Courir après le temps, gagner du temps pour mieux le perdre, prendre son temps, en manquer… Le temps est une préoccupation de tous les instants et ses expressions, elles, ne manquent pas. Nous pensons le tromper, mais c’est lui qui nous trahit; nous imaginons l’arrêter mais c’est sans compter sa longueur d’avance; et quand l’idée saugrenue de le tuer nous happe, lui, continue impassible à avancer, inexorablement. Comme tout ce qui est précieux, il est fluide, il coule, et son cours nous échappe. Cyclique ou linéaire? Une énigme qui dure depuis la nuit des temps, donne de la matière première aux horlogers et du fil à retordre aux astrophysiciens… sans empêcher nos aiguilles de tourner en rond! Qu’il soit absolu ou relatif, vérité ou simulacre, qu’il nous file entre les doigts ou qu’il se rallonge en d’interminables minutes, il ne revient pas sur ses pas. Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, le titre du livre d’Etienne Klein, philosophe et physicien, semble bien exprimer sa précarité. Alors, le temps?
Un luxe fragile. Mais ses instruments, éléments concrets synonymes d’exploit, sont là pour l’éternité. Avec ce qu’il faut de ressort, de passion, de technique et d’émotion. Et pour se venger peut-être, un retour en vol, des minutes rétrogrades, une rattrapante, une mise à zéro…
Léa Bachour