Magazine Le Mensuel

Nº 2910 du vendredi 16 août 2013

general

Kaas chante Piaf. Beiteddine au cœur de Paris

Pour sa soirée de clôture, Beiteddine Art Festival a accueilli Patricia Kaas dans l’hommage qu’elle a rendu à Edith Piaf. Sur scène, l’esprit de deux grandes dames.
 

Après une programmation riche et éclectique, Beiteddine Art Festival s’est achevé le samedi 10 août avec une soirée francophone par excellence. Et quelle soirée! «Kaas chante Piaf». D’emblée, deux grands noms de la chanson française. L’interprète du hit Mon mec à moi a préféré donner sa voix puissante et distinctive à ce grand monument qu’est Edith Piaf. Au risque de décevoir certains de ses fans. Mais elle y tient, et elle n’acceptera d’ailleurs pas de chanter ses propres morceaux. «Ce soir, hommage à Piaf, au cinquantième anniversaire de sa mort», dira-t-elle au public qui lui réclamait ses chansons.
Humble et respectueuse de son aînée, du mythe qu’elle ne cessera jamais de représenter, Patricia Kaas a su toutefois garder son propre cachet, sa propre personnalité. Pas d’imitation figée, de pastiche qui risque de déranger, c’est un esprit que Patricia Kaas a mis en scène. Celui d’Edith Piaf, artiste torturée, artiste exceptionnelle, de par sa voix, sa présence, sa sensibilité, sa vie et les drames qu’elle a vécus. Sur un écran géant au fond de la scène, sont projetées des images inédites d’Edith Piaf, des amis qui l’ont accompagné, à l’instar d’Alain Delon, ainsi que des vidéos de Paris, le Paris des cafés, des trottoirs et des accordéons, celui dans lequel la Môme a débuté et s’est élancée.
La foule, Emporte-moi, Milord, Les blouses blanches, L’étranger, Non je ne regrette rien, Une belle histoire d’amour… Patricia Kaas donne vie sur la scène du palais de Beiteddine à ces titres mythiques, réarrangés par Abel Korzeniowski. Simple, sobre et classe dans sa tenue vestimentaire, qu’elle troquera plus tard pour des habits et des gants de boxe, en référence à Marcel Cerdan, le boxeur que la Môme a passionnément aimé avant de le perdre. Sensuelle aussi, la Kaas, quand le magnifique danseur qui l’accompagne s’approchera d’elle, l’espace de quelques mouvements, de quelques pas. Une véritable mise en scène, étudiée dans les moindres détails, dans les moindres sensations, dans les moindres notes que font entendre les musiciens qui l’accompagnent au violon, piano, synthé, guitare et accordéon, et surtout dans les moindres intonations de sa voix à elle.
Il y avait beaucoup d’émotion ce samedi 10 août au palais de Beiteddine. Une émotion dénudée de tout artifice, de tout maniérisme. A l’image de Patricia Kaas elle-même. De son aisance sur scène, de son charisme. De la simplicité avec laquelle elle n’a cessé de réagir avec son public, emmêlant humour et sourire. Un sourire qui a comblé les milliers de fans venus la voir ce soir-là et qui garderont toujours en mémoire ce moment féerique, où l’esprit de deux divas s’est incarné, au moment même, sur scène, en célébration de la chanson francophone. Un moment de grâce.

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