Bouteflika surprend ses adversaires
Le président algérien Abdel-Aziz Bouteflika est connu pour être un véritable animal politique. D’ailleurs, la classe politique algérienne a été rappelée à cette réalité après les dernières décisions du chef de l’Etat de limoger la moitié de ses ministres et les principaux chefs des services de renseignement. Dans sa ligne de mire, les prétendants à sa succession qui agissaient comme s’il ne faisait désormais plus partie de leur monde. Grossière erreur, car le président malade veut choisir lui-même son successeur, si son état de santé ne lui permettait pas de prolonger son mandat présidentiel qui expire en avril 2014. Stupéfaction au sein du Front de libération nationale (FLN) et parmi les généraux de l’armée qui considéraient que Bouteflika était hors jeu et qui s’étaient lancés dans une bataille sans merci pour se partager le pouvoir. L’hiver algérien promet d’être chaud.
Un baassiste mort en exil
Ibrahim Makhos s’est éteint à l’âge de 86 ans à Alger, loin de sa Syrie natale, après 43 ans d’exil. Médecin, membre du parti Baas, il était connu pour ses positions très radicales et avait fait le mauvais choix de soutenir Salah Jedid. Hafez el-Assad ne l’avait jamais oublié, rejetant ainsi toutes les demandes de l’allié algérien pour le retour de l’ancien membre du bureau politique du parti au pouvoir. Ibrahim Makhos était le seul proche de Salah Jedid à avoir évité la prison, puisque tous ses autres compagnons avaient été emprisonnés pendant des décennies. Il avait fui vers le Liban, le 13 novembre 1970.
Hassan Rohani président de la République islamique d’Iran, a surpris le camp conservateur qui savourait sa victoire aux élections régionales à Téhéran, en évinçant l’une des figures les plus extrémistes de ce camp, Saïd Jalili. Le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale a ainsi été écarté au profit de l’amiral Ali Chamkhani. Cerise sur le gâteau, Masoumeh Ebtekar a été nommée vice-présidente. Un poste créé pour l’occasion et qui prouve que le nouveau président compte exercer ses pouvoirs sans la mainmise des conservateurs, comme ce fut le cas pour son prédécesseur. Entre-temps, l’ancien président Hachémi Rafsandjani, dont le fils Ali Mohsen vient d’être battu au poste de maire de Téhéran, a assuré qu’il maintenait son soutien absolu au nouveau chef de l’Etat.
Talal el-Sharif député jordanien, a eu la très mauvaise idée de tirer sur son collègue Qussay el-Damissi avec une arme automatique AK-47 à l’intérieur du Parlement. L’affaire avait commencé quand les deux hommes s’étaient affrontés verbalement la veille. Le lendemain, Sharif tente de saluer Damissi, qui refuse de lui rendre le salut. La suite est connue. Ce spectacle désolant a poussé le roi Abdallah Ben el-Hussein à menacer de dissoudre l’Assemblée. Sa Majesté a ainsi convoqué au palais royal le chef du Parlement, Saïd Haïl Srour, pour lui demander de contrôler ses députés.
Morsi dans un piètre état
L’ancien président égyptien Mohammad Morsi serait, selon plusieurs sources, dans un état psychologique déplorable. Ces mêmes sources ajoutent que lors de ses auditions devant le procureur, il paraissait dépressif et manquait de concentration. Morsi, qui refuse de répondre à la plupart des interrogatoires, a même présenté une nouvelle condition: il ne parlera que s’il lui est accordé un entretien avec le général Abdel Fattah el-Sissi. Une demande restée lettre morte puisque le nouvel homme fort du Pays des Pharaons refuse de traiter avec le mouvement des Frères musulmans, ce qui n’arrange pas l’état physique et moral du premier président démocratiquement élu en Egypte depuis l’Indépendance. L’ancien numéro un ferait mieux de préparer sa défense car il pourrait encourir la peine de mort.
En pointillé…
Les relations entre le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, et la confrérie des Frères musulmans sont tendues depuis une visite qu’il a effectuée en Egypte où il a rencontré les nouveaux dirigeants, notamment le chef de l’armée Abdel Fattah el-Sissi. Ce voyage a fortement déplu aux islamistes qui ont accusé Zeidan d’avoir trahi la révolution libyenne en s’alliant à des putschistes. Le Parti de la justice et de la construction a exigé que les députés retirent la confiance du cabinet actuel, menaçant de demander à ses ministres dans le gouvernement de présenter leurs démissions. Face à ces tiraillements, l’opposition a décidé d’accorder sa confiance à Zeidan pour éviter que le pays ne sombre dans le chaos total. Un scénario qui permettrait aux islamistes du Maghreb de tenir les vraies rênes du pouvoir.
Alger en médiateur
A la surprise générale, l’Algérie a occupé les avant-scènes en recevant au cours de la même semaine le chef du mouvement tunisien, Ennahda, Rached el-Ghannouchi, le chef de l’opposition Béji Caïd Essebsi, et un envoyé spécial du président Mohammad Moncef el-Marzouki. Le but de ces visites était de trouver une solution à la situation dans laquelle se trouve la Tunisie voisine, divisée entre pro et anti-islamistes. Le président algérien Abdel-Aziz Bouteflika, qui maintient des relations personnelles privilégiées avec Essebsi et Marzouki depuis plusieurs décennies, veut que son pays joue à nouveau un rôle primordial sur la scène internationale. A Tunis, la plupart des partis politiques ont accueilli chaleureusement cette médiation, espérant ainsi sortir le pays d’une crise politique qui semble sans issue. Mais il n’est pas sûr qu’Alger réussisse à rapprocher les deux clans.
Ben Baya lâche Qardaoui
Le cheikh Youssef el-Qardaoui, qui était considéré le guide spirituel de l’émirat du Qatar et qui avait été propulsé à l’avant-scène médiatique grâce à la chaîne al-Jazeera, se sent plus isolé que jamais. Après la démission de son ami cheikh Hamad et la nomination du nouveau prince Tamim, le petit pays du Golfe a perdu le rôle qu’il avait tenu durant les dix dernières années. Qardaoui fut le premier à en payer le prix. Résultat, la justice égyptienne l’accuse de haute trahison, alors que des dissensions internes apparaissent à l’intérieur de son mouvement depuis la démission de son numéro deux, le cheikh Abdallah Ben Baya. Ce dernier avait adressé une lettre publique dans laquelle il a considéré que l’Union internationale des oulémas musulmans tenait désormais un discours au-dessous des espérances.
Un nouvel envoyé pour le Soudan
L’Administration du président américain, Barack Obama, n’a jamais été très attentive à l’Afrique orientale, et le Soudan est parmi les pays les plus touchés par cette indifférence. Cela pourrait changer, la Maison-Blanche ayant nommé un nouvel envoyé, Donald Booth, chargé des relations avec les deux Etats du Soudan. Une tâche qui ne sera guère facile, ses huit prédécesseurs y ayant échoué. Si, au Sud, ce choix a été accueilli avec enthousiasme, le régime du président Omar Hassan el-Bachir à Khartoum s’est contenté de prendre note de cette nouvelle nomination. Il est important de souligner que Booth est considéré comme l’un des diplomates les plus expérimentés sur le Continent noir, ayant occupé le poste d’ambassadeur en Ethiopie, en Zambie et au Liberia. D’ailleurs, sa première décision fut de remanier son équipe, en place depuis dix ans, sans grand résultat. Mais vu que Washington impose de dures sanctions au régime de Khartoum depuis 1997, il n’est pas étonnant de voir ses émissaires échouer l’un après l’autre.
Echec personnel pour Erdogan
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait promis à ses concitoyens d’obtenir du Comité international olympique l’organisation des jeux de 2020 à Istanbul. A cet effet, il avait fait lui-même le voyage en Argentine afin d’influencer les membres du comité. Mais à Buenos Aires, Erdogan n’a pas la même aura qu’à Ankara et le choix du comité s’est finalement porté sur Tokyo. Une décision, reçue comme une insulte personnelle par Erdogan. Avant même son retour, les journaux turcs s’étaient acharnés à critiquer la façon avec laquelle il avait conduit le dossier de candidature. Face à cet échec, le parti au pouvoir se sent plus vulnérable que jamais, sachant qu’il est toujours prudent de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
1 million de sites pornographiques ont été interdits d’accès aux internautes libyens par une décision radicale des autorités. Ce chiffre représente 40% des sites visités par la population libyenne, ce qui déplaît fort aux islamistes qui espèrent voir leur pays appliquer les lois de la charia. Ainsi, Mohammad el-Amari Zayed, chef du comité de Télécommunications au Parlement libyen et membre de la confrérie des Frères musulmans, s’est vanté d’être l’initiateur de cette campagne. Même si l’opération a été conduite illégalement, puisqu’aucune loi n’a été adoptée à ce sujet, il n’en reste pas moins que le ministère des Télécommunications a respecté à la lettre les ordres de Zayed. Entre-temps, les sites jihadistes et takfiris, qui prônent la haine et le refus d’autrui, sont toujours accessibles. Le Pays de Omar el-Mokhtar semble faire marche arrière après une révolution qui s’est voulue moderniste et libératrice. Etant donné l’état déplorable de la sécurité dans le pays, le Parlement et le gouvernement feraient mieux de porter leur attention sur la sauvegarde de leurs institutions.
86 millions de dollars est le montant de l’aide d’urgence accordée par les Etats-Unis au Yémen. Washington a dû puiser dans ses coffres pour procurer à ce pays allié les fonds nécessaires, afin de prévenir une famine qui s’annonçait inévitable. Le ministre yéménite de l’Agriculture et de l’Irrigation, Farid Mujawar, a révélé que l’Oncle Sam avait fait ce don pour permettre à Sanaa d’importer les produits alimentaires dont la population a besoin pour survivre. Le Pays du Qat a connu une année aride, ce qui a provoqué une chute libre de la production agricole, notamment celle du blé. Les pays arabes, quant à eux, qui dépensent des milliards de dollars pour s’approprier les dernières technologies en matière d’armes, n’ont pas trouvé nécessaire d’en faire de même, abandonnant ainsi le Yémen à son triste sort.