L’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) a lancé récemment une carte sur Internet recensant les sites menacés, naturels ou bâtis en vue de sensibiliser les citoyens à la sauvegarde du patrimoine libanais.
L’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL) a déjà réagi, dans certains cas, en présentant des recours auprès du Conseil d’Etat ou en obtenant l’arrêt des travaux de démolition des sites. Une trentaine de rapports ont été rédigés concernant des sites naturels et leur état de conservation qui ont conclu au fait qu’une grande partie du patrimoine libanais a été détruite.
Avant la guerre de 1975, les brochures du Conseil national du tourisme et des compagnies d’aviation faisaient la promotion du tourisme avec les monuments romains, les paysages de la montagne, les Cèdres du Liban et même les nouveaux quartiers de Beyrouth, ainsi que les grands hôtels des années 50 et 60. En 1990, avec la fin de la guerre, le constat est alarmant: ravages de l’urbanisation sauvage de la montagne et de la côte, rétrécissement des places publiques et des espaces verts…
La nécessité de protéger le patrimoine paraît évidente. Pourtant, les destructions se poursuivent et les saccages de l’environnement sont monnaie courante, malgré une campagne pour une prise de conscience de l’importance du patrimoine, de la sauvegarde de cette richesse dont le Liban est doté tant au niveau naturel qu’historique. Le béton envahit la plus grande partie du paysage de Beyrouth et de la montagne. Les villas et logements collectifs, les complexes balnéaires, les centres de loisirs et les immeubles se construisent dans toutes les régions, au détriment des sites archéologiques millénaires ou d’un bel environnement naturel.
Au nom de la relance économique, l’urbanisation compromet l’héritage architectural et urbain des grandes villes et villages, et la capitale est la plus touchée par ce chaos.
Le premier règlement portant sur la protection des sites de l’antiquité est promulgué en 1869 sous l’Empire ottoman. En 1905, est diffusée la première loi ottomane écrite, relative au musée et aux antiquités, applicable à toutes les provinces de l’empire, dont Beyrouth et son environnement, ainsi qu’au Mont-Liban. Les textes relatifs à la propriété des antiquités de l’Etat ottoman et l’interdiction de les exporter traduisent une mesure économique associée à l’intérêt culturel. Toutefois, les fouilles archéologiques sont peu nombreuses. Beyrouth devient au fil des ans un grand centre commercial. Des souks sont construits, de nouvelles formes architecturales remplacent des ensembles historiques entiers. Ce n’est toujours pas la rupture avec le cadre historique.
Sous le mandat français, une nouvelle page s’ouvre. Dès 1919, des mesures sont adoptées pour classer, inventorier et préserver les vestiges archéologiques. Quelques années plus tard, le service des antiquités du Haut-Commissariat, installé à Beyrouth, voit le jour, ainsi que le Musée de Beyrouth ouvrent d’abord dans le bâtiment de la Mission archéologique, puis à la rue de Damas, son emplacement actuel. Des fouilles sont entreprises et des conférences archéologiques sont organisées sur les découvertes faites dans les villes côtières.
Avec l’Indépendance, les recherches restent orientées vers les fouilles archéologiques. La Direction générale des antiquités est créée. Le Liban ratifie la convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel le 3 février 1983. Les premiers sites protégés sont inscrits en 1984. En 2013, le Liban compte cinq sites inscrits au patrimoine mondial et culturel. Il a inscrit neuf sites sur la liste indicative: huit culturels et un naturel.
Arlette Kassas
Sites inscrits
Les sites inscrits au patrimoine mondial: Anjar, Baalbeck, Byblos, Wadi Qadisha ou la Vallée sainte et la forêt des cèdres de Dieu, ainsi que Tyr. Les sites portés sur la liste indicative: le
centre historique de Batroun, le parc naturel de l’île des Palmiers et le centre historique de Tripoli/ Mina au Nord. Le centre historique de Saïda et le temple d’Echmoun au Sud. Le site naturel de la région du Chouf avec les
monuments et les sites archéologiques qui s’y trouvent. Le site naturel de la vallée de Nahr el-Kalb avec ses monuments et ses sites archéologiques. La vallée de Nahr Ibrahim avec les monuments et les sites archéologiques qui s’y trouvent. Le site naturel des sources et de la
vallée de l’Oronte et ses monuments.