Magazine Le Mensuel

Nº 2920 du vendredi 25 octobre 2013

DOSSIERS

Une panoplie de produits. Une garantie pour la vie

La constitution d’un capital retraite, dès l’entrée dans la vie active, s’avère indispensable pour tous les Libanais, de surcroît si l’on est employé dans le secteur privé. Les banques et les compagnies d’assurances multiplient les produits pour leur permettre d’y parvenir.

Les carences de l’Etat dans le domaine social sont telles qu’il est aujourd’hui, plus qu’avant, indispensable, pour les Libanais de préparer leur retraite. Que leur revenu soit minimum ou élevé.
Car avec le système actuellement en vigueur, basé sur les indemnités de fin de service lors du départ à la retraite, pour le secteur privé, les montants perçus sont loin d’être suffisants pour assurer un revenu décent jusqu’à la fin de la vie. Lors de son départ à la retraite, l’employé se voit verser en une seule fois le capital équivalent à un mois par année travaillée, basé sur son dernier salaire. Ainsi, un employé du secteur privé qui touchait un salaire de 1 000 dollars mensuels au moment de la retraite après vingt années d’activité peut espérer obtenir 20 000 dollars lors de son départ en retraite mais plus aucune aide de l’Etat par la suite. Il n’existe pas de système de rente mensuelle et toutes les prestations prennent fin au moment de la retraite, y compris la couverture maladie à un âge où elle est plus nécessaire que jamais.
En parallèle, l’espérance de vie augmente, tout comme les dépenses de santé, sans oublier l’inflation des prix du quotidien. Conséquence: les indemnités actuelles permettent tout au plus aux retraités de subvenir à leurs besoins durant quelques années, mais restent insuffisantes pour couvrir leur fin de vie. Selon l’Organisation internationale du travail, «plus de 80% des Libanais âgés de plus de 65 ans sont privés d’une couverture maladie et retraite − la plupart d’entre eux ayant travaillé dans l’économie informelle et le secteur privé. Les retraités de la fonction publique et de l’armée, qui représentent moins de 20% de la main-d’œuvre, disposent de leur propre régime de retraite». L’OIT observe également que le système actuel «n’est pas non plus facile pour les employeurs: cela leur impose de verser de grosses indemnités de fin de service à leurs employés retraités».
Le Liban adopte toujours le système de retraite mis en place dans les années 60, alors que le contexte économique, social et démographique était différent. Et depuis, l’Etat s’est montré impuissant à modifier ce système. Pourtant, quelques tentatives ont eu lieu, qui n’ont pour l’heure toujours pas abouti. Le Conseil économique et social avait ainsi soumis un projet basé sur trois piliers essentiels: le principe de distribution basé sur la contribution de ceux qui reçoivent le salaire minimum, la contribution de ceux dont les salaires dépassent de trois à six fois le salaire minimum, et la contribution de ceux dont le salaire dépasse le premier et le deuxième piliers.
Pour pallier cette carence de l’Etat, jusqu’à présent, les Libanais faisaient preuve d’une solidarité interfamiliale, les enfants devenus adultes subvenant ainsi aux besoins de leurs parents.
Un fardeau lourd à porter pour ces nouvelles générations, qui, en plus de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, doivent également prendre en charge les anciens, alors que les salaires n’ont pas connu d’augmentation notable et que le coût de la vie − et des dépenses de santé dont ont souvent besoin les retraités − s’accroît.
Devant les carences étatiques dans ce domaine, les banques et les compagnies d’assurances ont trouvé matière à travailler.
 Les unes comme les autres ont fait, ces dernières années, montre de pédagogie auprès de leurs clients, afin de les inciter à préparer leur retraite dès le plus jeune âge, ou en tout cas, dès leur entrée dans la vie active.
Aujourd’hui, banques comme compagnies d’assurances commencent à cueillir les fruits de leur communication à ce sujet. Les jeunes générations ont intégré que la préparation de leur retraite est essentielle, si elles ne veulent pas à leur tour, faire peser un fardeau financier trop lourd sur la tête de leurs enfants.
De fait, banques et compagnies d’assurances veulent intervenir auprès de leurs clients comme de vrais partenaires qui les aideront à constituer leur retraite. Plusieurs options sont proposées au client, allant des plans retraite purs et durs, jusqu’aux différents mécanismes d’assurance vie et d’investissement à long terme. Les jeunes semblent davantage sensibles à ces plans et commencent ainsi à épargner tôt. Les solutions proposées leur permettent d’épargner à partir de petits montants en dollars, rendant accessibles ces produits aux petits salaires.
Pour commencer un plan retraite ou une assurance vie, les clients peuvent soit choisir une solution proposée par la bancassurance dans leur propre banque, soit opter pour une compagnie d’assurances proprement dite. Mais attention, les produits diffèrent, tout comme les primes et les conditions. Du côté des assureurs, l’intérêt des plans d’épargne réside dans le fait qu’ils sont «forcés». On met de côté une somme chaque mois qu’on retrouvera au moment de la retraite. Bien sûr, ces plans sont souvent adossés sur des investissements dans
les marchés locaux ou internationaux, mais avec une certaine garantie quant à la préservation de son capital. L’assurance vie, selon comment et pourquoi elle est souscrite, peut être aussi un moyen de préparer sa retraite. Mais elle est davantage utilisée pour collecter de l’argent destiné à subvenir aux besoins de la famille ou de ses enfants, en cas de décès précoce. Il s’agira alors de garantir des revenus décents au conjoint toujours vivant ou à sa descendance. Dans ce cas, l’assurance vie offre des garanties de protection, tout comme de revenus.
Les banques sont également de plus en plus nombreuses à proposer un plan épargne, qu’il est possible d’ouvrir aussi pour ses enfants, et qui permettra le versement d’un premier apport en cas d’achat immobilier futur. 

Jenny Saleh

Les Libanais mal informés
Une étude réalisée en 2012 par l’Institut des Finances Bassel Fleyhan, pour le ministère des Finances, et publiée dans son bulletin d’informations mensuel, Hadith el-Malia, rèvèle que 55% des Libanais ne parviennent pas à épargner chaque mois. Un fait sans aucun doute en rapport avec les revenus faibles d’une partie de la population et la hausse du coût de la vie quotidienne.
Autre information révélée par l’étude, la méconnaissance des Libanais du régime des retraites. 70% des personnes interrogées pensent en effet que l’inscription à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) permet de bénéficier automatiquement d’indemnités de fin de service.

+8,6% pour les primes d’assurances
Selon Lebanon this week, le bulletin hebdomadaire de la Byblos Bank, les primes d’assurances ont connu une croissance de 8,6% pour le premier semestre de 2013, comparativement à la même période de 2012. Elles ont ainsi atteint 739 millions de 
dollars pour les six premiers mois de l’année. Une augmentation due à la hausse des assurances maladie de +11%, ainsi que des assurances vie (+8%).
Quant aux primes payées par les assurances, elles ont atteint 333,3 millions de dollars à la fin du mois de juin 2013, soit +16,7% par rapport à la même période de 2012.

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