Magazine Le Mensuel

Nº 2911 du vendredi 23 août 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Le hasch protégé
Après les protestations des habitants qui réclament des dédommagements, le gouvernement a décidé de retarder l’opération de destruction des plants interdits dans la Békaa. Il a accordé aux agriculteurs un délai qui expire à la fin du mois, sachant que la cueillette du haschich se fait avant cette date. C’est que, dit un ministre, l’Etat ne possède pas les fonds nécessaires pour dédommager les agriculteurs, sans compter qu’il n’a pas pu concrétiser les promesses faites l’an dernier lorsqu’une campagne similaire de destruction des plants de haschich avait été menée. Ce qui est étonnant, c’est l’attitude du ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, qui s’est absenté de la réunion tenue à cet effet sous la présidence du président Michel Sleiman à Baabda, en présence des ministres de l’Intérieur, Marwan Charbel, de la Défense, Fayez Ghosn et de l’Economie, Nicolas Nahas sous prétexte qu’il avait des engagements dans son ministère. La preuve, selon les observateurs, que les habitants bénéficient de la couverture de certains partis.

Baabda-Dahié: dialogue maintenu
L’ex-ministre, Khalil Hraoui, veille à maintenir le contact avec le Hezbollah. Même après les derniers discours prononcés par le président Michel Sleiman lors de la cérémonie de remise des diplômes aux nouveaux officiers et devant les délégations venues le saluer à Beiteddine, le contact n’a pas été rompu, ce qui a étonné le parti chiite. Un de ses cadres a demandé à Hraoui comment interpréter les critiques formulées par le chef de l’Etat et la poursuite des échanges avec le Hezb. Le conseiller du président a expliqué que le discours du président Sleiman vise à protéger le Hezb et à le renforcer afin qu’il réalise les dangers qui planent et qu’il décode bien les nouvelles données régionales.

Réponse tardive à Wahhab
Le ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, n’a pas souhaité répondre à l’ex-ministre Wi’am Wahhab sur le sujet de la prorogation du mandat présidentiel. Wahhab avait déclaré que le président Michel Sleiman avait abordé la question avec le ministre Khalil. Mais celui-ci a bloqué son téléphone sans faire de commentaire. Il a cependant profité d’un événement qui avait lieu au Sud, une semaine plus tard, pour prononcer une allocution dans laquelle il a démenti ceci et assuré qu’une telle conversation avec le chef de l’Etat n’avait pas eu lieu. Le ministre Khalil, n’aimant pas alimenter les polémiques au sein du 8 mars, qui pourraient faire les choux gras des médias, a ainsi fini par apporter sa réponse à Wahhab à sa façon.

Sleiman à Riyad: préliminaires inachevés
La visite du président Michel Sleiman en Arabie saoudite peut intervenir à n’importe quel moment. Le temps que les préparatifs soient achevés et les rendez-vous protocolaires fixés, surtout que le chef de l’Etat est déterminé à récolter des résultats positifs qui permettent d’ajuster certains dossiers sur la scène locale. Un responsable révèle cependant que la visite du président à Jeddah pourrait être retardée en attendant des éclaircies sur la ligne Jeddah-Téhéran. Des éclaircies qui décoinceraient plusieurs dossiers locaux dont celui du gouvernement. Un diplomate assure que la visite attend l’aboutissement des «préliminaires nécessaires à son succès».

Aoun-Frangié: pas de réconciliation
La réactivation de la Rencontre nationale chrétienne fait du surplace. L’ex-député Elie Ferzli en avait avancé l’idée à Bnechaï avec le député Sleiman Frangié et en présence du président de la Ligue des syriaques, Habib Ephrem. Mais les tentatives de calmer le jeu entre Bnechaï et Rabié ont échoué, Ferzli n’ayant pas réussi à réunir le ministre Gebran Bassil et l’ex-ministre Youssef Saadé. Des sources du Nord estiment que les propos, la semaine passée, du général Michel Aoun dans le cadre d’un talk-show et l’interview télévisée de Sonia Frangié n’ont pas facilité la réconciliation entre les deux pôles maronites.

Décisions à l’unanimité
La commission administrative, chargée d’accompagner les rounds du dialogue national, tient ses réunions dans la perspective de la reprise des séances de dialogue aussitôt le nouveau gouvernement mis sur pied. Une étude récapitulative portant sur les résultats de ses assises incluant la Déclaration de Baabda est en voie de préparation. Elle mettra l’accent sur un point: toutes les décisions ont été prises à l’unanimité et publiées après que les divers participants y eurent pris connaissance. L’annonce, par le Hezbollah, de la mort de la Déclaration de Baabda est incompréhensible surtout qu’il a participé à la réunion qui avait entériné celle-ci. La neutralité que le président Michel Sleiman revendique concerne les bras de fer régionaux et internationaux, comme il l’affirme, le Liban, dit-il, ne pouvant bien sûr pas se dissocier de la cause palestinienne en faveur de laquelle il reste engagé.

Pas de faux pas pour Salam
Pas de faux pas pour le Premier ministre désigné, Tammam Salam, qui préfère élargir l’éventail de ses consultations avant de prendre une décision définitive quant à l’équipe ministérielle à former. Les milieux de Mousseitbé croient savoir que la tendance est à la mise sur pied d’un gouvernement neutre composé de ministres sympathisants ou proches des partis politiques sans y être engagés. Ce cabinet pourrait finalement voir le jour avant la mi-septembre.

 

 

Des «Ikhwan» libanais chassés du Golfe
La confrontation entre les Ikhwan et les pays du Golfe s’est étendue au Liban. D’après des sources beyrouthines, une centaine d’adeptes libanais de la Jamaa islamia ont dû quitter les Emirats arabes unis, leur visa de résidence n’ayant pas été renouvelé, sans raison justificative. Le commandement de la Jamaa à Beyrouth n’a pas commenté l’affaire. Il lui est impossible de parler ouvertement des problèmes rencontrés aux E.A.U. où résident toujours d’autres Ikhwan. Les individus expulsés eux-mêmes ne peuvent pas aborder la question dans la presse. En fait, la Jamaa au Liban se trouve au cœur de la bataille médiatico-sécuritaire que l’Arabie saoudite mène contre le mouvement des Ikhwan implanté horizontalement et verticalement dans la société et les institutions saoudiennes. Le royaume a dû activer la convention de coopération sécuritaire avec les pays du Golfe et l’Egypte pour qu’ils l’aident à combattre les Ikhwan sur le territoire saoudien. Certains, évincés, parlent d’une possible infiltration de leur mouvement, parce qu’ils géraient des projets commerciaux et financiers privés pour le compte des Ikhwan d’Egypte et de l’organisation internationale de ces derniers au moment où ils ont été écartés.

Réfugiés sous contrôle chez Joumblatt
Certains milieux de la Montagne confirment les nouvelles faisant état de la découverte d’engins explosifs prêts à l’emploi dans des coins de la région du Chouf. Des Européens, liés à des opposants syriens résidant au Liban, indiquent que le député Walid Joumblatt aurait donné des consignes à des municipalités, dans sa zone d’influence, pour qu’elles procèdent à l’encadrement des mouvements des déplacés syriens, en leur interdisant de circuler dans les villages après le coucher du soleil. Des sources progressistes nient l’existence de mesures sécuritaires unifiées s’appliquant à l’ensemble de la région du Chouf et de Aley. Mais il est naturel, disent-elles, que ces individus rentrent chez eux avant la tombée de la nuit. Y aurait-il un lien entre l’annulation du festival politique prévu à Aley et la situation sécuritaire plutôt «confuse» dans la Montagne? Les sources ne le confirment pas, mais affirment que la préoccupation principale de Walid bey à l’heure actuelle est la sécurité de l’ensemble du pays. Joumblatt s’est contenté de remplacer le festival par la publication d’une lettre lue par Charif Fayad dans une conférence de presse. La lettre comporte un appel à l’unification du fusil de l’opposition syrienne sous le toit d’un programme national et démocratique. «Nous ne renoncerons pas à nos constantes, a poursuivi Joumblatt, nous ne renoncerons pas au dialogue, ni à la paix civile. Nous ne renoncerons pas à la stabilité».

Division à la Défense
La révélation de l’identité des organisateurs des attentats terroristes n’a pas fait l’unanimité au sein du Conseil supérieur de la défense. Le conseil était en fait divisé sur la question. Les présidents Michel Sleiman et Najib Mikati étaient opposés à la divulgation des données recueillies par les Renseignements de l’armée afin de préserver le bon fonctionnement de l’enquête, alors que le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a insisté sur «la nécessité de publier les éléments disponibles parce que les Libanais ont le droit de connaître la vérité et ceux qui se cachent derrière les attentats à l’explosif et se jouent de la sécurité dans le pays». Au final, un communiqué révélant à l’opinion publique quelques résultats des enquêtes en cours a été publié. La source qui fait part des ces informations indique que le communiqué du ministère de la Défense, révélant les faits, a contribué à «rassurer» nombre de Libanais et à atténuer les tensions communautaires dans le pays.

Qui est Ahmad Taha?
Les Renseignements militaires ont réussi à arrêter dans le village de Douress, près de Baalbeck, le Palestinien Ahmad Taha impliqué dans les explosions terroristes au Hermel et dans la banlieue sud. Membre du mouvement Hamas, Taha résidait depuis longtemps à Haret Hreik, près de l’ancien bâtiment de la chaîne al Manar. Il était connu pour avoir des relations avec le chef du bureau politique du mouvement, Khaled Machaal. Selon une source de la Dahié, des individus qui ont trempé dans ces attentats à l’explosif ont réussi à fuir pour se réfugier en Syrie, via Ersal. Un cheikh salafiste, poursuit la même source, chargé de la supervision des opérations, a trouvé abri dans le village syrien de Yabroud, dès qu’il a appris l’arrestation des criminels. L’armée a perquisitionné le domicile de Taha, ainsi qu’une boutique qu’il possède dans le quartier Baajour, limitrophe du camp de Bourj Brajné. L’homme est le frère de Khaled Taha du groupe des 13 dont certains – incluant le Saoudien Ali Fayçal Akbar – avaient avoué leur responsabilité dans l’assassinat du président Rafic Hariri avant de se rétracter.

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