Après trois ans de guerre civile en Syrie, le nombre de réfugiés au Liban n’en finit pas de croître. Les chiffres révélés par le Haut-Commissariat des réfugiés aux Nations unies (UNHCR) font état d’une situation de plus en plus inquiétante au Mont-Liban. Touchée de plein fouet par le problème des réfugiés, cette région est pourtant trop délaissée par le gouvernement et les ONG.
Les derniers recensements publiés par l’UNHCR ne changent rien à la gravité de la question des réfugiés syriens au Liban. S’ils peuvent en effrayer plus d’un, ces chiffres et ces cartes visent à mieux cibler le problème, afin d’y apporter des solutions adéquates et efficaces.
Le Liban compte désormais 979 279 réfugiés venus de Syrie, selon les chiffres de l’UNHCR du 20 mars dernier. 931 133 sont enregistrés et 48 146 sont en attente d’une procédure de demande d’asile. Depuis le mois d’août, l’afflux de réfugiés est resté à un même niveau d’importance. Environ 50 000 Syriens supplémentaires viennent chaque mois frapper à la porte du Liban. L’UNHCR prévoit, par ailleurs, que leur nombre atteindra le million et demi en août prochain.
Un réfugié sur cinq
Dans les régions du Liban à majorité chrétienne, la présence de réfugiés est notable. La mohafazat du Mont-Liban accueille à elle seule 23% des réfugiés du pays, soit 213 294 individus. Syriens, Palestiniens, Irakiens, parfois même Libanais, tous ont fui la Syrie. Plus de la moitié d’entre eux sont mineurs, 40% n’ont pas 11 ans.
Une carte élaborée par l’UNHCR, datée du 6 mars, soit quatorze jours avant la publication des chiffres énoncés ci-dessus, passe en revue chaque caza et chaque municipalité du Mont-Liban. En comparant les chiffres du 20 mars et ceux de cette carte, on constate que le nombre de réfugiés au Mont-Liban a augmenté de 8 411 en deux semaines. Bien entendu, les réfugiés sont inégalement répartis, concentrés principalement dans les zones défavorisées. Ainsi, si le caza de Jbeil n’en compte que 2 528, celui de Baabda détient le record du Mont-Liban avec 66 694 réfugiés. Les cazas du Metn, de Aley et du Chouf comptent chacun un peu plus de 40 000 réfugiés syriens.
A l’intérieur des cazas, la répartition est également inégale. On constate que les réfugiés syriens se concentrent davantage dans les municipalités côtières, délaissant largement les régions plus montagneuses et plus rurales.
L’importante concentration de réfugiés dans des espaces relativement pauvres pose des problèmes sanitaires énormes auxquels le gouvernement et les ONG peinent à répondre. Comptant plus d’un cinquième des réfugiés du pays, le Mont-Liban est donc malheureusement la dernière mohafaza du pays à susciter de vraies réactions.
Elie-Louis Tourny
L’aide peine à s’organiser
La pressante question des réfugiés suscitepeu de réactions au Mont-Liban, où les initiatives des ONG se lancent laborieusement. Les différentes ONG, actives sur le terrain, sont pour la plupart encore dans leur phase d’exploration, nécessaire à toute future action. Première urgence − Aide médicale internationale (PU-AMI), ONG déployée au Liban principalement pour les problèmes d’eau, ne dispose d’une base à Beyrouth seulement que depuis janvier 2014. Aujourd’hui, ses équipes sont à peine opérationnelles. Après avoir exploré Beyrouth et le Mont-Liban et s’être procuré le matériel nécessaire, l’ONG commence maintenant à élaborer des plans d’action.
Par ailleurs, le travail des associations est trop souvent enrayé par un manque criant de fonds. C’est le cas de l’union Urda, dont le projet à Aramoun dans la région de Aley de terminer la construction d’un immeuble loué pour deux ans, a du être stoppé.