Magazine Le Mensuel

Nº 2943 du vendredi 4 avril 2014

Le Saviez-Vous

Malgré la crise mondiale. Les banques libanaises résistent

Malgré la crise économique internationale, le secteur bancaire libanais a maintenu son essor et s’est mis à l’abri, constituant la soupape de sécurité et la colonne vertébrale de l’économie nationale. Cependant, les derniers troubles internes et régionaux ne l’ont pas épargné.

Dans son dernier rapport, l’agence de notation financière, Moody’s, a jugé négative la perspective du secteur bancaire libanais. Les causes, selon l’agence, seraient: «l’exposition élevée et grandissante des banques aux obligations du gouvernement qui les soumet à des risques souverains; la pression qui pèse sur la qualité des actifs financiers vu la faible croissance économique, affaiblie par le conflit en Syrie et les tensions politiques à l’échelle locale; le besoin élevé de provisions et un volume d’affaires limité, qui se répercutent négativement sur leur profitabilité».
Tant de facteurs qui influent négativement sur toute l’économie libanaise, les prévisions de croissance sont pessimistes étant donné la crise gouvernementale qui a duré près d’un an depuis la démission du gouvernement et la formation du nouveau.
Toujours selon le rapport, «le conflit en Syrie et les tensions communautaires sur le plan local, avec des pics de violence sporadique dans le pays, continueront de peser négativement sur les secteurs-clés de l’économie». Tout ceci devrait conduire à une réduction des investissements privés et à une augmentation du déficit budgétaire en 2014, qui passerait à 11% du PIB, avec une dépendance du gouvernement envers le secteur bancaire local pour le financement.
Cette perspective est toutefois atténuée par une note plus modérée due à la solide liquidité du système et des dépôts qui maintiennent la stabilité des banques. «La croissance des dépôts se poursuit, mais à un rythme bien plus lent qu’au cours des années précédentes. Le taux de dollarisation des dépôts a reculé en dépit des turbulences», note l’agence.
 

Dollarisation des dépôts
Les deux faiblesses du système bancaire libanais résideraient, toujours selon l’agence, dans les échéances à court terme et dans le taux de dollarisation élevé des dépôts, à 66% fin 2013. Cependant, ces risques sont limités par la forte liquidité des banques, par les placements à l’étranger des banques libanaises et par les réserves en devises de la Banque du Liban (BDL).
Le secteur bancaire a longtemps échappé à la crise mondiale qui a frappé l’économie des grands pays. Alors que ces derniers ont adopté des politiques de crise et s’en sont sortis tant bien que mal, le secteur bancaire libanais a continué de croître vigoureusement, favorisé par de bons développements économiques.
Au cours des trois dernières années, une certaine croissance de l’économie libanaise a été relevée dans les estimations du Fonds monétaire international (FMI). Elle a été, toutefois, stoppée net ces derniers mois à la suite de la crise interne. Ainsi, le taux de croissance, prévu pour 2014, ne dépasse pas les 2%, alors qu’il avait atteint près de 7,5% en 2010.
L’activité bancaire est affectée par le ralentissement de l’économie locale sur fond du conflit politique interne, mais aussi par certaines affaires douteuses qui ont frappé le secteur bancaire, telle celle de la Lebanese Canadian Bank, accusée par le Trésor américain de blanchiment d’argent.
Les «Printemps arabes», facteurs de perturbation permanente dans la région, ont eu des répercussions majeures sur toute l’économie libanaise, et le secteur bancaire s’en est ressenti. Au lieu d’en profiter, les tensions sur la scène politique nationale ont empêché l’économie libanaise et le secteur bancaire libanais de tirer profit de l’instabilité régionale comme au cours de la crise financière mondiale.

Arlette Kassas

73 banques au Liban
Selon les listes officielles, il y aurait 
73 banques travaillant au Liban, comptant des centaines de succursales dans les différentes régions du pays. Le secteur bancaire connaît toujours une certaine stabilité malgré les crises internes et régionales.

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