Magazine Le Mensuel

Nº 2899 du vendredi 31 mai 2013

ECONOMIE

Forums économiques. Le tourisme des affaires est en berne

C’est une période de vaches maigres pour les organisateurs libanais de forums économiques à Beyrouth. Le tourisme des affaires est en berne. Les raisons sont-elles liées à la conjoncture locale, du fait de sa position géographique pris entre l’enclume et le marteau, ou celles-ci sont-elles tributaires des inquiétudes quant à l’avenir de la région qui taraudent les esprits des dirigeants arabes? Mai a été comme chaque année le mois des conférences d’affaires. Une ambiance morose a régné sur les forums dans le cadre desquels le public était formé presque exclusivement de la communauté des affaires libanaises, dont les membres se connaissent et sont familiers des points forts et des points faibles de l’environnement d’investissement dans le pays. En plus des hommes d’affaires libanais, on pouvait noter parmi le public la présence de représentants de diverses banques d’investissement, sponsors des événements. En deux mots, rien de nouveau n’a été dit sur les perspectives économiques et financières du pays et les interventions sont tombées dans des oreilles de personnes averties.
L’un des organisateurs de conférences financières d’envergure régionale a confié que la rencontre des financiers de mai 2013 à Beyrouth a été «la pire depuis 21 ans» qu’il exerce ce métier en termes d’envergure et de potentialités des présents et de succès de transactions qui font suite en général à de tels événements. Ce planer événementiel avait coutume d’attirer un public de non moins de 400 personnes venues surtout des pays du Golfe et de réserver toutes les chambres de l’hôtel Pheonicia pour une durée de trois nuitées au moins. Un ancien ministre, qui avait assisté aux deux forums qui se sont tenus dernièrement, a déclaré avec une pointe d’ironie avoir identifié parmi le public un homme d’affaires émirati, Nasser el-Noueir. En ce qui concerne un autre forum économique, cette même source l’a qualifié de «babiole», soulignant que l’audience était presque la même que celle du meeting précédent en termes de profils professionnels, même si le nombre des présents était inférieur. Lors de ce dernier forum, les interventions ont consisté essentiellement en une actualisation des chiffres de certains secteurs économiques, mais le sujet débattu est le même qui a été abordé lors de talk-shows télévisés, dans les colonnes des quotidiens et des magazines et même sur les ondes de certaines radios politiques. Un des organisateurs du deuxième forum a regretté non sans amertume que les gens du pouvoir étaient davantage occupés par les questions d’ordre politique vu l’échéance électorale et la tenue prochaine de la Conférence de Genève II sur la Syrie que par les problèmes économiques au quotidien des citoyens. En réponse à une question, cette source a souligné que les organisateurs n’ont pas eu de problèmes de choix des intervenants et des sponsors et ne l’ont jamais été jusqu’à ce jour. Tous les spécialistes et professionnels du monde de la finance sont prêts à payer un sponsorship pour accéder à la tribune, délivrer leur discours, se faire photographier par la presse et relire leur discours le lendemain dans les journaux et l’écouter le soir à la télévision.

 

Liliane Mokbel

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