Magazine Le Mensuel

Nº 2921 du vendredi 1er novembre 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Une cheikha dépensière
Sœur du prince Tamim, l’émir actuel du Qatar, cheikha Mayassa Bint Hamad Ben Khalifa Al Thani est connue à travers le monde pour son mode de vie extravagant. La cheikha dépense ainsi des centaines de millions de dollars par an, non pour aider les réfugiés syriens ou les Palestiniens de Gaza sous blocus israélien, mais pour s’approprier des œuvres d’art à des prix exorbitants. Le magazine britannique spécialisé, Art Review, l’a classée parmi les cent personnalités les plus influentes dans l’univers de l’art, ayant dépensé au cours des huit dernières années plus de cinq milliards de dollars.  

 

Un dialogue sans fin
En vain, les Turcs attendent impatiemment, depuis vingt-six ans, d’être acceptés au sein de l’Union européenne. Alors que les pays de l’Est, telles la Roumanie et la Bulgarie, ont réussi en un temps record à intégrer le groupe des 28, Ankara semble loin d’atteindre cet objectif. Même si les pourparlers entre Bruxelles et le gouvernement turc ont été relancés ce mois-ci, il est peu probable qu’un accord soit conclu, plusieurs pays européens ayant exprimé publiquement leurs craintes de l’adhésion de près de 75 millions de Turcs musulmans à leur Union. Si la présence de la petite Léonarda dans un lycée français est insupportable pour certains, qui pourrait accepter une telle «invasion»?       

Abderraouf el-Rawabdeh vient d’être nommé chef de la Deuxième chambre du Parlement jordanien, appelée le Conseil des notables. Cet ancien Premier ministre, chef de file du camp conservateur, n’a jamais caché son mépris à l’égard de l’opposition islamiste, au moment où les proches du palais estiment qu’il n’est pas question de négocier avec les Frères musulmans dont le seul but est de renverser le régime. De plus, ce choix a choqué la population d’origine palestinienne, puisque Rawabdeh remplace l’un des siens, Taher el-Masri. L’heureux élu, originaire d’Irbid, deuxième ville du pays, devient ainsi l’un des hommes les plus influents du royaume. Pour faire taire les critiques, il a présenté un tout autre visage en nommant neuf femmes au Sénat. L’ancienne Chambre n’en comptait aucune.

Abdel-Aziz Bouteflika a laissé planer le doute pendant des mois. Les Algériens ne savaient ce qui les attendait avec l’approche de la date prévue pour les élections présidentielles de 2014. Certains assuraient que le président Bouteflika prendrait sa retraite, tandis que d’autres considéraient que le président malade pouvait encore gouverner le pays pendant des années. Or, ce débat n’a plus lieu d’être, puisque le régime a enfin dévoilé ses cartes en proposant un amendement constitutionnel qui prolongerait le mandat présidentiel pour une durée de deux ans. Entre-temps, Bouteflika a remplacé les gouverneurs qui avaient osé imaginer l’Algérie sans lui et a écarté nombre de généraux envoyés en ambassadeurs au fin fond du monde. Les services de renseignement n’ont pas été épargnés. Il n’a pas seulement désigné de nouveaux officiers à la tête des services, mais il a aussi limité leurs prérogatives. Bouteflika ne fait pas les choses à moitié.          

Ahmadinejad laisse les caisses vides
Le président iranien Hassan Rohani a fait de l’économie sa priorité. La République islamique d’Iran, ayant subi des sanctions internationales et les conséquences des politiques adoptées par le régime de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, souffre d’une crise économique sans précédent. C’est la raison pour laquelle le chef de l’Etat a appelé le Parlement à le soutenir dans ses programmes actuels, la ligne économique suivie au cours des huit dernières années a puisé dans les caisses de l’Etat la somme pharaonique de 60 milliards de dollars. Ahmadinejad prétendait être le président des pauvres et des défavorisés mais, en réalité, la situation des plus démunis s’est gravement détériorée durant ses deux mandats catastrophiques.

En pointillé…
Au moment où le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, convoite la première magistrature de l’Etat, les spéculations portent sur son successeur probable au poste de Premier ministre. Mais celui qui aurait le plus de chance n’est apparemment pas un membre du parti Justice et Développement, puisque ce n’est autre que le chef des services de renseignement Hakan Fidan, bras droit d’Erdogan. Si ce scénario se concrétise, cela signifierait un divorce définitif avec son ancien compagnon de route, l’actuel président Abdullah Gül, qui espérait être nommé chef de l’Exécutif pour sauver la face. Des analystes à Ankara ont affirmé qu’au cas où Gül est écarté, il rejoindrait les rangs de l’opposition et formerait son propre parti politique. Affaire à suivre.        

La justice a le dernier mot
Les tribunaux koweïtiens viennent d’asséner une gifle cinglante au gouvernement présidé par cheikh Jaber el-Moubarak el-Sabah. Le ministère de l’Information avait ordonné l’arrêt immédiat d’un programme politique diffusé sur une chaîne privée critiquant le cabinet. Le journaliste vedette, Mohammad el-Wochihi, avait même osé s’en prendre à certains chefs de tribus, «prêts à s’humilier devant la famille au pouvoir». En mai dernier, cela lui avait valu une peine de prison de trois mois et l’arrêt immédiat de son programme. Apparemment, les juges n’ont pas approuvé cette décision très sévère. Le Koweït, connu pour être un havre de démocratie parmi les pays du Golfe, prouve ainsi qu’il demeure un Etat de droit malgré toutes les tentatives de la famille princière de le transformer en une république bananière.  

Bachir, capitaine d’un navire qui coule
Le président soudanais, Omar Hassan el-Bachir, perd chaque jour l’appui de ses plus fidèles conseillers, sans que cela ne semble vraiment altérer ses plans. Dernier épisode en date, la décision de son ancien conseiller personnel, Ghazi Salaheddine, de rejoindre les rangs de l’opposition, tout en formant sa propre mouvance politique. Considéré chef de file des réformateurs dans le parti au pouvoir, il s’était démarqué, début octobre, après les manifestations populaires contre la décision du régime de hausser les prix. Ceci constitue la deuxième défection de taille au sein du parti du Congrès national après celle de Hassan Tourabi, en 1989. Face à cette révolte, Bachir a ordonné la suspension de tous les membres qui avaient signé une pétition appelant le régime à plus de clémence envers les manifestants dans la rue. Le général ne connaît que la manière forte, même si cela coûte la vie à des centaines, voire des milliers de Soudanais. Le Printemps arabe passera-t-il par Khartoum cet automne?

Interdiction d’entrée
La province semi-indépendante du Kurdistan jouit depuis plusieurs années d’une croissance économique impressionnante due au succès des autorités en place à maintenir la sécurité et la stabilité. Mais ce calme a agacé les membres d’al-Qaïda, qui ont réussi à faire exploser deux voitures dans la ville d’Irbil, poussant le président de la province, Massoud el-Barzani, à ordonner à sa police des «frontières» de ne plus laisser passer les citoyens arabes qui peuvent paraître suspects. Résultat, les Irakiens se plaignent des longues heures d’attente et des humiliations qu’ils subissent de la part des Peshmergas avant d’être empêchés d’entrer au Kurdistan sous divers prétextes. Ces mesures ont rendu furieux le gouvernement fédéral qui n’a plus aucune autorité sur la minorité kurde. Celle-ci agit indépendamment de Bagdad, bafouant la Constitution du pays et les stipulations qui réglementent les relations entre le Kurdistan et le gouvernement central.   

Libye: un pays, deux gouvernements
Les régions est de la Libye ne cachent plus leur désir de se séparer de Tripoli et de former un Etat indépendant. Ces aspirations semblent se matérialiser, un gouvernement ayant été formé dans la province de la Cyrénaïque avec un pouvoir exécutif, des institutions étatiques et des forces armées. Composé de vingt-quatre membres, ce cabinet, présidé par Abd Rabou el-Baraassi, fait l’objet de critiques portant sur l’absence de la gent féminine. Cependant, aucun mot n’a émané du gouvernement de Ali Zaidan, supposé être le représentant unique du peuple libyen. Ce développement enfonce le pays encore plus dans la crise, avec une absence totale des organismes de l’Etat, tandis que des milices armées imposent leur loi à la population et détournent les ressources pétrolières du pays à leur propre profit.      

6 millions de citoyens irakiens vivent sous le seuil de pauvreté selon la dernière étude des Nations unies. Pourtant, le Pays des Rafidain produit chaque jour trois millions de barils de pétrole, censés assurer suffisamment les besoins des trente millions d’Irakiens. C’est sans compter sur le système de corruption mis en place après l’invasion du pays par l’armée américaine en 2003. Le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki affirme pourtant avoir mis un terme à la corruption pendant ses sept années de règne, ce qui est loin d’être vrai car même sous le régime de Saddam Hussein, les conditions économiques étaient meilleures. Des analystes à Bagdad ajoutent que la corruption n’est pas la seule cause de la pauvreté dans laquelle vivent plusieurs millions. Les problèmes sectaires jouent un rôle primordial à ce niveau, le régime chiite en place privant les régions sunnites de l’aide nécessaire à la survie de leurs habitants.   

457 millions de dollars ont été alloués par le gouvernement égyptien à la modernisation de l’aéroport de Charm el-Cheikh. A cette occasion, le Premier ministre Hazem el-Beblaoui, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, a participé personnellement à la conférence de presse annonçant le lancement du projet, dont le but est de permettre à 18 millions de touristes de visiter la péninsule du Sinaï. La compagnie chargée de la construction a promis de terminer les travaux avant 2017. Mais est-ce suffisant pour que les projets ambitieux de Beblaoui se matérialisent? Depuis l’explosion de la révolution égyptienne, les touristes ont fui le Pays des Pyramides, la sécurité se dégradant un peu plus chaque jour. En outre, la province du Sinaï est la plus touchée vu l’intense activisme des islamistes dans la région.

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