Les chiffres sont éloquents. Il n’est plus besoin de rappeler la délicate situation sociale et économique du pays que nul n’ignore. A ce problème se greffe la présence officielle de plus d’un million de réfugiés syriens. En 2013, selon la Banque mondiale, le Liban devait créer 23 000 emplois, mais les problèmes que connaissent plusieurs secteurs, en marge du coût de la grille des salaires, sont de plus en plus nombreux.
Les parents des élèves, inscrits dans les écoles privées, avaient protesté contre l’adoption de la grille des salaires dont les répercussions sur l’écolage de leurs enfants sont inévitables. Selon une étude du Centre d’études et de projets pour le développement, faite en 2013, les coûts de ces scolarités peuvent valoir environ 20% du revenu des parents. Qu’en sera-t-il après la hausse des salaires qui ne peut qu’être accompagnée de celle de la scolarité?
Selon cette même étude, le taux d’analphabétisme frôle à peine 1% dans la catégorie des jeunes de 15 à 24 ans autant chez les hommes que chez les femmes. Ce taux pourrait passer à zéro pour une seule génération, si le taux de scolarisation reste constant. Les filles affichent un taux plus élevé dans les classes complémentaires et secondaires, ainsi qu’au niveau universitaire.
Le taux des femmes qui font partie de la population active a augmenté de 15% entre 1996 et 2004, de 57% dans la catégorie «cadres supérieurs» et de 100% dans la catégorie «spécialisation». Le taux de chômage, des jeunes de 15 à 24 ans, est plus de six fois supérieur au taux de chômage des jeunes de plus de 25 ans.
L’âge moyen du mariage
Ces chiffres influent directement sur les autres aspects de la vie sociale. Ainsi, les jeunes diplômés qui peinent en vain plusieurs mois pour trouver un travail même à un salaire moyen ne peuvent pas se marier et encore moins fonder une famille, d’autant plus que le prix des appartements et des maisons et celui des loyers ne facilitent pas l’achat ou la location d’un appartement. Cela en dépit de l’essor que le secteur de l’immobilier connaît ces dernières années. Il faut prendre en considération la hausse des loyers alarmante due à la demande accrue des Syriens cherchant un abri au Liban.
Il s’est ainsi avéré que l’âge moyen du mariage est de 29 ans pour les femmes et de 32 ans pour les hommes. Des chiffres qui comptent parmi les plus élevés du monde. Le taux des divorces a, lui, doublé depuis 1970, tout en restant inférieur à celui enregistré en Occident ou même dans la plupart des pays arabes.
Les Libanais quittent donc de plus en plus le pays et émigrent vers des horizons plus cléments. Les estimations sont alarmantes. Plus de 35 000 Libanais partent chaque année, et 80% d’entre eux ont moins de 40 ans. Ces Libanais cherchent à trouver refuge dans d’autres pays, à s’y intégrer et la majorité d’entre eux n’envisagent pas d’y revenir. Le Liban perd de plus en plus ses jeunes.
Selon une étude de l’Administration centrale des statistiques, entre 2004 et 2009, plus de 6,3% des foyers libanais ont vu au moins un de leurs membres partir en quête d’un emploi. La majorité d’entre eux étaient des hommes provoquant ainsi un certain déséquilibre, comblé plus tard par une vague d’émigration chez les femmes.
48,4% des émigrés ne trouvaient plus d’emploi avant leur départ, mais 51,5% d’entre eux exerçaient plusieurs emplois. Environ 40% sont dans les pays arabes pour travailler. Ceux-là donc reviendront un jour au pays. Les autres sont dispersés un peu partout dans le monde: 19,7% ont choisi l’Europe, 19,5% les Amériques, 12,1% l’Afrique, 7,6% l’Australie et 0,7% l’Asie.
Arlette Kassas
Les chiffres parlent
Selon une étude de l’Administration centrale des statistiques, 44,1% des émigrants ont entre 25 et 34 ans, 33,2% moins de 24 ans, 13,1% entre 35 et 44 ans et 9,5% plus de 45 ans. Près de 66% des émigrants sont partis à la recherche d’un emploi, 16% pour des raisons familiales, 10,9% pour poursuivre leurs études à l’étranger et 4,7% pour se marier.