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Nº 2924 du vendredi 22 novembre 2013

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Les grottes géantes de Niubizi Tian Keng. Dans les entrailles de la terre

Des spéléologues viennent de révéler des photos impressionnantes de leur exploration dans un réseau de grottes découvertes dans la région de Chongqing, à l’ouest de la Chine. A couper le souffle.

Les images parlent d’elles-mêmes. L’ensemble de grottes karstiques Niubizi Tian Keng, découvert dans la région de Chongqing, dans l’ouest de la Chine, il y a quelques années, vient enfin d’être révélé au public. Un groupe de spéléologues s’est lancé dans leur exploration durant deux semaines, et n’ont sans doute pas encore découvert tous leurs secrets. Jusqu’à présent, l’endroit était surtout connu par ses cavités proches de la surface, exploitées pour leurs gisements de nitrate. Mais les passages souterrains n’avaient jamais été empruntés.
Il faut dire que l’endroit est immense. Des galeries gigantesques, dédales sous la terre, puits sans fonds, ou presque, gouffres incroyables. Les grottes sont tellement immenses qu’elles possèdent même leur propre microclimat. C’est dire.
Mené par la spéléologue américaine Erin Lynch, le groupe d’explorateurs est allé de découverte en découverte. Dont la plus incroyable et somptueuse est le Cloud Ladder Hall, alias la salle de l’Echelle nuageuse, qui apparaît comme l’une des découvertes récentes les plus fabuleuses de la spéléologie.
Cette salle naturelle, découverte en 2007 déjà par Erin Lynch, affiche une surface de 51 158 m2, soit l’équivalent de douze terrains de football! Sa superficie est si vaste que la cave semble avoir son propre climat. Du brouillard et des nuages masquent même sa partie haute, qui culmine à 250 mètres. Les spéléologues l’ont surnommée «la cathédrale».
Et ce n’est pas tout. Au cours de leur expédition, les spéléologues, accompagnés du photographe Robbie Shone, ont découvert des stalagmites géantes, mais aussi des rivières et des cascades tourbillonnantes, ou encore des passages balayés par le vent. Le photographe, amateur des plongées dans l’antre de la terre, en a ramené des clichés impressionnants. Comme celui-là, où on voit un spéléologue, de la taille d’une fourmi, en éclairer un autre qui descend en rappel du haut du Cloud Ladder Hall, avec une torche ultrapuissante. Ou celui-ci, de l’ouverture à ciel ouvert, impressionnante et vertigineuse, où on aperçoit, comme un point minuscule, trois spéléologues. De quoi donner une idée de l’immensité de l’endroit et se rappeler, si on l’avait oublié, que l’Homme est infiniment petit face à Mère Nature.
Très émus, les spéléologues dirigés par Erin Lynch sont, cela va sans dire, des professionnels aguerris, habitués à manier plusieurs disciplines, qu’il s’agisse d’escalade ou de plongée, afin de pouvoir se faufiler dans les secrets de cet enchevêtrement de grottes. Non initiés s’abstenir! Au fil de leurs pérégrinations, ils ont dû tantôt faire du rappel pour descendre des pentes de plusieurs mètres, ou encore se laisser porter par des ruisseaux pendant plusieurs heures, pour pénétrer dans les entrailles de la terre. Les surprises se sont enchaînées pour les explorateurs. Comme avec cette géante calcite, sculptée par les âges, l’eau et le vent.
Autant dire qu’au cours de leur expédition, les spéléologues seront sans doute passés par une myriade d’émotions, face à de telles beautés sculptées par la nature. Et les surprises ne sont pas finies, car les étendues à couvrir sont tellement gigantesques qu’il faudra plusieurs expéditions pour cataloguer toutes ces merveilles enfouies sous la terre.

Jenny Saleh

D’autres grottes… spirituelles
La région de Chongqing recèle de nombreux trésors. Parmi eux, d’autres grottes, celles de Dazu, qui font partie des quatre grottes bouddhiques les plus célèbres de Chine, à la frontière avec la province voisine du Sichuan. Inscrites au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, ces grottes, bien plus petites que celles découvertes récemment, révèlent l’art spirituel bouddhiste, avec de fines sculptures des parois rocheuses. Ces œuvres d’art 
religieux datent essentiellement du VIIe siècle jusqu’au XIVe siècle et sont préservées dans un écrin verdoyant de végétation luxuriante. Les peintures murales y sont parfaitement 
conservées. Au total, Dazu abrite pas moins de 50 000 statues religieuses dont certaines relatent la vie des paysans, et dont la pièce maîtresse est un Bouddha couché long de 31 mètres, représenté en train d’attendre le nirvana.

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