Le dossier des réserves pétrolifères et gazières est tout aussi important que le volet de la gestion des revenus de cette source de richesse. C’est que celle-ci est épuisable et que, par conséquent, une bonne gouvernance des recettes est impérative pour l’équilibre des finances publiques et le volume des investissements publics dans la perspective de l’instauration d’un développement durable au Liban. Les exemples types considérés comme des expériences réussies, et repris par de nombreux experts, sont ceux du fonds souverain du Koweït et celui de la Norvège. Ce pays est devenu pour l’Europe ce que l’Arabie saoudite est pour le monde arabe. «Il faut que nos responsables soient conscients du fait que cette manne ne devrait pas se transformer en ce que la communauté économique internationale a appelé la malédiction des producteurs de pétrole», souligne Sami Atallah, directeur exécutif du Centre libanais pour les études politiques (LCPS). Le chercheur précise: «L’important est que le pouvoir prenne une décision vitale qui concerne les postes de dépense des revenus de l’exploitation du pétrole et du gaz».
Malheureusement, poursuit l’expert, l’article 3 de la loi sur les ressources pétrolières offshore, datée de 2010, stipule que les revenus nets seront placés dans un fonds souverain, mais cette législation omet de définir le mécanisme de gestion de ce fonds. La loi se contente de mentionner que le fonds sera soumis aux dispositions «d’une loi spéciale», qui sera adoptée ultérieurement. Le directeur exécutif du LCPS rappelle les expériences non concluantes du Liban en termes de gestion de fonds, faisant référence à la Caisse des déplacés. Il recommande vivement que la loi impose une stratégie claire et bien définie de l’investissement des actifs, mettant ainsi un garde-fou aux placements à haut risque dans les outils financiers tels les eurobonds et les obligations, ainsi que les placements sur les marchés local et international de l’immobilier.
Liliane Mokbel