L’Irak au bord de l’implosion
Le Premier ministre irakien, Nouri el-Maliki, a franchi un nouveau pas en menaçant la communauté kurde d’exclusion, au cas où ses leaders politiques s’obstinaient à lui tenir tête. Il a ainsi affirmé que Bagdad était prêt à se séparer amicalement d’Irbil et que les Kurdes avaient abusé de sa patience et de celle de la communauté arabe. Des déclarations choc, puisqu’aucun politicien irakien n’avait, depuis la chute du régime de Saddam Hussein, osé discuter publiquement de la possibilité de voir la province nord devenir un Etat indépendant. D’ailleurs, le leader chiite modéré, Ammar el-Hakim, s’est empressé de rejeter ces propos, assurant que le pays devait rester uni et solidaire. Les Kurdes, de leur côté, ont fait savoir qu’il ne revenait pas à Maliki ou à son parti Daawa de déterminer leur sort. L’été s’annonce très chaud au pays des deux fleuves.
Syrie: Dennis Ross veut armer les rebelles
L’ancien conseiller du président Barack Obama, Dennis Ross, qui avait refusé de soutenir l’envoi d’armes aux rebelles syriens, alors qu’il était encore à la Maison-Blanche, semble avoir changé d’avis. Il vient d’annoncer que la seule façon de changer la situation sur le terrain serait de fournir aux groupes rebelles des équipements militaires sophistiqués leur permettant de battre l’armée du régime. Cette position a surpris à Washington et pourrait, selon des analystes, refléter une nouvelle approche du Parti démocrate, qui se trouve sous le feu des critiques républicaines sur sa stratégie en Syrie qui, visiblement, tourne en rond.
Abdallah Gül s’est clairement démarqué des dernières décisions très controversées de son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Le président turc veut démontrer ainsi qu’il est le chef de l’Etat et non un militant du parti pour la Justice et le Développement. Inquiet de la dérive autoritaire d’Erdogan, il affirme que la Turquie reste, malgré toutes les tentatives, un pays démocratique. Le Premier ministre, qui accuse les pays étrangers d’être impliqués dans un complot contre lui, n’a pas apprécié les propos du président et même si ses proches ont préféré ne pas y répondre, il est peu probable de le voir soutenir Gül lors des prochaines élections présidentielles. Il n’en reste pas moins que l’image de l’ancien compagnon de route d’Erdogan a été renforcée du fait qu’il représente plus que jamais la voix de la modération.
Ali Zeidan l’ancien Premier ministre libyen réfugié en Allemagne après avoir perdu la confiance du Parlement, a appelé la communauté internationale à envahir son pays. La Libye serait, selon lui, sous le contrôle des talibans et des membres du mouvement al-Qaïda, d’où la nécessité d’une action militaire qui lui permettrait de revenir au pouvoir. Drôle d’analyse, Zeidan ayant passé les vingt-quatre derniers mois à nier la présence d’al-Qaïda dans son pays, en assurant que son gouvernement avait les choses en main et contrôlait la situation… Il semble avoir oublié qu’il avait été enlevé par des milices en octobre, alors qu’il était Premier ministre en fonction.
En pointillé…
Walid el-Kurdi, homme d’affaires jordanien en fuite depuis de longs mois à la suite de l’implication dans des scandales de corruption dont on l’accuse, ne semble toujours pas prêt à rentrer au pays. De son refuge britannique, il continue à sillonner le monde, visitant ces derniers mois les Emirats arabes unis à deux reprises, le sultanat de Brunei et l’île indonésienne de Bali, toujours accompagné de son épouse, la princesse Basma, tante du roi Abdallah II de Jordanie. Cette situation agace énormément l’opinion publique à Amman, qui ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne fait rien pour assurer l’extradition d’une personne condamnée à vingt-deux ans de prison et à payer une amende de 350 millions de dollars. Mais tout ce brouhaha ne semble pas émouvoir le palais royal.
Shalom accusé de harcèlement
Les aspirations présidentielles du ministre israélien de l’Energie, Sylvan Shalom, pourraient tomber à l’eau à cause des soupçons qui pèsent sur lui dans un scandale sexuel. Une de ses anciennes assistantes l’accuse d’attouchements dans sa chambre d’hôtel, une nuit de 1999. Des propos qui ravivent dans la mémoire des Israéliens le scandale de l’ancien président Moshe Katsav, qui se trouve actuellement derrière les barreaux pour avoir violé sa secrétaire. Bien que, sur le plan juridique, Shalom ne semble pas inquiété, dix ans s’étant déjà écoulés depuis les faits, il serait difficile de le voir succéder à Shimon Peres en juin, date à laquelle s’achève le mandat présidentiel de ce dernier. Résultat, plusieurs nouveaux candidats s’activent à obtenir l’appui tant espéré du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Le président en Israël est élu par la Knesset et non par le peuple et n’a qu’un rôle protocolaire, le pays étant sous un régime parlementaire.
Khatami monte au créneau
L’ancien président iranien, Mohammad Khatami, connu pour sa modération, a appelé publiquement les autorités de son pays à relâcher tous les prisonniers politiques. A l’occasion de ses vœux pour la fête du Norouz, le Nouvel An selon le calendrier iranien, il a déclaré: «L’année qui vient de s’achever aurait pu être plus glorieuse si l’assignation à résidence de Karoubi et de Moussavi avait été levée». Il a cependant noté que, malgré tout, le peuple iranien avait réussi à mettre un terme aux dix années noires et à élire un personnage réformateur à la tête de l’Etat. Ces paroles sonnent comme un coup de semonce à l’actuel président Hassan Rohani, qui semble traîner les pieds au sujet des prisonniers politiques afin d’éviter une guerre ouverte avec les conservateurs.
Qui pourra sauver le Soudan du Sud?
Les troubles auxquels fait face le Soudan du Sud pourraient menacer sérieusement la survie du nouvel Etat, qui a rejoint les Nations unies en 2012. Selon John Ging, haut responsable onusien, le pays ne peut pas tenir le coup si les combats armés qui opposent les troupes loyales au président Salva Kiir et celles loyales à l’ancien vice-président Riek Machar se poursuivent. Plus de 250000 personnes ont été forcées de se réfugier en Ouganda, en Ethiopie et au Kenya, alors que 700000 autres ont été déplacées à l’intérieur même du pays. Entre-temps, Khartoum se réjouit de la tournure des événements que connaît son voisin et assure être prêt à venir en aide à Djouba si une demande lui est faite. Les dirigeants sud-soudanais ont intérêt à trouver un accord pour éviter ce scénario catastrophe.
Le sud algérien brûle
Depuis de longs mois, des clashs interethniques ont lieu dans la province algérienne de Ghardaïa, au sud du pays, à 600 km de la capitale Alger. Des tensions qui n’avaient pas vraiment retenu l’attention des dirigeants, préoccupés par les élections présidentielles qui se tiendront dans quelques semaines. Mais après la mort de plusieurs personnes appartenant aux communautés mozabite et châamba, le nouveau Premier ministre, Youcef Yousfi, a dû se rendre en personne dans la province pour calmer la situation. Une première, puisque jamais auparavant un chef du gouvernement n’avait visité la ville frontalière. Entre-temps, des promesses d’aide financière ont été faites aux membres des deux communautés arabe et berbère, pour qu’ils acceptent d’enterrer la hache de guerre une fois pour toutes. Pas sûr que cela suffise à mettre fin à un conflit qui dure depuis des centaines d’années.
Jérusalem, capitale de la Palestine!
Le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, en visite en Cisjordanie, a surpris ses hôtes en assurant qu’il soutenait la création d’un Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem-Est. Lors de la conférence de presse commune avec son homologue Riad el-Maliki, il a appelé l’Etat hébreu à mettre un terme à la colonisation des territoires palestiniens pour laisser une chance à la paix. Asselborn a aussi condamné les conditions déplorables dans lesquelles vivent les Palestiniens et appelé Israël à lever le blocus imposé sur la bande de Gaza. Des déclarations très courageuses, bien qu’elles proviennent d’un des plus petits pays d’Europe, puisque le Luxembourg ne compte que 500000 personnes sur un territoire qui ne dépasse pas les 195 km2. C’est peut-être ce qui explique le choix du gouvernement israélien d’ignorer ces propos.
70 avions de chasse ont été acquis par le gouvernement irakien pour permettre à l’armée nationale de protéger le pays contre toute menace étrangère. Cet arsenal acheté à un prix exorbitant à la suite d’accords avec le Pentagone américain, ne semble pourtant pas porter ses fruits. Des parlementaires irakiens, membres du Comité pour la sécurité et la défense, accusent Washington de leur avoir vendu de la ferraille inutile même dans des combats contre les membres d’al-Qaïda, qui ne possède pourtant pas d’armes antiaériennes, et qui ont réussi, malgré cela, à abattre plusieurs avions. Les députés exigent donc que le gouvernement gèle tous les achats militaires avec l’Oncle Sam et engage des négociations sérieuses avec Moscou. Des propos qui surviennent à un mauvais moment pour l’industrie militaire américaine qui voit plusieurs contrats annulés à cause de ses armes défaillantes. Le député Iskandar Watoot, vice-président du comité en question, a même révélé que ces avions, supposés capables de porter 120 missiles, ne peuvent en réalité n’en porter que deux.
23 milliards de dollars est le montant du dernier contrat d’achat d’armes signé par le gouvernement du Qatar avec des compagnies françaises et avec un consortium européen. Ainsi, le petit émirat veut acquérir 22 hélicoptères NH90, dont 12 de type TTH et 10 de type NFH. Ce contrat très juteux, signé lors de la quatrième édition de l’exposition internationale pour la défense, souligne une volonté qatarie de renforcer les capacités militaires de son armée, ce qui suscite des questions dans les pays voisins sur les véritables raisons de ces achats massifs, au moment où Doha est en froid avec Riyad. Des experts ont noté que pour le nouveau prince, cheikh Tamim, le danger de voir son pays envahi n’émane plus seulement du voisin iranien, mais aussi du grand frère saoudien qui n’apprécie guère ses dernières prises de position.