Magazine Le Mensuel

Nº 2914 du vendredi 13 septembre 2013

Société

Ce qu’il faut savoir. Pièges et maladresses

Même les parents les plus optimistes ont un pincement au cœur le jour de la rentrée scolaire de leurs enfants. Comment dédramatiser la rentrée? Comment gérer les échecs scolaires? Comment les aider à construire leur confiance en eux? Quel doit être le rôle des maîtresses et du système éducatif? Petits conseils à prendre en considération pour faire de chaque enfant un élève heureux.
 

Comment dédramatiser la rentrée scolaire?
Symboliquement, l’entrée à l’école reste, durant les premières années, l’une des premières grandes séparations qui ravivent angoisses et doutes aussi bien chez les parents que chez les enfants. Côté adultes, pour rassurer l’enfant, il est important qu’il se sente autorisé à aller vers l’extérieur. Il faut accepter de l’accompagner dans ce mouvement vers l’autonomie et encourager sa capacité à grandir dans un milieu autre que la famille. C’est un travail sur soi. Pas d’effusions déplacées, pas de larmes qu’on ne peut empêcher de couler, pas de nervosité, ni de stress, pas de culpabilité à l’abandonner, cacher ses émotions, ne rien laisser transparaître, rendra cette séparation, après tout provisoire, moins difficile. L’enfant ne saurait alors penser qu’il est abandonné, bien au contraire. Sachez que, d’après tous les sondages, l’enfant pleure lors des premières journées scolaires pendant cinq, dix ou quinze minutes tout au plus voire pas du tout. Selon les psychologues attachés à l’étude du comportement scolaire des enfants, même si l’enfant verse des larmes ce n’est pas une catastrophe, il manifeste une émotion face à ce nouveau monde qui lui est encore inconnu et il est en mesure de l’exprimer. C’est une mesure saine et peut s’étendre de l’âge de un à six ans. L’enfant a une capacité d’adaptation étonnante, ne vous en faites pas pour lui. Prenez juste en considération que votre rythme de vie avec lui doit être plus calme. Faites-le goûter à la maison quand il rentre et laissez-le savourer le calme de sa chambre. Le précipiter dans des programmes chaque après-midi pourrait augmenter son excitation. C’est lui qui vous dictera la bonne conduite à adopter, s’il est grognon et énervé, c’est qu’il a besoin de repos. S’il est de bonne humeur, c’est qu’il est prêt pour de nouveaux programmes.

 

La télévision est-elle la solution miracle qui apaise l’enfant et repose les parents?
Plus de doute possible. Les scientifiques sont unanimes, l’abus du petit écran est très nocif chez les enfants. Il nuit aux neurones en plein développement, affecte leur comportement et leur santé, les empêche de se concentrer, perturbe leur sommeil et peut favoriser l’obésité. Le lien entre la télévision et les nouveaux troubles de l’enfance est désormais établi. La télé bride également l’imagination de l’enfant. Plus l’enfant passe du temps devant le poste, plus ses dessins s’appauvrissent en détails et perdent de leurs reliefs quand ils ne sont pas carrément déstructurés. Comment lutter contre la «téléphagie» infantile? Pas de télévision avant un an et pas plus d’une heure par jour jusqu’à la fin de l’adolescence. A éviter absolument: la télé dans la chambre et cela à tout âge. A proscrire la télé avant de partir à l’école qui rend les petits physiquement surexcités et mentalement endormis. Exercer un droit de regard sur le choix de l’émission est également impératif jusqu’à l’âge adulte.
Comment parents et enseignants contribuent-ils à la construction de l’assurance?
Le premier âge de la vie est la période où s’acquiert le capital «confiance de base». Ce capital a trois grandes composantes: l’estime de soi, la confiance en ses aptitudes et la capacité à s’affirmer face aux autres. Selon les psychologues de l’enfant, la première période décisive dans ce sens s’étale de zéro à cinq ans. A cet âge, ce sont les parents qui installent les premiers moteurs de la confiance. L’enfant doit sentir que ses parents l’aiment, mais surtout que cet amour est inconditionnel. Donc surtout pas de chantage tel que: «Si tu pleures à l’école, je vais me fâcher», «Si tu vas mécontenter ta maîtresse, tu n’auras pas de bonbons»… Des parents qui montrent des preuves d’affection seulement quand l’enfant obéit à leurs demandes ne l’aident pas à acquérir une bonne estime de soi. Des parents qui s’extasient aussi en permanence sur des performances médiocres n’aident pas l’enfant à s’affranchir du regard des autres. Les parents qui s’alarment sur la maladresse de leurs enfants, qui passent des heures à vérifier leur travail provoquent de gros déficits de confiance en soi car l’enfant sera plus préoccupé de ne pas décevoir ses parents que d’apprendre et aller de l’avant. Il s’agit d’être dans les nuances.

 

Comment les maîtresses doivent-elles gérer les enfants?
Il est clair que la maîtresse s’occupera des enfants autrement que leurs parents. Il est de son rôle de trouver les mots nécessaires pour accueillir l’enfant, l’apaiser et le distraire, d’assurer les conditions de vie et de travail agréables pour chacun. Par exemple, un enfant plus sensible que d’autres aura tout à fait le droit d’emmener un doudou avec lui. Il lui semblera ainsi transporter un peu de sa maison à l’école, de l’odeur de son cocon familial. A l’école, l’enfant affronte le regard du prof et ceux de ses camarades. Il développe ainsi sa capacité à s’affirmer face à autrui, mais pour ce faire, il faut l’y encourager. Il faut laisser l’enfant se tromper puis réessayer plutôt que de faire à sa place. Le système éducatif dans certaines écoles, surtout françaises, a tendance à ne pas valoriser les compétences singulières de chaque enfant, car on cherche à construire des élèves bons et dans le secondaire, on pratique la méthode de tri sélectif pour fabriquer des élites. Or, dès les premiers pas à l’école, il vaut mieux valoriser chez l’enfant les acquis plutôt que les déficits. Certes, lorsqu’on gère une classe formée de plusieurs élèves, la discipline et la rigueur facilitent la vie de tout le monde, mais il est essentiel dès le plus bas âge de laisser l’enfant prendre des initiatives, de ne pas l’obliger à faire exactement ce qu’on lui demande, de prendre en compte son caractère, sa personnalité et de le laisser agir en fonction.

 

Alerte, ce gamin est un cancre!
Les parents et les professeurs doivent faire preuve de vigilance dès le plus jeune âge de l’enfant. Plus les problèmes scolaires sont repérés tôt, moins il sera handicapé dans la suite de sa scolarité. En effet, durant les premières années, l’enfant découvre la vie en groupe et effectue ses premiers apprentissages scolaires censés l’amener vers l’écriture, la lecture et le calcul. Autant d’étapes essentielles pour la suite, un problème non identifié en maternelle peut ensuite freiner un enfant  pendant des années. Ne négligez pas non plus le côté psychologique, s’il devient plus solitaire, plus agressif, s’il reste isolé dans son coin, s’il refuse de se mêler aux autres… cherchez-en la cause et dites-vous que tout a une solution. Pour détecter les défaillances chez l’enfant, il faut dialoguer en permanence avec lui et maintenir le contact parents-enseignants. Sachez qu’aucun enfant n’a envie d’être nul à l’école, lui coller une étiquette de cancre est la meilleure façon de l’empêcher de s’en sortir.

Danièle Gergès

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