Magazine Le Mensuel

Nº 2936 du vendredi 14 février 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Saïdani jette de l’huile sur le feu
Au moment où les proches du président algérien, Abdel-Aziz Bouteflika, tentent de rassurer au mieux le peuple sur les capacités de leur chef à se représenter pour un quatrième mandat présidentiel, une polémique remet tout en question. Amar Saïdani, secrétaire général du parti au pouvoir, le Front de libération nationale (FLN), a adressé des accusations publiques au tout-puissant chef des Renseignements secrets, le général Toufik. Selon Saïdani, le général ferait l’impossible pour ses ambitions personnelles afin d’empêcher Bouteflika de se représenter aux prochaines élections présidentielles. Ce développement est très surprenant dans un pays où les vrais pouvoirs sont détenus par l’armée et où les politiciens ne jouent qu’un rôle de second plan. Entre-temps, ni le palais ni le ministère de la Défense n’ont souhaité commenter ces propos et les autres dirigeants du FLN gardent un silence radio.

        

Qidwa sort par la petite porte
L’ancien ministre palestinien des Affaires étrangères, Nasser el-Qidwa, assistant de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Syrie depuis août 2012, a été remercié par les dirigeants de l’organisation pour services rendus et… limogé. Une décision due aux liens étroits qu’il entretient avec plusieurs membres de l’opposition syrienne. Damas a menacé de couper les ponts avec Lakhdar Brahimi si son bras droit n’était pas remplacé. Un scénario qui n’a surpris personne, l’ancien diplomate ayant été promu à son poste grâce à l’appui qatari, au moment où Doha allait en guerre contre le régime Baas.   

Mehdi Jomaa Premier ministre tunisien, a choisi le voisin algérien pour son premier voyage officiel à l’étranger. Un geste symbolique, les relations entre Tunis et Alger étant au plus bas depuis la chute de l’ancien dictateur Zein el-Abidine Ben Ali et la prise du pouvoir par le mouvement islamiste Ennahda. D’ailleurs, les Algériens ont déployé tous les efforts pour accueillir leur hôte avec les honneurs dus à son rang. Pendant son séjour, le Premier ministre a signé un accord sécuritaire renforçant la coopération militaire entre les deux armées. Un développement de taille au Maghreb qui devrait rendre la vie plus difficile aux mouvements jihadistes opérant  jusqu’il y a peu de temps en toute liberté aux frontières des deux pays. Cet accord aurait des effets directs sur les membres d’Aqmi au Mali, à la grande satisfaction de Paris.           

John Kerry secrétaire d’Etat américain, a remplacé Hillary Clinton à son poste, sans pour autant briller dans les dossiers les plus chauds, notamment ceux du conflit arabo-israélien et de la crise syrienne. Les critiques fusent contre lui à Washington, même parmi les démocrates, qui ne comprennent pas sa stratégie en Syrie. D’ailleurs, l’intéressé n’a pas arrangé les choses avec ses propos contradictoires au sujet de l’armement de l’opposition syrienne. Il ne sera pas inquiété pour autant, car il jouit toujours du soutien absolu de Barack Obama.     

En pointillé…
Bien que le président irakien, Jalal Talabani, soit toujours en vie, les prétendants à sa succession dans l’Union patriotique du Kurdistan lancent déjà leurs batailles électorales. Deux clans se sont formés, l’un dirigé par Barham Saleh, le très charismatique ancien Premier ministre de la province du Kurdistan, et l’autre par la famille de Talabani, notamment sa femme et son fils aîné. Ces derniers refusent que le congrès annuel du parti soit tenu pour élire une nouvelle direction, sachant que cela signifierait la victoire de Saleh, représentant pour la majorité des membres de l’union, le seul espoir de revoir un jour leur mouvement à l’avant-plan de la vie politique irakienne et kurde. Entre-temps, les analystes prédisent la répétition de la scission de 1975 si la famille ne fait pas marche arrière.    

 

Addis-Abeba n’a pas froid aux yeux
La chute du régime du président Hosni Moubarak avait mené à un rapprochement entre l’Egypte et l’Ethiopie, en conflit au sujet du barrage d’al-Nahda, que le voisin du Sud compte construire sur le Nil. Ce n’est plus le cas, le ton s’étant durci à nouveau entre les deux pays après les menaces du Premier ministre égyptien et de son ministre des Affaires étrangères de couper les liens économiques et politiques si Addis-Abeba ne faisait pas marche arrière. Réponse du berger à la bergère, «Le Caire devrait abandonner ses tentatives destructives, car elles n’aboutiront à rien». Selon les Ethiopiens, la propagande des années Moubarak contre leur pays a été remise en marche, ce qui est, selon eux, très étonnant puisque depuis, une révolution a bel et bien éclaté au Caire.         
      

Karoubi rentre chez lui
Le leader de l’opposition iranienne, Mehdi Karoubi, détenu depuis février 2011 dans une résidence appartenant aux services de renseignement, a enfin été autorisé à rentrer chez lui. Il ne faut pas s’en réjouir pour autant, puisque selon sa famille, qui a annoncé la nouvelle, il serait toujours assigné à résidence surveillée et privé de recevoir des visiteurs. Son fils Mohammad Taghi a révélé que le premier étage de la villa familiale était occupé par les Basidjis, tandis que son père résidait au second étage. Quant à son autre fils Hussein, il a indiqué que seule sa mère Fatima a le droit de rester en permanence avec son père, et que ce dernier exigeait toujours le droit d’être confronté à un juge.   

 

Zeidan n’a pas dit son dernier mot
Le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, doit son poste au fait que les élections parlementaires n’avaient pas débouché sur une victoire décisive du modéré Mahmoud Jibril, ni sur une défaite cuisante des islamistes. D’où le choix des deux camps de soutenir l’homme qui n’a pas de vrai poids politique afin qu’il gère les affaires de l’Etat jusqu’à nouvel ordre. C’était sans compter sur l’audace et la ténacité de ce dernier qui, profondément éprouvé par son enlèvement par les milices armées, en est sorti plus résolu que jamais. Depuis, il ne cache plus son dédain envers les islamistes qui apprécient peu le mouvement de rapprochement qu’il a entamé avec l’Egypte du général Abdel-Fattah el-Sissi et l’Algérie du président Abdel-Aziz Bouteflika. Alors que les analystes le pensaient politiquement mort, le voilà ressuscité, les parlementaires n’arrivant pas à se mettre d’accord sur la personne de son successeur.      

Kadhaf el-Dam ne sera pas inquiété
Le renversement du régime du président Mohammad Morsi a changé la donne sur la scène égyptienne et a donné un sérieux coup de frein au «Printemps arabe». L’un des bénéficiaires de ce changement, et non des moindres, n’est autre que Kadhaf el-Dam, cousin de l’ancien guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi. Il avait pris la fuite vers l’Egypte après la révolte populaire à Benghazi, et avait ensuite été détenu après l’arrivée au pouvoir au Caire des Frères musulmans. Tripoli, qui demandait son extradition, devra patienter longtemps, la justice égyptienne lui ayant accordé le statut de réfugié politique. Le flamboyant cousin pourra ainsi dépenser à son gré la colossale fortune qu’il a réussi à amasser. Connu pour ses excès, il ne tardera pas à le faire.

On prend les mêmes et on recommence
Les élections parlementaires et municipales en Mauritanie, fin 2013, n’ont pas servi à grand-chose. Le président Mohammad Ould Abdel-Aziz vient de renommer l’actuel Premier ministre, Moulaye Ould Mohammad Laghdaf, à son poste. Une décision qui n’a choqué personne, l’homme fort de Nouakchott ayant tout fait pour falsifier les résultats électoraux et empêcher l’opposition d’obtenir une majorité. Pourtant, le pays des quatre millions de poètes avait tant besoin d’un  changement, tous les rapports des organisations humanitaires prédisant une imminente famine dans les régions du sud, considérées les plus pauvres du pays. Résultat, 500000 personnes devraient souffrir de malnutrition à cause d’une sécheresse qui dure depuis plus de vingt mois, alors que les secteurs de l’agriculture et de l’élevage seraient prêts à jeter l’éponge. Sans eau, leur destin est scellé d’avance. Tout cela semble être le dernier des soucis du régime actuel, qui passe son temps à étouffer les voix dissidentes sans se préoccuper des vrais problèmes du pays.   

5 milliards de dollars est le montant de la fortune de Rifaat el-Assad, oncle de l’actuel président syrien. Cette somme avait permis à l’ancien numéro deux du régime Baas et à ses fils de mener un train de vie très confortable entre Londres, Paris et Marbella. Mais les démons du passé les poursuivent, ce chiffre ayant été atteint au détriment du peuple syrien et poussé des organisations non gouvernementales à le poursuivre en justice. Dernier épisode en date, la plainte déposée contre lui à Paris par l’ONG Sherpa, qui exige que tous ses biens et ceux de sa famille soient confisqués. Fureur de son fils favori Ribal, directeur général de la chaîne satellite ANN, qui dément en bloc toutes ces accusations, alors que son frère Siwar, plus investi en politique, considère que cette campagne est une chasse aux sorcières. A 76 ans, Rifaat el-Assad tente depuis l’éclatement de la révolution syrienne de se présenter en alternative à son neveu sans succès. Les opposants au régime refusent catégoriquement sa main tendue.             

166 représentants de compagnies françaises viennent de visiter la République islamique d’Iran pour y signer des contrats économiques depuis l’accord conclu entre la communauté internationale et Téhéran concernant son programme nucléaire. Parmi les visiteurs de marque figuraient de grandes compagnies: Total, Peugeot et Lafarge, qui espèrent tirer profit de l’allègement des sanctions internationales contre l’Iran. Une décision qui n’a choqué personne, les Américains ayant été les premiers à ménager le président réformateur Hassan Rohani, au moment où Paris tenait une position très dure envers les Mullahs. Mais surprise! Wendy Sherman, chargée du dossier iranien auprès de John Kerry, a vivement critiqué cette visite, considérant qu’elle était déplacée. Drôles de propos vu que, quelques heures auparavant, son ministre de tutelle s’entretenait en tête à tête avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.    

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