Magazine Le Mensuel

Nº 2935 du vendredi 7 février 2014

general

La néphrectomie. Une technique sans bistouri?

Selon une étude britannique, il est possible d’extraire le rein d’un donneur avec les mains du chirurgien sans utiliser des instruments de chirurgie. La néphrectomie par «assistance des doigts» aurait un avantage certain puisqu’elle diminuerait les complications postopératoires.
 

Chef de service de l’unité de transplantation de l’Imperial College Healthcare de Londres, le Pr Nadey Hakim, à l’origine de cette étude, a évalué les conséquences de la technique de néphrectomie par assistance des doigts chez un donneur de rein. Cette technique consiste à extraire le rein d’un donneur avec les doigts du chirurgien sans utiliser d’instruments de chirurgie. Le Pr Hakim a opéré, avec ses confrères, plus de 800 patients donneurs en utilisant cette technique plus ancestrale d’extraction du rein avec les doigts au cours de ses huit ans de recherche. Sur trente centres de transplantation britanniques, son centre est le seul pour l’instant à utiliser cette technique chirurgicale. Selon l’étude, extraire le rein avec les doigts diminue les complications postopératoires. La néphrectomie par assistance des doigts permet également d’accélérer la récupération physique des donneurs après la chirurgie et de réduire le temps opératoire à 45 minutes en moyenne et la cicatrice à 3,5 cm au minimum. Selon le Pr Hakim, en extrayant le rein avec les mains, l’organe est moins longtemps séparé de ses vaisseaux, comparativement à la technique par cœlioscopie, réduisant considérablement les risques de lésions du futur greffon. Le chirurgien considère par ailleurs, que la cœlioscopie est une technique respectable mais non dénuée de risques. Utilisée couramment pour l’ablation des reins, la cœlioscopie nécessite entre deux à trois heures d’opération et laisse quatre à cinq cicatrices de 1,5 cm pour faire passer les instruments et une cicatrice de 8 cm pour l’extraction finale de l’organe. La néphrectomie par assistance des doigts permet au chirurgien de faire une incision de 4 cm. Il place deux doigts dans l’abdomen pour mobiliser le rein, le sépare du tissu conjonctif, coupe les vaisseaux sanguins et l’urètre et extrait le rein. Le Pr Hakim admet que les plus anciennes techniques méritent une certaine attention. La diminution des complications liées à cette technique augmentera les donneurs de reins et permettra, par conséquent, de réduire le nombre de patients en attente d’une greffe rénale. Pour éviter la cicatrice abdominale de 8 cm de néphrectomie, une autre technique chirurgicale en vogue consiste à faire passer le rein par voie vaginale en incisant la partie postérieure du vagin.
Diplômé de la faculté de médecine de Paris-Descartes et spécialisé en chirurgie bariatrique et transplantation, le Pr Nadey Hakim a réalisé d’autres exploits. Il a lancé avec succès le premier programme de greffe du pancréas dans le sud-est de l’Angleterre, participé à la première greffe de bras au monde et reçu le prix de recherches J. Wesley Alexander dans le domaine de la transplantation. 


Nada Jureidini

Bio en bref
Professeur en chirurgie de 
transplantation à l’Imperial 
College de Londres et lauréat de la Faculté de médecine de Paris, Nadey Hakim est professeur honoraire de l’Université de Lyon, Ricardo Palma de Lima au Pérou, l’Université Baskent d’Ankara, l’Université de Sao Paulo et a été invité comme professeur dans plusieurs institutions à travers le monde, dont Harvard et la 
Cleveland Clinic. Il a été le 35e président du Collège international des chirurgiens. Chirurgien consultant et directeur de chirurgie de l’unité de greffe de l’Imperial College Healthcare, le Pr Hakim est également l’auteur de plusieurs manuels 
pédagogiques.

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