Sur la scène des Thermes romains, le 21 juin, à l’occasion de la fête de la Musique, le groupe français Dalele a emmené le public dans un tourbillon d’histoires, au cœur d’une musique actuelle et vintage, à travers son projet Dalele au café Quincaille. Rencontre avec le groupe mené par Dalele Muller.
Comment était votre participation à la fête de la Musique au Liban?
C’est la première fois que nous participons à une fête de la Musique en dehors de la France où c’est devenu une fête parmi d’autres, un peu habituelle, vu que nous n’avons pas les mêmes urgences qu’ici, politiquement la vie est plus sereine. Là, c’était très fort. Un très beau moment. Il faut dire qu’en raison d’une série d’aventures, de contretemps, nous sommes arrivés le jour même et sommes montés sur la scène dans la précipitation. Du coup, nous avons reçu ce concert de manière encore plus intense. Nous avons senti un public très chaleureux et une envie de faire la fête, de profiter de ce moment très fort et que nous n’avons pas souvent en France. C’était une soirée très contrastée au fait. Nous étions entourés de gens armés et en même temps face à un public jeune qui a envie de s’amuser et de profiter du moment présent.
D’où et pourquoi l’idée d’un répertoire autour du mythe du café?
J’ai commencé à jouer de l’accordéon à 20 ans, quand j’étais étudiante. J’ai beaucoup écouté la chanson française: Edith Piaf, Georges Brassens, Barbara, Léo Ferré… J’ai également fait un peu de musique de l’Europe de l’Est, des Balkans. A un moment de ma vie d’artiste, j’ai ressenti l’envie de faire un spectacle plus personnel. L’idée du projet musical était de mêler tout cela et de faire en même temps quelque chose qui me ressemblait aujourd’hui. Je me suis entourée ainsi de musiciens qui jouent du piano, de la contrebasse et de la clarinette; des instruments intemporels qui ramènent beaucoup de musicalité sur les chansons. D’un autre côté, derrière l’idée du café il y avait l’envie de réunir les histoires dans un lieu commun, parce que chaque chanson est une histoire. Le café, en tout cas en France, est vraiment un lieu où les gens se rencontrent sans se connaître et peuvent se raconter le temps de boire un café ou une bière. Je trouvais que c’était un bon moyen de lier les chansons entre elles et de faire en sorte que le public puisse être au même endroit en même temps que les personnages et en même temps que nous.
Comment avez-vous rencontré vos musiciens, Roland Martinez à la contrebasse et à la clarinette et Philippe Yvron au piano?
Je connais Roland Martinez depuis que je suis enfant. Nous avons monté ensemble une première chanson pour un album de compilation intitulé Chansons à bretelles, où il ne s’agissait donc que de chanteurs qui jouaient de l’accordéon. Cette compilation montrait tout ce que font les gens actuellement à l’accordéon. Et c’est vrai que c’est un instrument qu’on retrouve beaucoup, même dans les musiques actuelles. De ce fait, nous nous étions tellement régalés et nous avions envie d’en faire plein d’autres. Mais moi j’avais envie de pouvoir poser l’accordéon aussi, d’être interprète, plus présente sur scène. Nous avons donc pensé au piano. Nous avions entendu parler de Philippe Yvron qui accompagnait d’autres chanteurs, notamment sur Toulouse. Nous lui avons présenté cette chanson, et les choses se sont faites. Nous nous sommes bien entendus. Nous avons tous composé pour ce spectacle. La plupart des textes sont écrits par Philippe Sizaire, conteur, parolier, comédien qui a notamment écrit pour Serge Reggiani. Il y a eu également d’autres auteurs qui nous ont proposé des chansons ou des textes.
Comment inscrivez-vous votre musique dans le cadre de la chanson française actuelle?
La chanson française actuelle est diverse. Actuellement, ce qui se passe, c’est que la chanson est souvent plus festive, ou alors très minimaliste mais par contre très produite. C’est-à-dire qu’il y a des albums qui sortent où tout est vraiment travaillé. Et, parfois, quand on va au concert, on ne voit pas du tout ce qu’on a entendu sur le disque. On se situe, en fait, entre ce tout. Nous sommes un groupe de scène. Nous avons beaucoup joué les chansons avant de les enregistrer. Et nous les avons enregistrées comme nous les jouons, en live presque. Nous nous situons entre la musique actuelle et en même temps la chanson réaliste, des années 30 et 40, mais avec des histoires qui sont d’aujourd’hui ou intemporelles. Je dirais que nous sommes de maintenant avec une couleur un peu vintage. L’idée est de plonger les gens dans un passé, mais qui est réinventé. Et s’il est réinventé, il est présent. Donc ce n’est pas nostalgique.
Propos recueillis par Nayla Rached