La semaine a été marquée par un acte terroriste mais aussi par la célébration de deux événements nationaux. Le 70e anniversaire de l’Indépendance et la 77e année du parti Kataëb. Conversation à bâtons rompus avec cheikh Nadim Gemayel.
Que pensez-vous de l’incident qui vous a opposés aux partisans du Hezbollah à l’Université Saint-Joseph où le 14 mars a obtenu un succès aux élections?
Les victoires que nous avons obtenues à l’USJ, la «faculté de Bachir», ou à l’Ordre des avocats confirment que la nouvelle génération applique les principes des Kataëb. Les autres clament que l’USJ n’est pas pour les traîtres. Nous déplorons que le partenaire chrétien, notamment le CPL, consacre la présence du Hezbollah et l’appuie sans réaliser où peuvent mener ses options.
Vous avez reproché au commandement de l’armée de n’être pas intervenu assez rapidement à l’USJ. Celui-ci a précisé qu’il n’y avait pas eu de véritable affrontement et qu’il n’intervenait qu’à la demande de l’administration…
Porter atteinte à la sécurité, ce n’est pas seulement gifler quelqu’un. Ils ont bouclé l’université et interdit aux étudiants d’en sortir ou même de s’y déplacer. La provocation est une atteinte à la sécurité.
Les Kataëb ont organisé une célébration réussie au Biel. Est-ce que cela signifie que le parti a récupéré sa force passée?
Les Kataëb n’ont pas besoin de prouver leur force. Ce n’est ni leur première ni leur dernière manifestation. Les précédentes étaient réussies et ont toujours donné une image moderne et jeune du parti. Cette fois, c’est l’assistance qui a fait réussir la manifestation et qui a montré l’esprit de la jeunesse. C’est la meilleure leçon qu’on puisse en tirer.
Alors que le Liban fêtait le 70e anniversaire
de l’Indépendance, les Kataëb célébraient leur
77e année. Quel lien y a-t-il entre le parti et
l’indépendance?
Un lien très fort. Les Kataëb ont été fondés sur deux principes: la liberté et la souveraineté pour lesquelles cheikh Pierre Gemayel a combattu aux côtés aussi des hommes de l’indépendance.
Comment avez-vous perçu l’allocution du président de la République à l’occasion de l’indépendance? Il a soulevé de nombreuses questions sur le sens réel de l’indépendance…
Le discours du chef de l’Etat était excellent et courageux et confirme les principes qu’il a toujours promus. Il met les points sur les i et brosse l’image de l’Etat dans lequel nous voulons vivre. Ceux qui le critiquent sont ceux qui ne veulent pas d’un Etat véritable.
Le président Sleiman a proposé la déclaration de Baabda et les Kataëb un projet de neutralité. Est-il possible d’appliquer cette formule?
La neutralité protège l’indépendance du Liban et constitue la pierre angulaire des relations du Liban avec son environnement.
Pensez-vous que Hezbollah conserve ses armes pour participer au pouvoir?
Plus encore il veut prendre le pouvoir. Le secrétaire général du Hezbollah tente d’étendre son autorité sur l’ensemble eu Liban et y agir comme bon lui semble. Il pense y arriver en l’absence d’un gouvernement et dans une vacance à la présidence. Ainsi, il peut faire ce qu’il veut en Syrie et transférer les explosifs au Liban sans aucun contrôle.
Une voiture chargée d’explosifs a été découverte.
A qui, selon vous, était-elle destinée?
Je crains qu’elle ait été destinée à l’une des personnalités qui participaient à la cérémonie de l’indépendance ou à n’importe quelle personnalité pour créer la panique vu la tension que connaît le pays.
On dit que des personnalités du 8 mars
et le commandant de l’armée sont visés…
Vu l’insécurité qui règne dans le pays et l’absence de décision politique et de gouvernement, le risque est généralisé.
L’explosion qui a frappé l’ambassade d’Iran serait le fruit d’une coopération sur le plan du Renseignement entre l’Arabie saoudite et Israël contre l’Iran…
Ceci n’est pas exact. L’auteur de cet attentat est un terroriste et un criminel qui a agi contre le pays, contre lui-même et contre sa communauté. Mais nous ne devons pas nous leurrer. Il nous faut poser la question essentielle sur les raisons qui font de cette région une cible? L’une des raisons fondamentales de ces explosions est l’intervention du Hezbollah en Syrie. Cette explosion est un message clair adressé à l’Iran. On a tenté de faire assumer cet acte à Israël pour renforcer le désir de vengeance contre lui. Or, le conflit n’est pas à la frontière du Sud, mais avec la moitié du peuple libanais qui refuse l’ingérence du Hezbollah en Syrie.
En ce qui concerne le gouvernement, le secrétaire général du Hezb vous a conseillé d’accepter la formule des 9-9-6 avant qu’il ne soit trop tard.
Je conseille, pour ma part, à sayyed Hassan Nasrallah de sortir de Syrie avant qu’il ne soit trop tard.
Propos recueillis par Saad Elias