Hale-Aoun: rencontres régulières
Entre l’ambassadeur des Etats-Unis à Beyrouth, David Hale, et le général Michel Aoun, les rapports sont excellents, contrairement à ce qu’était le cas avec les ex-ambassadeurs du pays qui se sont succédé au Liban (Jeffrey Feltman, Michèle Sisson, Maura Connelly) qui reprochaient au chef du Courant patriotique libre (CPL) son alliance avec le Hezbollah.
En fait, les rencontres Aoun-Hale ont lieu à un rythme régulier et les deux hommes se sont récemment retrouvés à Rabié autour d’un déjeuner de travail qui a duré deux heures.
Takfiristes «made in Lebanon»
Ce n’est plus l’arrivée des takfiristes terroristes de l’extérieur qui menace la sécurité des Libanais et la stabilité du pays, affirment des milieux du 8 mars. Une grande partie, disent-ils, de ces éléments islamistes radicaux est «made in Lebanon». Leur émergence a été alimentée par les discours communautaires et sectaires enflammés tenus contre le Hezbollah et la communauté chiite, à l’instar des prêches prononcés par le cheikh Ahmad el-Assir à la mosquée Bilal Ben Rabah de Saïda.
Camps: forces de sécurité communes
Les Palestiniens essaient de redorer leur blason et de lutter contre l’idéologie takfiriste et le radicalisme présents dans certains camps. Un haut responsable de l’Alliance des forces islamiques indique que «le contact avec le Hezbollah n’a jamais été rompu, les rencontres avec le parti chiite sont permanentes». Il affirme, par ailleurs, que «Bourj Brajné n’abrite pas des extrémistes et les cadres du Hezbollah le savent très bien. Les fondamentalistes n’y sont pas influents et il n’existe aucun périmètre de sécurité régi par eux, comme à Aïn el-Heloué». Les mouvements rattachés à l’OLP et l’Alliance des forces ont tenu une réunion à l’ambassade de Palestine dans le but d’activer l’action des comités sécuritaires et populaires. Les participants se sont accordés sur l’unification des comités sécuritaires sous l’appellation des Forces sécuritaires communes qui entameront leur action à Bourj Brajné d’abord, vu sa proximité avec le site des dernières explosions dans la banlieue sud.
Raid de Janta: «une affaire israélo-iranienne»
Le raid israélien, qui a visé un poste du Hezbollah à Janta dans la Békaa, est une affaire israélo-iranienne. Elle n’est nullement liée au Liban, estime une source du Secrétariat général du 14 mars. Sur ce, il est inimaginable que le Liban officiel puisse présenter une plainte contre l’Etat hébreu à cause d’un raid sur une organisation armée illégale qui combat en Syrie, alors qu’il n’adopte pas la même approche s’agissant des agressions syriennes sur le territoire libanais, notamment à Ersal.
Agents internationaux de protection
Plusieurs députés et ministres sont confinés dans leurs domiciles et ont accru le nombre d’éléments en charge de leur protection, comme le rapportent des sources. Des ambassades occidentales et arabes à Beyrouth ont également pris des mesures préventives exceptionnelles, à la suite des consignes données par les autorités sécuritaires libanaises qui coordonnent leurs efforts avec des agents internationaux formés à la protection des personnalités. Parmi les ambassades menacées, celle de Russie en raison de son appui au régime syrien. C’est ce qui explique le renforcement de la sécurité autour du bâtiment qui abrite en plus des bureaux, le domicile de l’ambassadeur.
Ce qu’a voulu dire Sleiman
Les milieux de Baabda analysent les récents propos du président Michel Sleiman en insistant sur trois points:
– Les positions du chef de l’Etat ne sont pas liées à l’échéance présidentielle. S’il songeait au renouvellement de son mandat, il aurait eu une approche différente de la situation et aurait tenté d’arrondir les angles.
– En accordant la prédominance à la déclaration de Baabda, le président a voulu mettre en avant les constantes nationales. L’équation en or est celle qui protège le sol, le peuple et les dénominateurs communs entre les Libanais de diverses confessions et régions.
– Il a également voulu attirer l’attention sur un fait: être parvenu à une formule satisfaisante concernant la déclaration de Baabda dans la déclaration ministérielle, est une invitation à dépasser le deuxième obstacle qui est celui de la Résistance. L’ombrelle internationale, a dit le président, est une garantie de protection pour tous les Libanais, incluant la Résistance. Si on dénie à l’Etat son rôle au niveau des relations avec l’extérieur, toutes les lignes rouges seront franchies, a-t-il mis en garde.
La stratégie du Hezbollah en Syrie
Dans sa guerre contre les groupes extrémistes, le Hezbollah a déjà franchi la moitié du chemin, avancent ses cadres. Il faut compter encore une bataille que le Hezb tient à terminer en Syrie, et dont il a entamé le round final pour en finir avec cet épicentre takfiriste en territoire syrien allant de Yabroud jusqu’à Zabadani, sans oublier les espaces jouxtant les régions du Akkar. Cette stratégie, estime le parti chiite, lui épargnera de livrer une dure et indésirable bataille en territoire libanais contre certains îlots sécuritaires. Mais il n’existe aucune garantie réelle contre le danger de voir ces groupes élargir leur champ d’action au Liban en exécutant des attentats suicide qui entraîneront une confrontation avec l’armée en quatre points chauds: Ersal, le camp de Aïn el-Heloué, Tripoli et des quartiers de Tarik Jdidé.
Groupe d’appui: un exploit en soi
Le congrès du Groupe international d’appui au Liban qui a eu lieu en début de mois à Paris a constitué une ombrelle internationale dont le Liban avait bien besoin en cette période épineuse, estiment des membres de la délégation qui a accompagné le président Michel Sleiman dans la capitale française. Le seul fait que ce congrès ait pu se tenir, alors que l’Europe est plongée dans la crise ukrainienne, est un exploit en soi. Le succès de cet événement ne devrait pas être mesuré à la dimension de l’aide financière recueillie, expliquent ces sources, mais à celle de l’appui politique apporté à notre pays, et de la volonté internationale évidente de dissocier le Liban de la crise syrienne. Les ministres John Kerry et Sergueï Lavrov, qui argumentaient sur le dossier ukrainien, sont tombés d’accord sur la préservation de la stabilité du Liban. Les pourparlers du chef de l’Etat avec son homologue français, François Hollande, ainsi qu’avec les ministres des Affaires étrangères des pays occidentaux étaient axés sur la déclaration de Baabda.
En coulisse
Des milieux libanais de la communauté druze appréhendent une éventuelle expulsion des populations druzes d’Edleb (proche des frontières turques avec la Syrie) pour y installer des Turkmans, et orienter les déplacés vers les régions de Souaïda. Cela dans le cadre d’un projet de désintégration de la région qui se trame dans les coulisses américaines à travers les réunions des instances druzes de la diaspora à l’université Georgetown à Washington, qui se concertent avec des personnalités druzes au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Palestine… Les réunions qui ont eu lieu font croire à certains que le fractionnement apportera une solution aux problématiques régionales. Les alaouites obtiendront le littoral, les sunnites auront Alep et les druzes devront consolider leur zone d’influence de Souaïda jusqu’au Golan et les limites du Rif de Damas pour atteindre Hasbaya, Jezzine, le Chouf et Aley et la route de Damas. Toutes ces régions, étant géographiquement rattachées entre elles, bénéficient d’une ouverture sur la mer, ainsi les druzes deviendront-ils «les gardes frontaliers» d’Israël? Le plan prévoit l’éclatement d’un conflit avec les chiites dans les régions voisines à Hasbaya pour dévier la Résistance de son but et l’épuiser.
Des Kornett aux mains des rebelles
«Le nombre de martyrs du Hezbollah en Syrie, ce dernier mois, s’élève à 32 combattants», selon une source chiite. Ils seraient tombés sur le champ de bataille avec le début de la libération des monts Nahmat, au début du mois de février. Des unités de commandos de l’armée syrienne, et de la Résistance, ont lancé une attaque express, qui n’a duré que quatre heures, contre les groupes terroristes postés dans cette région située dans la chaîne est du Mont-Liban englobant les montagnes à l’est de Hermel-Qah, allant de la région de Homs au village de Ersal. Il aurait été impossible de prendre le contrôle des collines environnantes de Yabroud comme Tallet al-Qatari et Tallet al-Koweiti sans prendre d’assaut les fortifications des éléments armés qui y sont installés depuis presque trois ans. Ces derniers possèdent des armes sophistiquées dont des roquettes, des batteries de campagne, des DCA, des jumelles infrarouges… La source signale que la Résistance a perdu des combattants dans la bataille de Tallet al-Qatari aux abords de Yabroud. Quatre d’entre eux sont atteints par un missile Kornett, alors que trois autres tombent au sommet de la colline qui encercle Yabroud. Le succès du régime dans les monts Nahmat, début février, a réglé le cas de Yabroud où les combattants de l’opposition se réfugiaient venant de Qoussair ou se rendant à Damas. Le deuxième attentat suicide dans la ville du Hermel, début février, était lié à cette bataille durant laquelle les combattants de l’opposition tombent dans des embuscades, alors que les survivants fuient vers le désert dans le triangle Damas-Homs-Badiyat Cham, à partir duquel il leur était devenu impossible de pilonner le Hermel ou d’arriver aux abords de Joussé, près de Qah.
Des villages du Akkar, refuges des takfiristes
Une instance sécuritaire prévoit la transformation de certains villages frontaliers au Akkar, en particulier Kherbet al-Rimman et ses environs, en refuges pour les groupes takfiristes. Les éléments d’al-Qaïda et ses nouveaux adeptes au Liban pourraient rester implantés dans certains points à la frontière nord-est et surtout sur l’axe Kherbet al-Rimman-Talkalakh afin de poursuivre la confrontation avec l’armée syrienne à travers la frontière, explique la source. Khirbet, un village libanais déserté, situé entre les bourgades de Ouaynat et Rammah au Akkar, est divisé et s’étend des deux côtés de la frontière pour arriver jusqu’au village syrien de Halate. Les groupes takfiristes évoluent actuellement au sein d’un grand bloc démographique regroupant plus de 200000 Syriens résidants ou réfugiés au sud de Nahr el-Kébir jusqu’à Tripoli. Ce paradis des hommes armés constitue un vrai défi pour les autorités libanaises car il est fort probable que ces groupes veuillent renforcer leur implantation au Akkar, après la fin des combats qui ont lieu dans le rif de Homs pour faciliter le retour des combattants libanais, palestiniens et syriens qui devront se retirer d’Alzara et le Crack des chevaliers sur la route de Tartous-Homs. Cette instance n’exclut pas l’infiltration de ces revenants sur l’axe Wadi Khaled – les monts d’Akroum afin d’implanter une ligne de démarcation communautaire dans les régions nord-est du Liban.
L’inquiétude des Ikhwan libanais
Les problèmes s’accumulent sur les Ikhwan, section Liban. Il y a deux semaines, un des cadres de la Jamaa islamia, Marwan Dimachkié, a été assassiné dans des circonstances mystérieuses. Mercredi passé, un énorme incendie se déclarait dans l’une des mosquées sous leur emprise à Saïda, la mosquée al-Rawda située dans la rue Sitt Nafissa où le cheikh proche des Ikhwan et membre du Comité des ulémas musulmans, Abdallah el-Bokari, prononce les prêches. D’après les observateurs, Bokari tente de rassembler les jeunes ex-adeptes du cheikh en fuite, Ahmad el-Assir, après que l’armée les eut chassés de leur centre militaro-sécuritaire dans la mosquée Bilal Ben Rabah à Abra. Ces jeunes gens sont originaires de Saïda et ses alentours ou des villages de l’Iklim el-Kharroub. Ils se placent sous la bannière des Ikhwan, bien qu’ils soient salafistes tafkiristes, pour jouir d’une protection politique. Dans cette perspective, des milieux croient savoir que le responsable des Ikhwan à Saïda, Bassam Hammoud, joue un rôle crucial dans le recyclage du mouvement d’Assir. Mais la visite du président Saad Hariri au Caire et sa rencontre avec Abdel-Fattah el-Sissi, premier ennemi des Ikhwan, ont semé l’inquiétude dans les rangs de leurs adeptes.
Un Libano-Américain entraîneur de l’ASL
Publication sur les réseaux sociaux des photos d’un Américain d’origine libanaise, Naji Najjar. Des activistes arabes qui militent pour la défense de la cause palestinienne signalent que Najjar, un des accusés du massacre de Sabra et Chatila, qui a coûté la vie à des centaines de Palestiniens, lors de l’invasion israélienne en 1982, se trouve aujourd’hui à Edleb où il assure un entraînement aux éléments de l’opposition. Les photos publiées avaient été distribuées aux médias par l’Armée syrienne libre (ASL), lors de la visite du général Paul Vallely au rif d’Edleb l’année passée. On y voit Naji Najjar à la tête d’un groupe d’entraîneurs américains. L’homme, né en 1962, combattait au sein de la force d’attaque des FL durant les années de guerre, il s’était ensuite rendu aux Etats-Unis où il s’est inscrit en business à l’Université de Chicago. Le plus étonnant est que le parcours de Najjar est publié sur le site israélien Jerusalem Summit.
(http://www.jerusalemsummit.org/eng/short.php?speaker=240&summit=31).