L’enquête sur l’assassinat du responsable militaire du Hezbollah, Hassan Hawlo Lakkis, près de son domicile dans la région de l’hôpital Sainte-Thérèse à Hadath, révèle que la victime a été abattue par plusieurs balles à l’aide d’un silencieux. Le Hezbollah accuse Israël qui n’en est pas à sa première opération de ce type.
Des doigts accusateurs se pointent sur Israël dans l’assassinat de Hassan el-Lakkis, même si un groupe inconnu se faisant appeler la Brigade des sunnites libres de Baalbeck ait revendiqué l’assassinat. Un autre groupe baptisé Brigade des partisans de la nation islamique s’est également attribué l’assassinat. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, dément dans les colonnes du quotidien Ha’aretz toute implication de l’Etat hébreu dans cette affaire. Mais Israël est coutumier de ce genre d’opérations.
Ainsi le 10 avril 1973, des commandos israéliens assassinent trois leaders palestiniens dans leurs résidences en plein cœur de la rue Verdun. Des agents se faisant passer pour des touristes préparent la voie aux commandos de Tsahal qui ont exécuté trois membres de l’état-major de Fateh: Kamal Adouan, Kamal Nasser et Abou Youssef Najjar lequel était le numéro 3 de Fateh et dont l’épouse avait été également tuée.
L’affaire avait été enclenchée quelques jours plus tôt. Six touristes, arrivant de divers endroits, pénètrent au Liban par l’aéroport de Beyrouth. Ils s’installent dans des hôtels de la ville, le Coral Beach, le Sand’s et l’Atlantic. Ils ne suscitent aucun intérêt particulier. Or, ils étaient là en avant-coureurs. Ces agents israéliens, détenteurs de fausses identités, semblent tranquilles et ne pas se connaître. Alors que nul ne faisait attention à eux, ils font du repérage, étudient les lieux et préparent le terrain au débarquement des commandos.
La nuit du crime, les six présumés touristes arrivent chacun seul dans des voitures louées près du rivage de Ramlet el-Baïda. Peu après minuit, une vedette débarque les vingt-huit membres des commandos. Les «touristes» les emmènent à la rue Verdun et au camp de Sabra. D’autres commandos arrivaient pendant ce temps sur les rives d’Ouzaï, Dora et Saïda. Ils avaient pour mission de détruire des quartiers de Fateh.
Deux femmes dans le commando
Une partie des commandos, dont deux femmes, arrivent rue Verdun sans se faire remarquer par les passants ou par les fedayins. Au sixième étage d’un immeuble situé dans cette rue vit Abou Youssef Najjar. D’autres gagnent la résidence de Kamal Adouan au deuxième étage et celle de Kamal Nasser au troisième. Des charges explosives placées contre les portes des trois domiciles explosent en même temps. Les portes volent en éclats et les commandos pénètrent à l’intérieur et exécutent leurs trois hommes. L’épouse d’Abou Youssef tente de le protéger de son corps, elle est mitraillée avec lui. Kamal Adouan avait eu le temps de se défendre, mais il n’a pas pu échapper.
Les commandos israéliens, une fois leur mission achevée, emportent tous les documents trouvés aux domiciles des trois leaders.
Des fedayins arrivent sur les lieux, trop tard, ainsi qu’une patrouille de la Brigade 16. Les Israéliens n’hésitent pas à tirer dans tous les sens. Ils visent mortellement des fedayins et deux agents de la Brigade 16 et blessent onze personnes.
L’affaire ne s’arrête pas là. A Sabra, d’autres commandos dynamitent le siège du Front de libération de la Palestine et le détruisent totalement. Six étages s’effondrent.
Toute l’opération n’a duré que trente-cinq minutes. Le temps que les autorités libanaises soient informées et que l’armée soit avertie du raid, les commandos et les faux touristes avaient embarqué à bord de la vedette qui les avait emmenés et repartaient comme ils étaient venus. L’affaire eut des répercussions sur le plan interne, le Premier ministre Saëb Salam démissionne. Le Liban porte plainte à l’Onu, mais la résolution onusienne se limite à condamner les agressions israéliennes et à appeler l’Etat hébreu à renoncer immédiatement à toute attaque contre le Liban.
Arlette Kassas
Le Hezbollah ciblé
Le dernier assassinat d’un leader du
Hezbollah remonte à 2008 quand Imad Moghnié, chef militaire du parti, est tué dans l’explosion
de sa voiture à Damas. En 1992, des
hélicoptères israéliens avaient ouvert le feu sur un convoi dans lequel se trouvait le cheikh Abbas Moussaoui. Il avait été tué ainsi que son épouse, son tout jeune fils et quatre gardes du corps. En 1984, un autre leader du parti, le cheikh Ragheb Harb, est abattu au Liban-Sud.