Erdogan se fait prier
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a exprimé depuis plusieurs mois son désir de voir la Constitution révisée en vue de donner tous les pouvoirs au président de la République, semble avoir franchi un nouveau pas vers la première magistrature du pays. Le leader du Parti Justice et Développement a ainsi annoncé qu’il envisageait l’idée de briguer la présidence en 2014, si les membres de son parti le lui demandaient. Pourtant, tous les sondages donnent le président actuel, Abdullah Gül, favori. Mais ce dernier n’a toujours pas annoncé sa candidature pour un second mandat, soucieux d’éviter une confrontation directe avec le chef de son parti. Interrogé sur ce sujet, Erdogan a répliqué qu’il prendrait sa décision finale après avoir consulté Gül «si cela s’avère nécessaire».
Le Qatar joue en Mauritanie
Les partis mauritaniens de l’opposition ont essuyé un revers dans leur bras de fer avec le régime du président Mohammad Ould Abdel-Aziz. La mouvance islamique al-Tawassol a en effet décidé de participer à la bataille électorale. Ce scrutin servira donc à renforcer la position du président qui vient de traverser une mauvaise année à cause d’une blessure dite accidentelle qui l’a forcé à passer plusieurs mois en France. Des spécialistes du pays ont noté que Tawassol a pris cette décision, très controversée, à cause des fortes pressions exercées par le mentor qatari, qui souhaite voir une alliance entre le régime et les islamistes.
Ali Benflis ancien Premier ministre algérien, avait choisi de garder un silence total pendant plus de dix ans après le différend qui l’a opposé au président Abdel-Aziz Bouteflika. Les deux hommes étaient alliés jusqu’au jour où le Premier ministre, s’étant opposé au frère du président Al-Saïd, a perdu son poste. Retournement de situation, puisque Benflis ne cache plus ses ambitions présidentielles et envisagerait sérieusement la possibilité de se présenter face à son mentor d’antan. Il profiterait du soutien de plusieurs figures historiques sur la scène politique algérienne, dont Karim Younès, ancien chef du Parlement. Cette résurrection n’est pas bien accueillie par l’entourage présidentiel qui pensait que Benflis était hors jeu pour de bon. Plus que n’importe qui, Bouteflika devrait savoir qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Christopher Ross diplomate américain et envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara, a entamé une ultime visite au Maghreb, sans grand succès. Rabat a anticipé sa visite en annonçant être attaché au principe d’autonomie et ne serait, en aucun cas, prêt à débattre l’idée de l’indépendance. Des analystes ont noté que l’envoyé onusien avait très mal choisi son timing, puisque les relations actuelles entre Rabat et Alger sont au plus bas et bloquent toute chance de voir le peuple saharien sortir de l’impasse.
Le Baas resurgit
Depuis un matin de mars 2011, quand le peuple syrien s’était révolté à Deraa contre le régime, le parti Baas au pouvoir semblait avoir perdu toute raison d’être. Or, il s’est avéré que les baassistes n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils viennent d’interdire la visite de l’équipe nationale syrienne à Ramallah, malgré l’annonce du général Mouwaffak Jomaa, président du comité sportif syrien, que l’équipe nationale junior participerait en territoire palestinien au tour éliminatoire de la Coupe du monde des moins de 20 ans. Une interdiction choc, étant donné le réchauffement des relations entre le président Bachar el-Assad et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, depuis la rupture entre Damas et le Hamas, le mouvement islamiste. C’était sans prendre en compte les idéologues baassistes qui refusent toute normalisation avec les Israéliens. En effet, pour passer dans les territoires palestiniens, il faut d’abord obtenir l’accord d’Israël et se faire fouiller sur des check-points de l’armée israélienne.
Sanaa accuse Téhéran
Les relations entre le régime de Ali Abdallah Saleh et la République islamique d’Iran ont toujours été très tendues, l’ancien président accusant Téhéran de fournir armes et fonds à ses ennemis houthis. Depuis, beaucoup de choses ont changé à Sanaa, sauf une seule constante: l’hostilité envers Téhéran. Dernier épisode en date, les critiques du ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr el-Qorbi, adressées aux autorités iraniennes pour leur soutien aux séparatistes du Sud. Le ministre, qui a servi sous le règne de Saleh et a maintenu son poste avec l’arrivée du nouveau président Abed Rabbo Mansour Hadi, a noté que les Iraniens avaient pris sous leur aile Ali Salem el-Beidh, dernier président du Sud-Yémen. «Beidh vit à Beyrouth sous la protection du Hezbollah, proxy de Téhéran, et ses chaînes satellites sont financées et dirigées par les Iraniens». Interrogé sur un possible soutien militaire offert aux Sudistes, le dirigeant yéménite a prétendu que, pour le moment, l’aide n’est que financière.
En pointillé…
Les Gardiens de la révolution iraniens ont révélé au monde la disparition d’un de leurs officiers, Mojtaba Ahmadi. Ce dernier était chargé de diriger l’unité de guerre électronique contre les ennemis de la révolution. A Téhéran, on nie toutes les rumeurs sur l’assassinat de l’officier et les autorités persistent à dire qu’il a perdu la vie dans un «terrible accident». Cependant, plusieurs sites de l’opposition assurent qu’Ahmadi aurait été abattu par balle et que deux personnes ont été arrêtées, suspectées d’être impliquées dans le meurtre. Depuis 2007, un nombre important de scientifiques et d’experts nucléaires iraniens ont été tués dans des circonstances similaires, sans qu’aucun parti ne revendique ces assassinats. Il est évident que malgré les sourires échangés à New York, la guerre secrète entre Washington et Téhéran fait toujours rage.
Les Kurdes tournent la page
La communauté kurde d’Irak se trouve devant une question de taille: qui remplacera Jalal Talabani? Le président irakien serait depuis plusieurs mois dans un état critique et ses proches prédisent le pire. Résultat, Arbil peine à trouver un successeur susceptible de faire l’unanimité, sachant que cette impasse pourrait coûter cher aux Kurdes, la communauté sunnite pouvant saisir l’occasion de reprendre ce poste très convoité. Entre-temps, le parti de Talabani, l’Union nationale, a subi une claque aux dernières élections parlementaires, ce qui menace son existence même. Hero, la première dame d’Irak, est donc sortie de son silence pour appeler les compagnons de la première heure de son mari à céder la place à la nouvelle génération afin que l’Union nationale ne perde pas sa raison d’être.
Rajoub se méfie du Hamas
Jibril Rajoub, haut responsable du Fateh palestinien, a dit tout haut ce que ses camarades pensent tout bas. A la suite des pressions exercées sur Ramallah pour envoyer ses militaires diriger le passage de Rafah, le frère d’armes de Yasser Arafat a fait savoir que ce scénario n’était pas d’actualité. «Nous n’avons pas confiance dans le Hamas et, par conséquent, nous ne pouvons pas envoyer nos soldats se faire prendre en otages à Gaza». Rajoub a ainsi mis un terme aux tentatives du mouvement de Khaled Mechaal de briser le blocus imposé sur Gaza par l’Etat hébreu, et les quelque million et demi de Palestiniens qui y vivent devront encore patienter, le Hamas s’étant mis à dos Tel-Aviv, Ramallah et Le Caire.
Bachir seul contre tous
Le président soudanais, Omar Hassan el-Bachir, mène probablement son dernier combat politique. Il ne pourra compter, cette fois, que sur lui-même, tous ses alliés l’ayant lâché. Sa décision de mettre fin aux subventions sur les matières premières ayant été prise sans aucune consultation préalable avec le parti au pouvoir, des voix au sein du régime ont critiqué le bain de sang ordonné par le général qui tient le pouvoir d’une main de fer depuis 1989. Les pourparlers menés avec le principal leader d’opposition Al-Sadeg el-Mahdi ont été entre-temps suspendus par ce dernier qui demande désormais le départ immédiat du président. Les ennemis de Bachir divisés et n’arrivant pas à s’entendre sur un plan d’action commun, ont finalement trouvé un point d’entente: la tête du président.
2000 euros est le prix d’une jeune Syrienne de 13 ans. C’est ce qu’assurent les organisations des droits de l’homme après une enquête, menée en Jordanie, parmi les réfugiés syriens. Cette annonce choc a été confirmée par un reportage de la télévision allemande, qui a révélé que les riches du Golfe venaient acheter en Jordanie des adolescentes syriennes vierges pour quelques jours ou quelques semaines de plaisir. La chaîne allemande a ajouté que ces fillettes étaient traitées en esclaves par leurs nouveaux maîtres qui les transformaient en objets sexuels. Le pire c’est que ces enfants sont vendus par leurs propres parents, qui n’ignorent rien du destin qui leur est réservé, des réseaux professionnels servant de médiateurs entre les clients et les familles. A Amman, le gouvernement jordanien prétend ne rien pouvoir faire pour mettre un terme à ce trafic humain, la loi islamique donnant au père le droit de marier sa fille à qui bon lui semble.
8000 détenus politiques croupissent dans les prisons libyennes. La plupart ont été arrêtés sans aucune prise en compte de leurs droits et sans être accusés d’un quelconque crime. Résultat, ils n’ont pas droit à un avocat et ne seront probablement jamais présentés devant un juge. Nombreux sont ceux qui perdront la vie sous la torture. Les Nations unies ont, d’ailleurs, dénombré vingt-sept morts parmi ces détenus depuis 2011, sans que les causes de leur décès ne soient jamais élucidées. Le rapport, présenté par les experts onusiens à ce sujet, révèle que ces morts suspectes ont toutes eu lieu dans des prisons tenues par des milices armées, en dehors de tout contrôle du ministère de la Justice. Cerise sur le gâteau, les miliciens se sont à plusieurs reprises vantés des moyens de torture appliqués à l’intérieur de leurs centres de détention.