qu’au cours de cette décade, le nombre d’enfants (de moins de 15 ans) résidant dans le pays passerait de plus d’un million en 2010, à 840000 en 2020, et à 560000 en 2040, soit à 48% de leur nombre en 2010. Parallèlement, le nombre des personnes âgées progresserait de 308000 en 2010 à 337000 en 2020 et à 564000 en 2040, soit un accroissement de 83% au cours de trois décennies. D’après l’ancien directeur de la branche-maladie et maternité à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Jamil Malak, le mécanisme légal à suivre pour que tous les anciens salariés inscrits auparavant à la CNSS préservent une couverture maladie est simple contrairement à ce que d’aucuns avancent. Il a expliqué que les salariés inscrits à la CNSS et qui profitaient avec les membres de leurs familles de la couverture santé et ont perdu celle-ci, soit parce qu’ils ont atteint l’âge de la retraite ou en raison d’une impuissance physique ou en cas de décès, pourraient continuer à bénéficier des services de la CNSS du fait qu’ils sont considérés comme une tranche de la population ayant un besoin pressant d’une couverture santé permanente. Pour que cette formule soit légale, il suffit d’un décret pris en Conseil des ministres conformément aux dispositions de l’article 9 de la loi sur la CNSS, affirme la même source. Cet article, dans son alinéa h, stipule que des décrets sont adoptés en Conseil des ministres sur base d’avis du CNSS et sur proposition du ministre du Travail pour que chauffeurs de taxi, artisans et d’autres catégories de citoyens puissent profiter des prestations des différentes branches de la CNSS. Ce qui s’est passé jusqu’à ce jour c’est la mise en application de l’article 11 de la CNSS sur l’adhésion facultative à la Caisse à compter de 2004. Depuis cette date, le nombre de nouveaux adhérents a culminé à 35000. Mais compte tenu de la qualité des services fournis et de l’impossibilité d’assurer une couverture santé appropriée vu l’inexistence d’un financement adéquat, le nombre d’adhérents facultatifs a reculé d’une manière drastique à près de 7500. Ceci est intervenu à la suite de la décision de la CNSS de suspendre toute nouvelle adhésion depuis cinq ans. Aussi, est-il important de souligner que de nombreux adhérents facultatifs à la CNSS avaient suspendu leur souscription à leur police d’assurance santé. Le ministre sortant du Travail, Salim Jreissati, a reconnu la responsabilité de l’Etat et du directoire de la CNSS au niveau de l’échec du projet, indiquant que celui-ci a été mis en œuvre rapidement en l’absence d’une étude approfondie sur sa viabilité. Jusqu’en 2011, la branche de l’adhésion facultative à la CNSS a accusé un déficit de 130 milliards de livres, sachant que cette branche est autonome sur le double plan des finances et de la comptabilité.
Liliane Mokbel