Magazine Le Mensuel

Nº 2928 du vendredi 20 décembre 2013

Presse étrangère

Au Liban, le feu couve

Les incidents survenus ces derniers jours sur le territoire libanais ont rappelé aux analystes de la presse internationale la prégnance du conflit israélo-libanais, dont le Hezbollah est le principal acteur.     

Haaretz
Pays: Israël.
Genre: quotidien.
Diffusion: 72 000 exemplaires par jour.
Troisième journal du pays, derrière Maariv et Yediot Aharonot.

Un autre article d’anticipation d’Aaron Majid pour le compte du quotidien israélien de référence intitulé: Israël-Liban, la stratégie de l’appât.
Il suffirait d’une provocation de trop pour que le calme trompeur sur la frontière nord d’Israël se transforme en conflit brutal. Les hauts responsables de l’armée israélienne tiennent le Hezbollah en haute estime. Le lieutenant-colonel Peter Lerner, responsable du département médias étrangers explique: «Lorsque nous parlons de l’entraînement de nos forces pour affronter l’adversaire militaire le plus difficile à manœuvrer, nous faisons référence au Hezbollah». Même si certains prétendent que le combat du Hezbollah en Syrie a détourné le regard de l’organisation d’Israël, le Hezbollah garde, en réalité, toujours les yeux rivés sur l’Etat juif. La majorité de ses combattants sont restés au Liban. Les armes du Hezbollah sont toujours pointées sur Israël.
Les analystes s’accordent à dire que la confrontation entre le Hezbollah et Israël serait plus meurtrière que jamais. Lerner de Tsahal met en évidence les différences entre la puissance de feu du Hamas et celle du Hezbollah: «En 2012, le Hamas a tiré 1 500 roquettes en huit jours. Le Hezbollah serait capable d’en tirer le double en un jour et de garder ce rythme pendant un mois».
Le Moyen-Orient de 2013 est un endroit dangereux pour faire une partie d’échecs.

Almonitor
Pays: Etats-Unis.
Genre: site Internet.
Diffusion: 16 500 visiteurs par jour.
Créé en 2012 par le président du Levant Foundation, l’investisseur Jamal Daniel.

Quelques jours avant l’incident de lundi à la frontière, l’analyste Sami Nader publiait un article dans lequel il s’interroge sur «le prochain mouvement du Hezbollah».
Lorsque le 8 décembre dernier, le président israélien Shimon Peres expliquait que «l’Iran n’est pas un ennemi», cette phrase n’est pas passée inaperçue. Elle était même politiquement habile car elle appelait une réponse de Téhéran. Comment va-t-il répondre? Il faut peut-être chercher du côté du Hezbollah et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisation n’a le choix qu’entre deux mauvaises options. La première serait le silence. Or qui ne dit mot consent, selon l’adage, et ce silence serait bruyamment interprété. La deuxième option serait que le Hezbollah réponde de manière enflammée, mais cela entraverait le dialogue irano-américain, qui a produit des résultats que le Hezbollah a qualifiés de victoire diplomatique pour l’Iran. Le Hezbollah, du coup, préfèrerait plutôt se concentrer sur ses ennemis du moment, à savoir les forces extrémistes et jihadistes qui luttent contre le régime syrien. Mais cette option a aussi ses coûts. On l’a vue lorsque le parti a directement accusé l’Arabie saoudite. Il faudra compter sur l’habileté diplomatique de l’Iran qui a toujours su mener sa barque.

Time
Pays: Etats-Unis.
Périodicité: hebdomadaire.
Diffusion: 3,2 millions d’unités.
Magazine d’informations le plus distribué au monde.

 
L’hebdomadaire américain titre: Après longue hésitation, le Liban dit oui aux préfabriqués pour les réfugiés syriens.
Comme chaque nouveau propriétaire le sait, les meubles Ikea constituent l’alpha et l’oméga des articles ménagers bon marché, à la mode et à usage temporaire. Il était logique que l’aile humanitaire de la société suédoise réfléchisse avec le HCR au développement d’un logement en kit, solution à l’épineux problème des réfugiés, qui n’a pas sensiblement évolué depuis les tentes que les Israélites ont utilisées pour fuir l’Egypte. Le problème est que l’appartement Ikea, avec son intérieur spacieux, ses lampes solaires et ses panneaux muraux isolés – meubles garantis trois ans – ne fait pas très «temporaire» aux yeux de certains. Il a fallu plus de six mois de lobbying intense pour convaincre le gouvernement libanais de permettre l’expérimentation de ces unités Ikea.
Le HCR a déjà fourni des dizaines de milliers de kits d’urgence contenant des bâches en plastique, des couvertures et du bois aux quelque 125 000 réfugiés qui n’ont pas été en mesure de trouver un logement adéquat. «Le changement de pied du gouvernement est une évolution positive», explique Jean-Marie Garelli, directeur du programme du HCR pour les réfugiés syriens. «Toutefois, il faudra un certain temps pour mettre en place ces abris. Vous ne verrez pas un miracle en une semaine».

 

Al Ahram
Pays: Egypte.
Genre: hebdomadaire bilingue
(anglais – français).
Diffusion: 30 000 exemplaires par semaine.

 
L’hebdomadaire égyptien consacre un long portrait à Joumana Haddad.
Crier haro sur le diktat du patriarcat arabo-musulman: un pari gagné pour Joumana Haddad, poétesse, journaliste et écrivain libanaise. Celle qui jongle avec les chefs-d’œuvre littéraires vient à nouveau de frapper fort en écrivant Superman est arabe. Un opus qui dénonce le système patriarcal qui s’enracine dans le monde arabe. «La mentalité patriarcale s’enracine, depuis des siècles, dans les trois religions monothéistes. Cette mentalité − devenue un système, par la force des choses − a toujours fait de la femme un objet créé pour satisfaire les caprices du mâle, de la famille et par conséquent, ceux de la société entière». Ce témoignage est de Joumana Haddad, auteur du nouveau livre qui se vend comme des petits pains au Maghreb ou en France. A 43 ans, cette femme au parcours surprenant a déjà publié une vingtaine de livres.
«La femme libanaise est souvent comparée à une belle créature, voire à un bel objet que les hommes s’arrachent comme si elle était une poupée gonflable. De même, dès ses premiers pas dans la vie, elle est condamnée à apprendre à devenir une bonne épouse, une bonne mère, une femme intellectuelle… et on en passe, alors que l’homme n’est prié que de garnir son compte en banque et le tour est joué. Et quand vient l’âge adulte, elle pense à se marier. A ce moment-là, si cette bonne femme vit dans un pays comme le Liban où le sectarisme fait loi, l’amour devient une affaire publique. Le cas échéant, la femme devient tiraillée entre ses sentiments, son identité, ses acquis personnels et les attentes de sa famille, voire celles de sa société», analyse l’écrivain.

Mediapart
Pays: France.
Genre: site Internet d’informations.
Diffusion: 65 000 abonnés payants.
1,6 million de visiteurs par jour.

Le site français d’informations alternatives revient sur la disparition d’un grand documentaliste libanais, effacé des mémoires.
Le réalisateur libanais Christian Ghazi est mort il y a quelques jours. Peu connu du grand public, et pour cause, il s’est illustré par une œuvre engagée, indépendante, mais celle-ci est quasi totalement détruite. Entre 1964 et 1988, Christian Ghazi a réalisé quarante et un documentaires qui ont tous été détruits. Ses premiers quatorze documentaires, réalisés à la demande du ministère du Tourisme, ont été brûlés par la censure. Les films étaient jugés subversifs. Le reste de ses films a connu le même sort en 1988 par les bons soins d’une milice locale.
Christian Ghazi aimait à passer ses après-midi au Wimpy, l’un des derniers cafés, survivant et vestige des années 1970, où ce quartier atypique de Beyrouth connut son apogée. Il avait 69 ans, ce cinéaste libanais, aux cheveux gris assez longs et des yeux d’aigle, un regard perçant. Peut-être la conséquence de ce qu’il a vu. Récemment primé lors du Festival des journées du film documentaire de Beyrouth, il a reçu «un prix d’excellence à vie».

Julien Abi Ramia

Top thèmes
La sélection de la semaine illustre fidèlement le choix éditorial des titres de la presse du monde. Avec l’arrivée de la tempête Alexa, le sort des réfugiés syriens prisonniers du froid truste la première place des sujets de l’actualité libanaise les plus traités par la presse étrangère. Pas très loin derrière, les dépêches et ses reprises qui expliquent l’incident entre les Armées libanaise et israélienne à la frontière sud du pays. A la troisième place, l’explosion d’une voiture à Sboubé, en plein cœur des bastions du Hezbollah qui a, lui aussi, été largement reprise.

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