Magazine Le Mensuel

Nº 2912 du vendredi 30 août 2013

Film

2 Guns. Action, humour et tandem de choc

Dans la profusion des films d’action à gros budget, surgit parfois un long plus modeste mais tellement plus plaisant. Tel est le cas de 2 Guns, réalisé par Baltasar Kormákur et mené tambour battant par le tandem Denzel Washington et Mark Wahlberg.
 

2 Guns: en quelques mots, un bon film d’action à l’ancienne, qui mise tout sur le divertissement sans se prendre au sérieux et qui exacerbe l’alchimie opérant entre ses acteurs principaux. Un film, et c’est là que réside le secret de son succès à venir, qui nous ramène à notre adolescence, à ces années 80 et 90 où l’action rimait effectivement avec ces quelques éléments qui, depuis, sont presque tombés dans l’oubli au profit de productions hollywoodiennes à gros budget dépourvues de l’élément humain. Mais depuis 2010, à l’initiative notamment de Sly, alias Sylvester Stallone, ce souffle de pure action menée par de véritables héros humains, des hommes de chair et de sang non dépourvus de faiblesse, est redevenu à la mode, à travers The Expendables, volumes 1 et 2, suivis de Red dans ses deux volets également.
2 Guns, c’est d’abord et avant tout un tandem de choc: Denzel Washington et Mark Wahlberg. L’acteur oscarisé de Training day s’éloigne là de l’univers cinématographique auquel il nous a habitués oscillant entre sérieux et engagement, pour se glisser, vraiment très à l’aise, dans une comédie. A ses côtés, partageant la tête d’affiche, le délicieux Mark Wahlberg qui, lui, est un familier des films d’action. Mais là, l’humour s’y emmêle très étroitement, comme il convient à tout «buddy movie», ou film de copains, mettant au cœur de la même équipe, obligés de travailler ensemble, deux héros, généralement des hommes, dont les personnalités sont aux antipodes l’une de l’autre, à l’instar de Lethal Weapon, 48 Hrs, Men in black, Tango & Cash, Bad boys, Rush Hour…
Faites donc la connaissance de nos protagonistes: Robert «Bobby» Trench et Michael «Stig» Stigman, alias respectivement Denzel Washington et Mark Wahlberg. Bobby et Stig, deux malfrats qui ne se connaissent pas depuis très longtemps, mettent au point un plan visant à voler une banque. Une manière pour eux de mettre la main sur l’argent d’un riche cartel de drogue mexicain qui les a récemment dupés. Le jour du hold-up ne se passe pas comme prévu. Les billets de banque sont de loin plus nombreux qu’ils ne le croyaient. A qui appartient tout cet argent? Et que vient faire la CIA dans toute cette affaire? Qu’en est-il du cartel de drogue? Bobby et Stig sont lâchés à eux-mêmes, en face à face, ne se faisant pas mutuellement confiance, d’autant plus que sous leur masque de malfrat, chacun d’eux cache sa véritable identité, ce que l’autre ignore. Et les problèmes ne font que commencer. Pour garder leur vie et laver leur nom, ils vont être obligés de faire équipe, de se faire confiance, de travailler selon le «code» et de mettre en pratique tout ce qu’ils ont appris au fil du temps en jouant aux malfrats.

 

Du divertissement à l’état pur
Derrière la caméra, Baltasar Kormákur tient bien ses promesses. Remarqué et salué récemment pour son travail dans Contraband, le réalisateur islandais adapte là très correctement le comic-book du même titre de Steven Grant. 2 Guns souffre toutefois d’un scénario «Blake Masters», d’une mise en scène et d’un rythme assez faibles, même si le spectateur a droit à quelques retournements de situation inattendus. Mais ce défaut est largement compensé par l’intention des auteurs d’offrir au public un espace de divertissement, sans prise de tête, sans complexe, sans attitude présomptueuse. Certes, à certains moments, l’histoire s’entortille au fil des personnages qui font leur apparition, des retournements de veste, des doubles identités, mais le divertissement est garanti. Il est dû en grande partie au casting. Tout d’abord les têtes d’affiche. Impeccables et drôles dans leur jeu de rôle, Denzel Washington et Mark Wahlberg semblent tellement s’amuser face à la caméra. Et cela est visible à l’écran. Leur complicité est épicée par les dialogues, les répliques qu’ils échangent, ces fameuses «punchlines» particulières au genre du buddy movie. Elles sont peut-être un peu trop nombreuses et lancées à des moments critiques et dangereux de l’histoire, mais elles collent parfaitement à l’instant, même si elles ne risquent pas d’être inoubliables. Le reste du casting se distingue également par ces mêmes caractéristiques: Bill Paxton dans le rôle d’un agent de la CIA, au visage impassible, implacable et sans pitié; une sensuelle et très distinguée Paula Patton dans la peau de Deb, la seule femme au tableau; un méconnaissable Edward James Olmos sous les traits de Papi Greco et un très nerveux James Marsden.
Action et testostérone, casse et braquage, feu et explosions, humour et honneur, bande originale entraînante et finale explosive, 2 Guns est «un feel good movie» qui vous mettra sûrement, indéniablement, de bonne humeur. C’est qu’il remplit largement son contrat: du divertissement pur et simple.


Nayla Rached

Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.

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