Magazine Le Mensuel

Nº 2906 du vendredi 19 juillet 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Les islamistes menacent
Depuis l’hospitalisation en France du chef de l’Etat algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, les partis politiques à Alger espèrent voir leurs candidats triompher aux élections prévues en 2014, si la santé de l’actuel président lui permet de mener son mandat à terme. Alors que le parti au pouvoir mène des tractations internes concernant l’heureux élu, les partis islamistes surprennent le régime avec leur adoption d’un candidat unique. Les trois principaux partis se sont en effet entendus pour mener la campagne présidentielle main dans la main, bien que le nom de leur candidat n’ait toujours pas été divulgué. Ils ont de même haussé la barre en menaçant de boycotter le processus si jamais leur prétendant est écarté par le comité électoral.

 

Benkirane le dos au mur
Après le retrait du parti Istiklal de la coalition gouvernementale marocaine, l’avenir du Premier ministre, Abdel-Ilah Benkirane, est plus incertain que jamais. Pour répondre à cette gifle, les islamistes ont décidé de jouer avec le feu en envisageant désormais la possibilité de former une nouvelle coalition avec le parti Authenticité et modernité. Or, jusqu’à il y a peu de temps, les modérés du parti Justice et progrès assuraient qu’ils ne formeraient jamais une telle alliance. Mais pour se maintenir au pouvoir, Benkirane semble être prêt à tout, même si cela pourrait signifier la radicalisation de son cabinet à travers la présence de ministres connus pour leur fanatisme.        

Hachémi Rafsandjani l’ancien président de la République islamique d’Iran, vient de faire une déclaration qui a secoué la scène politique à Téhéran. Il a exigé que la communauté sunnite du pays soit traitée d’une façon juste et équitable. L’ancien compagnon de l’ayatollah Khomeiny a indiqué que «les autorités doivent répondre positivement aux demandes de la communauté sunnite. Il faut que les conditions de vie des sunnites d’Iran s’améliorent et deviennent ainsi un exemple pour le monde islamique». Mais à la surprise générale, cet appel n’a eu aucun effet, les dirigeants ayant préféré ignorer la main tendue de Rafsandjani qui prouve encore une fois être un leader hors norme. L’actuel président du Conseil de discernement des intérêts du régime a rappelé aux dirigeants de la République islamique que la communauté sunnite avait offert des milliers de martyrs pour défendre sa patrie contre l’invasion irakienne.        

Yasser Abed Rabbo ancien conseiller de Yasser Arafat et actuel membre du comité exécutif de l’OLP, se serait rendu en toute discrétionen Israël pour s’entretenir avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu. La visite de plusieurs heures, tenue secrète, n’a pourtant abouti à aucun accord puisque Bibi a refusé de céder, répétant les mêmes positions intransigeantes qu’il a toujours adoptées. Autre surprise, le fait que les pourparlers ont été menés non pas au siège du gouvernement israélien mais plutôt dans la maison de Netanyahu qui, face à cette révélation, a préféré garder un silence total.

En pointillé
Le royaume hachémite s’est senti directement concerné par les événements qui secouent l’Egypte depuis la mise à l’écart du président Mohammad Morsi. Ainsi, les proches du roi Abdallah Ibn el-Hussein n’ont pas caché leur satisfaction, voire leur joie, face à l’affaiblissement de la Confrérie des Frères musulmans. La branche de l’organisation à Amman, chef de file de l’opposition, avait été soutenue et encouragée par le Guide égyptien Mohammad Badih. Et, selon des sources à Amman, ces événements auront des conséquences directes sur le rôle des islamistes, qui verront leurs activités restreintes et qui sont plus que jamais seuls contre tous. Voilà pourquoi le gouvernement du Premier ministre Abdallah Ensour s’est empressé de féliciter le président intérimaire Adly Mansour et le nouveau Premier ministre Hazem Beblaoui pour leur désignation, en leur exprimant son soutien sans faille. 

 

Maliki enterre la hache de guerre
Le Premier ministre irakien, Nouri el-Maliki, est connu pour son caractère rude et cassant, ce qui lui a valu, à travers les années, de nombreuses embrouilles avec la majorité des politiciens de son pays. Si ses rapports sont inexistants avec le leader chiite Moktada el-Sadr, tièdes avec Ammar el-Hakim et conflictuels avec Iyad Allaoui, c’est sûrement avec les Kurdes que le chef du parti Daawa avait le plus de problèmes. Mais cette page est désormais tournée suite aux conseils donnés par l’allié iranien, qui a demandé que les rapports entre les communautés chiite et kurde redeviennent chaleureux. Maliki a tenu à rencontrer Massoud el-Barzani afin de se mettre d’accord sur une feuille de route qui réglerait tout malentendu à l’avenir, même si cela signifie que la communauté arabe devra céder sur plusieurs points sensibles. Un scénario inconcevable quelques semaines auparavant.

              
Le Hamas déboussolé
Le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, semble agacé par les événements qui se déroulent à travers le monde arabe. Selon lui «les pays du Moyen-Orient font face à un plan diabolique visant à les diviser afin de créer une nouvelle carte régionale». Des analystes palestiniens ont noté que le leader du Hamas faisait allusion aux développements en Egypte et à la perte de terrain des rebelles en Syrie. Entre-temps, le mouvement de Khaled Mechaal refuse de reprendre les pourparlers avec le Fateh afin de mettre un terme aux divisions palestiniennes internes, prétextant que le nouveau régime égyptien, le parrain des accords signés, n’était plus impartial. Cet agacement n’est plus un secret, même si les hauts responsables du Hamas tentent tant bien que mal de s’abstenir de critiquer Le Caire ouvertement pour ne pas tout perdre. 

      
Premier défi pour Rohani
Le nouveau président iranien Hassan Rohani, porté au pouvoir par le soutien du camp réformateur, devra très prochainement prendre une décision très importante: libérer ou maintenir en détention les deux leaders de l’opposition, Mir-Hossein Mousavi et Mahdi Karroubi. Alors que les proches de Rohani espéraient ne pas avoir à aborder se sujet avant 2014 pour ne pas affaiblir la position du président, plusieurs voix se sont élevées exigeant que les leaders de la «révolution verte» soient remis en liberté, aucune décision juridique n’ayant été prise contre eux. A la surprise générale, c’est Gholam Ali Haddad-Adel, chef de file du clan conservateur au Parlement iranien, et le député Ali Motahari, qui espèrent voir Mousavi retrouver sa liberté. Mais c’est sans compter avec les proches du Guide qui, à travers le général Yadollah Javani, ont renouvelé leur refus d’un tel épilogue. Tous les regards sont virés vers le nouvel homme fort de la République islamique qui devra trancher ce dossier très sensible.  

 

Sabaoui n’est plus
Le demi-frère de l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein s’est éteint en prison, après de longs mois de souffrance. Sabaoui Ibrahim el-Hassan, qui souffrait d’un cancer, avait été condamné à mort par la justice irakienne pour son implication dans plusieurs atrocités commises par l’ancien régime. Ce frère mal-aimé au sein de la famille et haï par le peuple irakien, avait joué un rôle primordial tout au long du règne de Saddam. Il avait été successivement chef des services de renseignement, chef de la sécurité intérieure et conseiller spécial du président. Il était ensuite tombé en disgrâce après le différend qui l’avait opposé aux fils de Saddam, Oday et Qossay, et avait disparu de la scène médiatique. D’ailleurs, son nom ne figurait qu’à la 36e place sur la liste des 55 personnalités les plus recherchées au lendemain de l’invasion de 2003.        

Le Conseil de sécurité condamne Tripoli
Selon l’Onu, l’application des droits de l’homme en Libye ne se serait guère améliorée après le renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi. Pire encore, le Conseil de sécurité a fermement condamné l’arrestation arbitraire et la torture de milliers de civils qui ne furent jamais présentés devant un juge et souvent victimes de règlements de comptes personnels. Ce constat accablant est dû au fait que le gouvernement du Premier ministre Ali Zaydan n’a aucun contrôle sur la plus grande partie des prisons et des centres d’incarcération à travers le pays, toujours à la merci de milices islamistes qui ne rendent de comptes à personne. C’est la raison pour laquelle l’Onu exige de mettre fin à ces exactions qui, même sous l’ancien régime, n’avaient pas pris une telle envergure.

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