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Nº 2907 du vendredi 26 juillet 2013

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Fred Murray Abraham. Du talent et de la modestie sans limites

Dans l’un des derniers épisodes de l’émission Elementary, Fred Murray Abraham, acteur d’origine arabe, a montré une fois de plus l’étendue de son talent. Près de trente ans après son Oscar, que devient celui qui a merveilleusement interprété le compositeur italien Antonio Salieri?

En 1984, le film Amadeus (qui relate l’histoire de Mozart et Salieri au cours de  de leur vie à Vienne pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle) lui vaut l’Oscar du meilleur acteur. Un moment historique qu’il n’a certes pas oublié. Mais, depuis, Fred Murray Abraham est passé outre. Vous l’aurez compris, ce grand monsieur n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers.
L’Oscar, dit-il, «c’était amusant. Maintenant, passons à autre chose». Cette autre chose est bien intense. Une centaine de films, des émissions de télé, plusieurs pièces de théâtre, l’enseignement du métier (voir encadré)… A 74 ans, il n’est pas près de s’arrêter. Mais au fait, qu’est-ce qui l’a poussé à choisir cet itinéraire? Comment sa carrière a-t-elle évolué?
Tout débute en Pennsylvanie, et précisément à Pittsburgh. Murray Abraham est le fils de Frederick, chrétien assyrien qui a immigré de la Grande Syrie au cours de la famine des années 1920. Il était mécanicien automobile et sa maman était d’origine italienne. Après une jeunesse assez agitée − il a fait partie d’une bande de gangsters −, il connaît très tôt, dès le lycée, ce qu’il veut faire plus tard. C’est son enseignante Lucia P. Hutchins qui lui a sauvé sa vie. C’est elle qui lui a dit: «Essaie de jouer des rôles». «C’est ce que j’appelle la providence, souligne Murray. Je souhaite qu’elle soit là pour voir ma réussite».
Grâce à une bourse, il réussit à se rendre au collège. Quelques années plus tard, il étudie l’art dramatique à Greenwich Village à New York. Depuis, les rôles s’enchaînent au cinéma, à la télé, au théâtre. Mais le jeune Murray n’oublie pas du tout d’où il vient. Il ajoute alors à son nom une lettre, «F». Pendant des années, les gens ont spéculé sur ce que cette lettre représente. Certains médias ont même pensé qu’il est né Farid Murray Abraham. «Ce n’est pas vrai», dit-il. En fait, le «F» a été  inventé en l’honneur de son père. Quant à sa maman, nonagénaire aujourd’hui, elle a toujours vécu près de lui et de sa femme Kate Hannan, à qui il est marié depuis cinquante ans. Preuve que, pour lui, la famille est sacrée. Mais outre cette valeur, ce qui distingue ce grand acteur, c’est le fait que le succès ne lui ait pas monté à la tête. Abraham choisit de ne pas vivre sa vie dans les médias. Vous ne le verrez pas sur beaucoup de talk-shows et vous ne lirez pas beaucoup sur lui dans les tabloïds.
«Certaines personnes dans cette profession ne sont pas intéressées par les potins (…). Ça n’a pas du tout d’intérêt pour moi». Quand il n’est pas en train de jouer des rôles, ce qui l’intéresse ce sont les musées. Il s’y rend fréquemment.
Il aime aussi l’art en général et l’opéra en particulier. Il exerce même sa voix pour pouvoir chanter un jour. Décidément, Fred Murray Abraham est un homme débordant d’énergie.

Pauline Mouhanna (Illinois, états-Unis)

Une carrière si remplie
Après avoir reçu l’Oscar en 1984, Fred Murray Abraham a tourné dans des films tels que The name of the rose, The bonfire of the vanities, Mobsters et Mighty Aphrodite. L’une de ses premières pièces de théâtre à Los Angeles était une mise en scène d’une œuvre de Ray Bradbury. En 2011, il a joué dans la pièce de Shakespeare, Le marchand de Venise, à Santa Monica. L’acteur enseigne le métier souvent gratuitement pour les nécessiteux et a donné des cours à Harvard et Columbia.

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