Améliorer la situation des employées domestiques migrantes et leur fournir un cadre juridique qui protège leurs droits est le sujet du débat animé par les juristes et les défenseurs des droits de l’homme à l’occasion du lancement d’un livret portant sur la situation des domestiques étrangères au Liban.
C’est à la faculté de droit de l’Université La Sagesse qu’a eu lieu le lancement du livret sur la situation des employées migrantes. Selon le directeur de l’association Insan, Charles Nasrallah, l’objectif de cet événement organisé par Insan en collaboration avec l’Université La Sagesse et Open society foundations, est de mettre en lumière le vécu des domestiques étrangères et d’inciter à un meilleur cadre juridique qui protège leurs droits et leurs intérêts. Le cadre juridique actuel pour les employées domestiques migrantes au Liban est faible et inapproprié. Il les empêche d’accéder à leurs droits et de reconnaître en elles des êtres humains de plein droit. Les autorités libanaises devraient se soucier d’assurer les réformes nécessaires pour empêcher l’exploitation, le racisme et la discrimination envers ces employées. Et ce, dans le but de préserver la réputation du Liban et son respect des droits de l’homme. Le livret contient, entre autres, une série de chapitres sur la situation générale des employées domestiques migrantes, le processus de leur entrée au pays, le mandat de la Sûreté générale, le vécu et les témoignages livrés par certaines employées étrangères, ainsi que les services offerts par Insan. Les injustices, le racisme et l’exploitation de ces domestiques ont souvent des conséquences graves et poussent les employées à commettre des crimes ou à prendre la fuite. Un meilleur système judiciaire permettrait de meilleures relations entre les employeurs et leurs domestiques, sachant que pour l’instant ces dernières sont exclues du système et n’ont pas accès à des mécanismes de plainte ou de poursuite.
Le système actuel du parrainage retire aux employées domestiques migrantes toute liberté de mouvement. Les travailleuses migrantes sont liées légalement à leur employeur libanais. Exclues du droit libanais du travail, elles ne bénéficient d’aucune protection légale. La réforme du parrainage en vue d’une meilleure codification du statut des travailleuses domestiques migrantes est une nécessité, selon Insan. Connaître leurs droits leur est en outre indispensable. L’association offre d’ailleurs un service d’informations sur les choses importantes à savoir concernant leurs droits et leurs responsabilités. Le nombre d’heures de travail, le congé auquel elles ont droit, le salaire, le logement et la nourriture doivent être assurés dans les meilleures conditions possibles. Un rapport soumis par l’Organisation des droits de l’homme souligne un grand nombre de cas de suicide et d’accidents chez les travailleuses migrantes. Le rapport indique par ailleurs que 65% des employées domestiques migrantes travaillent quinze heures par jour, 34% ne prennent pas de congés et 30% sont victimes d’abus ou de mauvais traitements. Adopter une loi instaurant un mécanisme simplifié de résolution des conflits afin de régler les différends, fournir un accès à l’aide juridique et réformer le système de parrainage sont pour les intervenants des solutions qui peuvent aider à améliorer le sort de ces quelque 200 000 employées domestiques migrantes au Liban.
Nada Jureidini
Des services juridiques
L’association Insan met en œuvre des
services de conseils juridiques afin de transmettre aux tribunaux des cas de
violations des droits des employées
domestiques migrantes. Des consultations juridiques permettent une médiation et aident à préparer des dossiers de plainte pour faire cesser la violence et trouver des solutions appropriées au cas par cas, qui sécurisent les droits de toutes les parties. En outre, des sessions de formation pour faire mieux connaître les droits juridiques sont fournies par les avocats et le personnel de l’association aux travailleurs migrants vivant à Beyrouth.