Magazine Le Mensuel

Nº 2944 du vendredi 11 avril 2014

Monde Arabe

Combats autour de Damas. Assad ne «s’en ira pas»

Tandis que les combats se concentrent actuellement à Damas et ses environs, Bachar el-Assad persiste et signe. Dans un message adressé au président russe Vladimir Poutine, il a fait savoir qu’il «n’était pas Ianoukovitch» et ne «s’en ira pas».
 

Depuis une semaine, les combats entre rebelles et forces régulières de l’armée syrienne se concentrent autour de la capitale. Le week-end dernier, de nombreux obus de mortier se sont ainsi abattus sur plusieurs quartiers de Damas, à proximité de l’état-major de l’armée, sur la place des Omeyades, ainsi que près de l’ambassade de Russie, dans le quartier de Mazraa. Les quartiers de Fahamé, qui abritent des centres de sécurité, ainsi que ceux de Tabbalé et Doueilaa, au sud est de Damas, ont été également ciblés. Des obus sont aussi tombés sur l’Opéra de Damas, faisant des victimes. Selon l’agence de presse officielle, Sana, pas moins de dix-sept obus ont été tirés sur Damas et ses environs, des attaques attribuées aux «terroristes», selon les termes du régime.
Les combats se sont notamment concentrés à Mleiha, à l’est de la capitale, où la rébellion a enregistré des pertes sévères avec trente-neuf tués. Cette localité est la cible de l’armée loyaliste depuis près de six mois et fait partie de son objectif de reprendre les bastions rebelles de la Ghouta orientale. Proche de la banlieue de Jaramana, déjà tenue par le régime, Mleiha est bombardé intensivement par les chars et avions de l’armée syrienne, qui tentait d’y pénétrer.
Dans le nord ouest du pays, c’est aux alentours de Babouline, dans la région d’Idlib, que les combats se concentrent. Cette localité a, en effet, été prise par des combattants de l’opposition, qui resserre ainsi son étau autour de Wadi Deif, une des dernières bases importantes de l’armée régulière dans la région.
D’autres combats féroces se poursuivent dans la région de Lattaquié, fief du clan alaouite d’Assad. En jeu, la colline stratégique dite Observatoire 45.

 

«Je ne suis pas Ianoukovitch»
Par ailleurs, le prêtre jésuite néerlandais, Frans van der Lugt, 75 ans, a été assassiné dans la ville de Homs, par des hommes armés. Le religieux avait refusé à plusieurs reprises de quitter la ville, où il résidait depuis plusieurs décennies, dans des quartiers tenus par les rebelles. A Homs toujours, au moins vingt-neuf rebelles ont été tués par l’explosion d’une voiture piégée dimanche. Dans le même temps, Washington serait en train de peaufiner un nouveau plan d’aides aux rebelles, visant à en livrer davantage aux rebelles modérés situés sur le long de la frontière syrienne, du côté de la Jordanie.
Sur le plan politique, Bachar el-Assad semble plus que jamais confiant, si l’on en croit ses dernières déclarations, relayées par l’ancien Premier ministre russe Sergueï Stepachine, à l’agence de presse Itar-Tass lundi. Stepachine, qui dirige désormais une organisation caritative orthodoxe, avait rencontré le président syrien la semaine dernière à Damas. «A ma question sur l’évolution des questions militaires, Assad a répondu: ‘Cette année, la phase active de l’action militaire s’achèvera. Après cela, nous devrons nous tourner vers ce que nous avons toujours fait – combattre les terroristes’», a-t-il indiqué. Le président syrien aurait aussi déclaré que «le projet de l’islam politique avait échoué». Selon Stepachine, Assad lui aurait aussi demandé de transmettre à Vladimir Poutine le message suivant: «Dites (lui) que je ne suis pas (l’ex-président ukrainien Viktor) Ianoukovitch et que je ne m’en irai pas». Stepachine a, en outre, salué «l’esprit combatif» de l’armée syrienne.
Des déclarations qui viennent en écho avec celles du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, au quotidien as-Safir lundi (voir encadré). Le sayyed a estimé dans cette interview que le régime Assad «ne risque plus de tomber» et que la Syrie a échappé «au danger de la partition». «Ils ne peuvent pas renverser le régime, mais ils peuvent mener une guerre d’usure», a-t-il souligné.

Jenny Saleh

L’attaque de Chébaa revendiquée
Dans as-Safir, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a revendiqué l’opération menée mi-mars dans le secteur des fermes de Chébaa, contre une patrouille de l’armée israélienne. Un engin explosif avait été activé, entraînant une riposte de l’armée israélienne qui avait tiré une dizaine d’obus. «Il s’agit d’une partie de notre riposte au raid israélien, le 24 février, contre une position de la Résistance dans la région de Janta, dans la Békaa», a déclaré Nasrallah. Selon lui, «si la Résistance n’avait pas réagi au raid de Janta, l’ennemi aurait pu attaquer à l’avenir n’importe quelle cible ou maison sous prétexte de viser des armes qualitatives», a-t-il ajouté.

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