Magazine Le Mensuel

Nº 2902 du vendredi 21 juin 2013

Expositions

Emile Azar au Festival international de Jounié. Des toiles à découvrir et redécouvrir

Du 21 juin au 6 juillet prochain, la municipalité de Jounié, sous les auspices de son festival international, a décidé de sortir le tapis rouge au peintre libanais Emile Azar, qui exposera quarante de ses toiles. L’occasion de venir découvrir ou redécouvrir son travail.

Corps endiablés, évocation de jeunes femmes vêtues d’un seul chapeau, des fleurs… La peinture d’Emile Azar n’a pas de maître. Sa touche personnelle, «une crédibilité et une bonne foi» autant dans sa personnalité que dans ses toiles. «Je mets dans mes peintures toutes mes compétences artistiques et mon humanisme», lance-t-il.
Dans son appartement, sa première toile est toujours accrochée au mur. Une reproduction édifiante du Bar aux Folies-Bergère de Manet qu’il réalise à l’âge de douze ans. Depuis, cet autodidacte n’a jamais cessé de créer. Ce qui l’a poussé à peindre: le mariage des couleurs qu’il aime transcender. La diversité de ses toiles, il l’explique par sa folle vie. C’est que l’artiste est un savant caméléon ayant étudié à Paris l’architecture, la décoration, l’archéologie, l’économie, la médecine et les beaux-arts. «La diversité de mes connaissances se répercute dans ma manière de peindre», dit-il à Magazine.
Azar passe son enfance en Egypte où son père a de nombreux terrains tous expropriés à l’arrivée au pouvoir de Gamal Abdel-Nasser. C’est à dix ans qu’il s’installe au Liban, avec ses parents, ses quatre frères et six sœurs. A Jounié, la famille possède une magnifique maison où la terrasse de 2 500 m² accueillait parfois 300 à 400 convives. C’est à son emplacement qu’Emile Azar construira plus tard le Val de Zouk qu’il a lui-même dessiné. Anecdote haute en couleur, sa passion des fleurs qu’il dessine sur la toile, l’a amené plus jeune, à ouvrir Pâquerettes, une boutique de fleurs à Hamra. «J’y ai inventé l’œillet bleu, une fleur qui a fait fureur à Beyrouth. Je faisais des arrangements superbes», se rappelle-t-il.
Quant au chapeau dont il coiffe ses personnages féminins, il représente «le snobisme irresponsable de la société». Peut-être également un clin d’œil à sa mère «qui ne sortait jamais sans chapeau», intervient Odette, sa sœur et sa plus fervente admiratrice. «J’aime toutes ses toiles, relève-t-elle. J’aime les revoir. Autant vous dire que je ne suis pas une technicienne, mais je sens la peinture, elle me plaît ou non. Et ses créations me parlent malgré toutes leurs variations, sûrement dues à son signe astrologique (…)», ajoute-t-elle en riant.
Alors lorsque le président de la municipalité de Jounié, Antoine Frem, lui demande d’exposer ses toiles pendant le Festival international de la ville, il n’hésite pas, d’autant qu’il sera le seul à dévoiler ses œuvres. Une exposition qui mettra au jour quarante de ses toiles réalisées en quelque 60 petits jours. Jamais fatigué, l’artiste s’inspire d’un «idéalisme sot», d’après ses propres termes, et d’une vie remplie. «La peinture me ravive mentalement et socialement. C’est un repos mental». «Mais physiquement, elle te fatigue, lui répond Odette. Quand il commence, il ne s’arrête plus. Quand je me lève la nuit, je le vois en train de peindre». Et il peint dans une chambre de leur appartement transformé en atelier, car Odette a refusé de le laisser partir pour créer dans un autre endroit, préférant l’avoir près d’elle si jamais il avait besoin de quelque chose. Ses toiles, avoisinant le millier, sont reparties à travers le monde de Frankfort à New York, en passant par Miami et Beyrouth bien sûr. C’est qu’Emile Azar a participé à mille et une expositions. L’artiste aime, d’autre part, donner ses peintures à des personnes de conditions sociales délicates. «Alors, quand je lui demande pourquoi il le fait, car ces personnes ne constituent pas un public sensibilisé à l’art, il me répond: ‘‘Justement’’», raconte Odette. Justement, «j’aime les initier. Je souhaite que ces milieux sociaux commencent à accepter le développement artistique dans le pays et apprennent les valeurs de l’art», conclut ce passionné de l’art.

Delphine Darmency

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