Après la tournée de The Voice, Anthony Touma est enfin allé seul à la rencontre de sa base de fans libanaise, le lundi 12 août, dans le cadre de Beirut Holidays. Un concert, une image: le retour de l’enfant prodige.
Il fallait s’y attendre; le public était à majorité composé d’adolescentes et d’adolescents, et même d’enfants, toujours sous le coup de l’émission The Voice et de la vague de passion qu’elle a soulevée au Liban, grâce à la participation de l’enfant du pays, Anthony Touma. Un nom qui sera, tout au long du concert, projeté sur un écran géant au fond de la scène, entrecoupé de temps en temps par des photos d’Anthony Touma lui-même lors de The Voice, les mêmes images qui repassaient en boucle. Un culte de la personnalité ou une manière de satisfaire ces ados énamourées? Et elles n’ont cessé de crier dès qu’il a enjambé la scène, une fois que les musiciens et le chœur qui l’accompagnent se sont installés.
«Are you happy to be here, or what?», lance-t-il entre une chanson et une autre. Et les jeunes aussitôt de crier encore de plus belle. A chaque fois qu’il prononcera le mot «love» et tous ses dérivés, ce sont les mêmes cris qui résonnent dans l’audience, à mesure que çà et là on brandit toutes sortes de pancartes: «We love you Anthony», «It’s Lea’s birthday»… Accompagné d’un magnifique chœur de deux jeunes filles et d’un garçon, Anthony Touma présente au public un répertoire de variétés éclectique à l’instar de Treasure, Champs-Elysées, I’m sexy and I know it, I can see clearly now, et une très funky Rolling in the deep… Un répertoire où les ballades ont pris le dessus rendant le concert plutôt inégal, alors qu’on s’attendait à ce qu’il aille en crescendo. Une base de fans inconditionnels, des débuts auréolés de succès, une voix qui porte, la carrière d’Anthony Touma s’annonce d’ores et déjà prometteuse, surtout dans son pays d’origine. Mais le rapide succès peut parfois déboucher sur le revers de la médaille, s’il n’est pas accompagné d’un intense travail sur soi. Pourtant, Anthony Touma était secondé par une magnifique équipe de musiciens libanais. En tête Arthur Satyan, qui a arrangé les morceaux, l’accompagnant également au synthé aux côtés de Raffi Mandalian à la guitare, Fouad Afra à la batterie, Omar Harb à la basse, Elie Njeim à la trompette, Thomas Horning au saxophone ténor et Elias Mouallem au saxophone baryton. Et il saluera ces musiciens qui ont accepté de partager la scène avec lui: «I can’t ask for more»,
dira-t-il.
De cris et d’amour
Installé seul au piano, Anthony Touma annonce qu’il va accueillir son maître, un grand artiste français qui lui a appris à chanter et sans qui il ne serait pas là. Etonnement dans la salle, expectative. Et voilà que Nemr Bou Nassar fait son apparition, se lançant dans un discours étayé de fautes de français et de faux chant. Un interlude censé amuser et chauffer la salle encore plus. Un petit souffle adulte, qu’on aime généralement ou non les blagues de Nemr Bou Nassar, mais par moments, elles ne semblaient pas réellement assimilées par ce public très jeune. Sauf quand il a affirmé: «Nous tous avions ici un point en commun: notre haine de cette p… française qui t’a éliminé du spectacle». Qu’importe les blagues, le public est là pour voir Anthony Touma. Et une occasion en or lui est offerte, quand Anthony et Nemr décident d’inviter quatre jeunes filles du public sur scène. Aussitôt, les ados se lèvent et lèvent leurs mains, certains pères portent leur toute petite fille à bras portant, et c’est la ruée dans les gradins. Les hommes chargés de la sécurité interviennent et bloquent le passage, à mesure que les chanceuses enjambent la scène, avant de se jeter sur Anthony Touma pour l’embrasser. Les quatre sont habillées d’un t-shirt blanc sur lequel sont écrits ces mots: «Toumach Love», en référence évidemment au patronyme d’Anthony. L’interlude anecdotique et musical se poursuit quand les deux artistes se lancent dans la composition improvisée d’une chanson autour du basketball, le passe-temps de ces jeunes filles. Un exercice de style qu’Anthony ne semble pas encore réellement maîtriser. L’ambiance euphorique commence légèrement à faiblir. Il est temps de revenir à la musique.
Anthony Touma appelle la foule à se laisser aller, à danser, à chanter, à s’approcher de la scène. Aussitôt dit, aussitôt fait. De partout on déboule, la sécurité tente d’intervenir l’espace de quelques secondes, puis cède la place. Dans les gradins, tout le monde est debout. Et voilà que retentissent les premières notes de Billie Jean, ce mythique tube de Michael Jackson à travers lequel Anthony Touma a conquis le jury de The Voice et tous les spectateurs. Une nouvelle fois, le public est sous le charme. Et c’est la fin du concert. Anthony Touma promet que le Liban restera toujours dans son esprit où qu’il aille et qu’il essaiera le plus souvent d’y revenir pour des concerts.
Nayla Rached